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Ces outils d’IA promettent de vous faire mieux travailler pour le meilleur ou pour le pire ?

Des entreprises développant des outils d’IA pour le bureau promettent qu’elles peuvent aider les travailleurs à augmenter leurs ventes et à réduire leur stress. Mais certains salariés s’inquiètent de la collecte des données et de la protection de la vie privée.

Imaginez : en rentrant de week-end, votre boss vous présente, un lundi matin, un outil magique : une intelligence artificielle qui, au bureau, permettrait de lutter contre l’épuisement professionnel, le stress, et qui stimulerait votre productivité en vous suivant au quotidien. Comment réagiriez-vous ? Difficile de ne pas immédiatement penser à Big Brother surveillant la moindre de votre activité. Pourtant, des entreprises n’ont pas hésité à se lancer dans ce secteur d’outils de travail, destinés aux salariés d’entreprise, rapporte le Washington Post, le mercredi 7 juin.

Ces entreprises estiment que leurs outils peuvent améliorer les compétences, le bien-être et les liens sociaux des salariés. C’est ce qu’a constaté Amit Bendov, cofondateur et PDG de Gong, qui explique qu’en 2015, son entreprise a lancé une plateforme d’IA pour « surveiller et accompagner les salariés tout au long du processus de vente ». Au début réticents, les travailleurs ont finalement changé d’avis lorsqu’ils se sont aperçus que l’outil pouvait leur être utile, explique l’homme d’affaires. « Une fois qu’on s’y est habitué, on ne peut plus revenir en arrière. C’est comme revenir à la vaisselle à la main », ajoute-t-il.

Outils de suivi de vente, de santé

Ce type de logiciel de suivi de vente serait particulièrement utilisé chez les commerciaux, exposent nos confrères. Il permettrait aux vendeurs de mieux s’organiser en hiérarchisant leurs tâches, en rédigeant des suivis, en fournissant aussi un retour d’information sur les meilleures stratégies adoptées dans le passé, lorsque des contrats ont été remportés. Plus qu’un outil de suivi des affaires en cours, le logiciel permet aussi d’indiquer si, lors d’un rendez-vous, les bonnes questions sont posées, si une affaire est sur le point de tomber à l’eau… En somme, l’outil est présenté comme permettant aux vendeurs de s’améliorer, notamment dans leurs interactions avec les clients.

Autre type d’outil déjà utilisé dans certaines entreprises, mais cette fois dans le secteur du bien-être : Pulse, de Fierce, qui permet de surveiller le rythme cardiaque de certains employés. Il est possible de l’intégrer à son calendrier pour aider la personne concernée à identifier des situations de stress – éléments qui ne sont pas consultables individuellement par l’employeur, précisent nos confrères.

Des IA qui détectent la déconnexion

Certains outils vont même plus loin, en expliquant qu’ils étaient capables de « détecter la déconnexion » de certains salariés, c’est-à-dire le moment où un travailleur envisage de quitter l’entreprise. Glue propose ainsi aux ressources humaines « d’identifier et d’offrir un recours aux personnes qui se sentent moins liées à leurs collègues ou à l’organisation », écrivent nos confrères. L’outil surveillerait les communications sur les applications de travail telles que Slack et Google Calendar, ainsi que les promotions et les rémunérations, avec en parallèle, des enquêtes menées sur le terrain.

Ces outils entraînent, au sein de l’entreprise, un véritable changement de perspective, explique Darrell West, chercheur au Centre pour l’innovation technologique de la Brookings Institution interrogé par nos confrères. Alors qu’avant il fallait « faire de la lèche au patron, aujourd’hui, il faut faire de la lèche à l’ordinateur, à la caméra et au casque de réalité virtuelle », résume-t-il . Pour une membre d’une ONG de Portland, ces outils sont loin d’être positifs, ils peuvent provoquer de l’anxiété et ralentir, au contraire, la productivité d’une personne qui se sentirait trop surveillée. En plus de poser de sérieuses questions quant à la protection de la vie privée et des données personnelles, « la technologie ne va pas résoudre les problèmes de motivation et de bonheur », estime une indépendante interrogée par nos confrères. « Ce sont les gens qui le feront », ajoute-t-elle.

Pour d’autres, tout serait une question d’équilibre. Si, dans certains cas, l’employeur peut légitimement « surveiller » ses employés – à un moindre degré, notamment pour des raisons de sécurité, pousser le curseur trop loin dans la « surveillance » pourrait se retourner contre lui. Pour Aaron qui accepterait d’utiliser ce type d’outils, il faut que l’employeur et le travailleur trouvent un terrain d’entente acceptable. Reste à savoir lequel.

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Source : The Washington Post


Stéphanie Bascou