Kodak aurait-il trouver un moyen de renaître de ses cendres ? La société photographique historique créée en 1888 profite en effet du CES de Las Vegas pour lancer sa propre cryptomonnaie, le KodakCoin. A l’image du bitcoin, deux principes généraux en émergent.
Le premier vient de l’utilisation que l’on pourra en faire. Pour cela, Kodak propose d’utiliser le système de la blockchain pour gérer les droits photographiques de chaque cliché. La blockchain agirait ainsi en tiers de confiance pour attribuer chaque photo au bon photographe et lui reverser ses royalties. Un équivalent de ce principe est actuellement étudié par Spotify pour gérer les droits – très complexes – du streaming. Les photographes seraient ainsi payés en KodakCoin.
Plus de 9 000 dollars promis par an
L’autre volet de cette initiative est l’offre Kodak KashMiner destinée à miner du KodakCoin, comme beaucoup le font désormais avec le Bitcoin. La société propose ainsi aux professionnels ou aux particuliers de louer une machine dédiée à cette tâche : la HashPower. Pour une somme initiale de 3 400 dollars et un engagement de deux ans, on peut bénéficier de sa machine personnelle pour miner du KodakCoin.
Here’s a photo of Kodak’s magic money making machine. pic.twitter.com/wjWeJqMUBF
— Chris Hoffman (@chrisbhoffman) January 9, 2018
Kodak garantit que son client recevra 9 125 dollars par an sur les deux ans, si le KodakCoin atteint les 14 000 dollars. Soit peu ou prou ce que vaut le Bitcoin à l’heure où ces lignes sont rédigées. Kodak prélèvera ensuite 50 % de la cryptomonnaie minée, mais paiera l’assurance, la maintenance et surtout l’électricité consommée par les machines installées dans ses anciennes et immenses usines de Rochester dans l’Etat de New York.
La valeur de Kodak triple en bourse
Cette réinvention imaginée par Kodak a immédiatement séduit les investisseurs. Le titre de la société a ainsi triplé à la bourse de New York, faisant bondir d’autant la valeur de l’entreprise. Alors qu’elle affichait une capitalisation boursière de 135 millions de dollars ce lundi 8 janvier, sa valeur est, ce 11 janvier, de 455 millions de dollars.
Opération réussie pour Kodak alors ? Les choses ne sont pas si simples. Suite à ces annonces, de nombreuses critiques ont été émises de toute part. Les photographes, tout d’abord, ne sont pas spécialement friands d’être payés en cryptomonnaie pour leur travail. Qui plus est avec du KodakCoin, inconnu pour le moment et dont la valeur et la confiance restent à établir. A l’heure où la photographie est un métier de plus en plus précaire, rien ne vaut de l’argent sonnant et trébuchant dans sa poche ou sur son compte en banque.
« In math we trust », vraiment ?
Mais c’est surtout le minage qui en prend pour son grade. Malgré le « In math we trust » (Dans les maths nous croyons) proclamé sur la plaquette d’information, beaucoup pensent que l’initiative de Kodak a tout d’une arnaque, consciente ou pas, de la société. « C’est la m**** la plus idiote que je n’ai jamais vue lors du CES », explique ainsi le journaliste Chris Hoffman, photos de la documentation à l’appui.
Kodak is selling a Bitcoin miner where you pay for a two year contract and “make a profit”. (*at current prices, Kodak gets half of all bitcoin you produce.) This is the dumbest shit I’ve ever seen at CES. pic.twitter.com/rbzECVEMn7
— Chris Hoffman (@chrisbhoffman) January 9, 2018
De son côté, Laz Alberto, employé d’une société spécialisée dans le minage de bitcoin, explique à quel point la stratégie de Kodak semble simpliste : « Je ne peux pas compter les heures passées à établir des feuilles de calcul complexes, à modéliser les fluctuations de prix, à explorer des solutions d’énergie verte. […] L’initiative de Kodak est en fait insultante. Ne leur donnez pas d’argent, s’il vous plait ».
https://twitter.com/LazAlberto/status/950873357154639872
Kodak est-il visionnaire ou les professionnels du secteur sont-ils trop frileux face à cette innovation ? Si la balance penche plutôt du côté des seconds, les mois prochains seront capitaux pour que Kodak démontre à tout le monde qu’il avait raison. Ou qu’il échoue dans les grandes largeurs.
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