Une nouvelle guerre technologique sino-américaine est-elle en train de se préparer ? On pourrait le penser à la découverte d’un drôle de processeur appelé KaiXian KX-6780A. Le problème de cette puce ? Elle n’est ni produite par Intel, ni par AMD, mais par une entreprise chinoise appelée Zhaoxin qui est pilotée par le gouvernement local de Shanghai. Une entreprise chargée par le gouvernement chinois de réduire la dépendance de l’Empire du Milieu aux technologies étrangères.
Alliée avec le taïwanais VIA, Zhaoxin est capable de produire un vrai processeur moderne, le KX-6780A. Il s’agit d’une puce à huit cœurs gravée en 16 nm intégrant 8 Mo de mémoire cache L2, un processeur graphique compatible Direct X 11.1 et qui gère le PCIe, la DDR4, etc.
Comme un processeur « normal » en sorte. En conséquence de quoi, on commence à le trouver vendu avec des cartes mères de makers sur des sites comme Taobao, des sites qui peuvent expédier à l’international.
Et c’est là que cela commence à coincer.
Car si cela fait un moment que des processeurs x86 sont développés et produits en Chine, tout cela se fait dans une grosse zone de flou juridique. Car sur le papier, ce processeur semble bien illégal…
Un processeur illégal ?
L’architecture x86 – on dit aussi « l’ISA x86 » – n’est pas un standard ouvert et gratuit, mais la propriété d’Intel. Comme pour ARM, il faut qu’un concepteur de processeurs soit détenteur d’une licence. Mais contrairement à ARM, Intel ne vend pas de licence x86. Seuls son concurrent américain AMD et une entreprise taïwanaise, VIA, ont le droit de développer des puces x86.
VIA, qui a récupéré la licence avec l’accord d’Intel, n’a théoriquement pas le droit de la transférer. Les restrictions autour de cette licence sont telles, que si AMD était rachetée demain, l’acquéreur devrait trouver un accord avec Intel pour continuer à faire des processeurs !
Zhaoxin et VIA marchent donc sur des œufs dès lors que les puces vont commencer à arriver sur le marché international. Si Intel n’a pas vraiment les armes pour s’en prendre à la Chine quand elle développe des processeurs pour ses serveurs domestiques (civils et militaires), l’entreprise a le bras assez long pour enclencher des batailles juridiques dans de nombreux pays.
Le gouvernement US veille (aussi) au grain
Dans le cas où la situation dégénère, le géant des semi-conducteurs a un ami : le gouvernement américain. Le gouvernement de Donald Trump, farouchement anti-chinois, fait déjà la misère à Huawei. De manière générale, les autorités américaines sont toujours attentives aux transferts de technologies indépendamment de la couleur du gouvernement. C’est d’ailleurs sous leur pression que AMD a mis un terme à son partenariat avec des acteurs chinois en les laissant développer une version maison de sa puce pour serveur EPYC qui intégrait une partie dédiée à la cryptographie. Ces même pressions ont aussi mis un terme aux ambitions de la Chine en matière de développement de DRAM domestique.
Pour l’heure, Intel laisse gentiment faire. Contacté par nos soins, à plusieurs reprises ces derniers mois à chaque fois que nous découvrions une nouvelle puce chinoise, Intel n’a pas souhaité faire de commentaire.
Des portes de sortie existent, comme l’attribution officielle d’une licence à Zhaoxin, l’acceptation officielle du partenariat avec VIA, etc. Mais le statu quo actuel pourrait aussi se transformer en terrain de bataille si les Américains estiment le x86 stratégique et que le ton se durcit entre les deux pays.
Source : Anandtech
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