Quand on parle de smartphones, on a parfois l’impression d’être dans un monde immuable. Il y a l’écosystème dominant (Android) et l’écosystème élitiste (iOS), et puis c’est tout. Jusqu’à présent, toutes les tentatives de briser ce duopole ont échoué : webOS, Bada OS, MeeGo, Firefox OS, Blackberry 10, Ubuntu Touch… Le dernier à jeter l’éponge est Microsoft qui vient d’enterrer définitivement Windows Mobile. Seul Samsung continue d’y croire (un peu), avec son système Tizen.
Purism, un petit fabricant de San Francisco, veut désormais se lancer dans la bataille avec Librem 5, un smartphone GNU/Linux, particulièrement sécurisé et open source. Fin août, la société – qui propose déjà des PC portables et des tablettes – a lancé une campagne de crowdfunding pour financer le développement de ce nouvel appareil. Et cet appel au peuple vient de dépasser l’objectif financier qui était fixé à 1,5 million de dollars. Le fournisseur va donc pouvoir démarrer son projet.
Basé sur Debian
L’objectif du Librem 5 est de proposer une alternative 100 % libre et open source dans le monde des smartphones et de susciter la création d’un écosystème de développement ouvert, loin des silos applicatifs de Google et d’Apple. L’appareil sera basé sur PureOS, un dérivé du célèbre système libre Debian.
Le système est résolument orienté sécurité et protection des données personnelles. A ce titre, il dispose d’un navigateur baptisé PureBrowser qui intègre les fonctions de routage en oignon (Tor Browser), de recherche sans ciblage comportemental (DuckDuckGo), de connexion sécurisée (HTTPS Everywhere) et le blocage publicitaire (EFF Privacy Badger).
Les fonctions de téléphonie et de messagerie instantanée s’appuieront sur Matrix, un système de communication open source capable d’assurer un chiffrement de bout en bout. Au niveau de l’interface graphique, Purism souhaite pouvoir proposer à la fois Gnome et Plasma Mobile, une version mobile de KDE.
Côté matériel, le Librem 5 supportera tous les standards mobiles, de la 2G à la 4G/LTE. L’appareil devrait s’appuyer sur une puce ARM du fabricant NXP (i.MX6 ou i.MX8), un écran 5 pouces Full HD et 3 Go de RAM. L’aspect le plus original sera peut-être le killswitch, matériel qui permettra de déconnecter l’appareil photo, le microphone ainsi que les connexions Wi-Fi/Bluetooth/cellulaire. Un must pour tout libriste paranoïaque qui se respecte.
Autre fonctionnalité intéressante : l’utilisateur pourra brancher le téléphone sur un écran de bureau et travailler en mode desktop au moyen d’un clavier et d’une souris.
Mais tout ceci ne sont évidemment que des hypothèses de travail. Le design de l’appareil ne vient que de commencer. Si tout se passe bien, les premiers terminaux devraient sortir en janvier… 2019. C’est-à-dire dans un an et demi. Les fans de logiciels libres devront donc prendre leur mal en patience. Le prix du téléphone devrait tourner autour de 600 dollars… ce qui semble raisonnable.
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