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Bruxelles va pour la première fois financer des achats conjoints d’armes des 27

C’est une première : l’Union européenne va financer des achats d’armes communs des États-membres, en majorité destinées à l’Ukraine, alors que le soutien des États-Unis dans la défense de l’UE pose question après la réélection de Donald Trump. La Commission européenne a annoncé financer à hauteur de 600 millions d’euros plusieurs projets d’acquisition d’armes, dont le système de défense aérienne à courte portée Mistral.

« L’Union européenne doit se reprendre en main » : après l’élection de Donald Trump à la Maison-Blanche, les appels à relancer la Défense européenne se sont multipliés à Bruxelles, à l’image de cette phrase lancés par Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne le 13 novembre dernier, devant le Parlement européen. Vingt-quatre heures plus tard, la Commission européenne a approuvé le financement de « cinq projets transfrontaliers visant à soutenir des marchés publics de défense plus coordonnés et plus efficaces entre les États membres de l’UE ».

Si Bruxelles avait déjà financé des achats d’armes pour aider l’Ukraine, elle l’avait fait via un instrument en dehors de son budget. Cette fois, « nous utilisons le budget de l’UE pour soutenir les États membres dans l’achat conjoint » d’armes, une première, a reconnu Margrethe Vestager, la vice-présidente de la Commission européenne, dans le communiqué de la Commission. L’Europe a franchi une « étape importante dans la coopération en matière de défense », a déclaré de son côté Ursula von der Leyen, à la tête de l’exécutif européen.

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« Aujourd’hui, nous finançons cinq projets d’approvisionnement en systèmes de défense aérienne et antimissile, en véhicules blindés et en munitions. Ils impliquent 20 pays de l’UE œuvrant pour une industrie de défense plus forte », a-t-elle ajouté sur son compte X. Ces armes seront en majorité envoyées en Ukraine.

Défense antiaérienne et antimissile, munitions, véhicules blindés…

Cette annonce s’inscrit dans un contexte de doute sur le maintien de la garantie de sécurité américaine sur le Vieux continent, après la réélection de Donald Trump. Concrètement, les cinq projets sélectionnés recevront en tout 300 millions d’euros, détaille le communiqué de la Commission. Bruxelles a décidé de financer l’acquisition de systèmes de défense antiaérienne et antimissile à très courte portée – il s’agit du projet MISTRAL de MBDA, auquel participent la France et huit autres pays de l’UE.

Le projet JAMIE (pour «Joint Air Missile Defence Initiative in Europe») consiste à acheter des systèmes de défense aérienne à moyenne portée IRIS-T SLM de Diehl, par six États membres (dont l’Allemagne et la Bulgarie). Selon Bruxelles, il s’agit de systèmes de protection contre les menaces aériennes telles que les avions de combat, les hélicoptères d’attaque et les systèmes aériens sans pilote. L’Europe investit aussi dans l’achat de véhicules blindés modernes par quatre pays dont l’Allemagne, la Finlande, la Lettonie et la Suède. La Commission précise enfin que deux autres projets d’achats de munitions d’artillerie de 155 mn sont concernés.

L’Europe à la recherche de fonds pour rebooster son industrie de la Défense

La question de la relance et du financement de la Défense européenne est âprement discutée depuis des mois. Dans un rapport remis le 30 octobre dernier à la Commission européenne, l’ancien président finlandais Sauli Niinistö invitait l’exécutif européen à trouver d’autres moyens de financement pour la développer, en impliquant par exemple le secteur privé. Comme l’explique Contexte ce vendredi 15 novembre, le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères a proposé d’utiliser, de son côté, les avoirs gelés russes.

En mars dernier lors de la présentation d’un plan de réindustrialisation visant à reconstruire l’industrie de Défense européenne, Thierry Breton, alors commissaire européen au Marché intérieur en charge de ce secteur, expliquait « qu’aujourd’hui, l’augmentation de notre base industrielle de défense est un objectif existentiel ». D’ici à 2030, les 27 devront acquérir collectivement au moins 40 % de leur matériel de défense, avec la moitié des dépenses destinées à des armes fabriquées en Europe.

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Source : Communiqué de la Commission européenne


Stéphanie Bascou
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