Game Over pour Craig Wright. Dans un message laconique posté sur son site web, celui qui a prétendu être le créateur de Bitcoin vient de dire adieu à Internet. Titré « je suis désolé », le texte sonne presque comme un aveu : non, Wright n’est certainement pas le mystérieux Satoshi Nakamoto, le génial cryptographe dont la technologie a les moyens de révolutionner l’économie.
Voici une traduction du texte en question :
« Je pensais pouvoir le faire. Je pensais pouvoir mettre des années d’anonymat et de dissimulation derrière moi. Mais après les événements de cette semaine et alors que je me préparais à publier la preuve que j’avais accès aux premières clés, j’ai flanché. Je n’ai pas le courage. Je ne peux pas le faire.
Quand les rumeurs ont commencé, mes compétences et ma personnalité ont été attaquées. Quand ces allégations ont été démenties, de nouvelles allégations sont apparues. Je sais désormais que je ne suis pas assez fort pour les supporter.
Je sais que cette faiblesse causera du tort à ceux qui m’ont défendu, particulièrement Jon Matonis et Gavin Andresen. Je peux seulement espérer que ni leur honneur ni leur crédibilité ne seront irrémédiablement entachés par mes actions. Ils n’ont pas été trompés, mais je sais désormais que le monde ne le croira jamais désormais. Je peux seulement dire que je suis désolé.
Et au revoir. »
Les fausses preuves de Wright
Ce message met fin à plusieurs jours d’intense polémique. Lundi 2 mai, plusieurs médias influents, dont la BBC et The Economist, publient des interviews de Wright, qui l’annonce clairement : il est bel et bien le créateur de Bitcoin et a enfin décidé de sortir de l’ombre.
Wright a bien préparé sa comm’. Il montre aux journalistes qu’il est en mesure de « signer » un message avec une clé cryptographique qui ne pouvait, selon lui, n’appartenir qu’à Satoshi. Et en fait aussi la démonstration à deux acteurs éminemment respectés du monde Bitcoin, Gavin Andresen et Jon Matonis, qui s’empressent de valider la nouvelle : oui, Wright est bel et bien Satoshi !
C’était sans compter sur les fins limiers du web. Car très vite, de nombreux experts contestent la démonstration effectuée par Wright. Ils montrent, tutoriels à l’appui, que l’australien n’a rien prouvé du tout : il a en fait réalisé un brillant tour de passe-passe en mesure de faire croire à des non-experts en cryptographie qu’il était bien Nakamoto.
Le 3 mai, devant les critiques grandissantes, Wright promet alors sur son blog qu’il va fournir une nouvelle « preuve extraordinaire » en transférant des Bitcoin avec une clé cryptographique que seul Satoshi pouvait détenir. Las ! La suppression de son blog et le message qu’il vient de publier viennent de doucher tous les espoirs de ceux qui y croyaient encore.
Andresen et Matonis, qui lui ont servi de caution, sont restés depuis bien discrets. Le premier a tout de même reconnu qu’il avait fait une erreur en écrivant que Wright était bel et bien Nakamoto avant d’en avoir la preuve formelle. Le second s’est fendu d’un tweet étrange en forme de demi-aveu, dans lequel il explique que Wright n’offrira pas la preuve promise… Mais qu’il n’y aurait jamais non plus « d’autre Satoshi ».
There won't be an on-chain signing from early bitcoin blocks, but there also won't be another Satoshi.
— Jon Matonis (@jonmatonis) May 5, 2016
L’un des plus grands mystères de l’internet demeure donc entier, et ce n’est peut-être pas plus mal comme ça !
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