Les cartes graphiques ARC, enfin une (vraie) bonne affaire pour les joueurs qui ne veulent pas mettre un SMIC dans leur GPU ? C’est ce qu’espère prouver Intel avec deux annonces concernant sa carte ARC 750 8 Go, le « champion » de sa première génération de cartes graphiques pour joueurs. Après un début de carrière entaché par des retards de calendriers, des soucis de drivers, un prix de départ un peu plombé par l’inflation et les soucis inhérents au lancement de n’importe quelle nouvelle catégorie de produit, l’ARC 750 veut se révéler.
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La première bonne nouvelle tient dans le positionnement tarifaire qui passe de 299 $ HT à 249 $ HT – une baisse globale, mais dont l’effet va mettre un peu de temps à se diffuser selon les pays. Cette baisse devrait permettre à la carte de se placer en dessous de 300 € en France hors promotions – on la trouve déjà parfois aux alentours de 290 €. A ce prix, elle offre d’excellentes performances dans les jeux Direct X12. Mais ce tarif pourrait être encore plus intéressant grâce à la seconde annonce. Intel a en effet travaillé d’arrache-pied à développer de nouveaux drivers pour les vieux jeux : les 4091 (1). Et a ainsi comblé une faille majeure de ses cartes graphiques, à savoir la compatibilité avec les vieux jeux.
Des performances DirectX 9 qui explosent
Le talon d’Achille des GPU d’Intel est leur modernité. Embarquant une microarchitecture développée aux petits oignons pour DirectX 12 Ultimate, des unités matérielles de ray-tracing et autres raffinements comme un moteur multimédia performant, les puces ARC 750 et 770 ne pouvaient pas développer leur puissance dans les anciens jeux basés sur Direct X9. Si les titres restaient largement jouables, les cartes ne pouvaient soutenir la comparaison avec les GeForce ou les Radeon dont les drivers ont profité d’années de peaufinage.
Cette maturation de ses drivers est le fruit d’un travail acharné des ingénieurs, qui sont allés arracher au forceps les images par seconde manquantes. En travaillant sur les titres les plus importants de la génération DX9 avec ses nouveaux drivers estampillés 4091. Comme The Elder Scrolls V : Skyrim, qui voit son nombre d’images par seconde augmenter de 77 % par rapport aux drivers 3490 du lancement. Même gain de +77 % pour le jeu CS:GO et un autre gain de 71 % pour son « frère de moteur », Half Life 2 +71%), lui aussi basé sur le moteur Source de Valve. On notera aussi 45 % d’images par seconde en plus pour le très important League of Legend.
Ces gains « bruts » sont accompagnés d’une meilleure latence à la création de trame (le temps qu’il faut au système pour créer les images, qui varie parfois énormément selon la complexité des trames). Selon les mesures de performances d’Intel, le gain moyen des drivers 4091 lancés aujourd’hui de +42 % d’images par seconde et une latence améliorée de 60% avec les jeux annoncés par rapport aux drivers d’origine. Petit (gros) détail qui a tout de même son importance : les mesures de performances sont ici basées sur une machine équipée d’un Core i9. Il reste à voir dans quelle mesure la nature (et la puissance) de votre processeur influe sur les gains. Toujours est-il qu’Intel semble avoir ici un double avantage sur la RTX3060 12 Go de Nvidia. La reine des cartes graphiques pour joueurs qui est à la fois moins puissante dans la grande majorité jeux. Et qui s’affiche entre 400 et 500 €.
Des problèmes résolus, d’autres insolvables… mais le travail continue
Un problème n’a cependant pas été résolu : la consommation au repos de la carte. Si elle ne chauffe pas excessivement en plein usage, il a été noté par tous les testeurs qu’elle consomme davantage que ses concurrentes quand elle ne fait rien. « Il y a ici une limite causée par deux choses. D’une part, il faut absolument que l’utilisateur active l’ASPM (2) dans le BIOS de sa carte mère », explique Tom Petersen, fellow chez Intel (le plus haut grade des ingénieurs de l’entreprise). « Mais à partir d’une certaine taille d’écran, la bande passante nécessaire au rafraîchissement de l’image force l’activation d’une trop grosse portion de notre puce. C’est lié à la microarchitecture des GPU Alchemist et contre ça, nous ne pourrons rien faire de manière logicielle », explique très directement et honnêtement le cador des GPU et ancien de chez Nvidia.
Outre le fait que la consommation des cartes n’est pas non plus délirante – quelques dizaines de watts dans le pire des cas – cette erreur d’architecture va profiter aux futures cartes graphiques. Interrogé par 01net.com sur l’impact que son équipe a sur le développement de la prochaine et seconde génération de GPU « Battlemage », Tom Petersen ajoute « que c’est le côté positif de tous ces retours : nous avons de quoi influer sur les prochains GPU et oui, ce genre de défaut sera pris en compte. » Un ingénieurs qui explique que « vous pouvez faire tout ce que vous voulez dans le labo, rien ne vaut les retours d’utilisateurs. Il nous a fallu nous jeter à l’eau et corriger tout ce qui nous arrivait dessus. Pour DirectX 9, le gros du travail est désormais derrière nous. Il nous reste dorénavant à travailler sur l’interface de nos drivers ».
Là aussi, la communauté fait remonter son insatisfaction dans l’apparence en surimpression (on dit overlay) de ces drivers. Et là encore, Tom Petersen adopte un parler franc et simple : « ARC Control et son interface graphique n’ont rempli leur mission et n’ont pas répondu aux attentes des utilisateurs. Sachez que l’équipe travaille énormément pour les transformer et les améliorer. Je ne vous donnerais pas un calendrier de sortie pour ne pas décevoir. Mais là aussi, les améliorations et changements sont en cours et ils arrivent », assure l’ingénieur.
Par le passé, le doute sur ce genre de promesses était permis. Mais après avoir bien lancé ses cartes (alors qu’on le tenait démissionnaire), tenu ses objectifs en matière de prix et de dissipation thermique, tenu ses promesses technologiques (notamment en matière de jeux DX12 et ray-tracing) et corrigé la plupart des défauts de jeunesse (jeux DX9 notamment), Intel va bien lancer une nouvelle interface graphique de ses drivers. Et continuer à monter en puissance. Jusqu’à réussir à vraiment faire de l’ombre à Nvidia et AMD ?
(1) Les slides publiées mentionnent la pré-version des drivers 4091, les 4086. Les gains de performances devraient être, au pire, conservés. Au mieux, encore améliorées.
(2) : L’ASPM ou Active State Power Management est un mécanisme d’économie d’énergie pilotée par le contrôleur PCI Express de la machine. Dès que le trafic baisse ou cesse entre deux composants, ce système faire passer certains éléments de la machine en mode basse consommation.
EDIT du 1er février 2023 à 16h47 : la première version de cette article mentionnait les drivers 4086 en tant que nouveaux drivers, conformément aux slides d’Intel. Ils sont finalement publiés dans une version encore améliorée estampillée 4091.
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