Reconnaître son reflet dans un miroir est le propre de l’homme et de certains animaux. Mais y observer son cerveau est un privilège réservé à quelques chercheurs qui travaillent dans les labos de l’INRIA (Institut National de recherche en sciences du numérique). Et plus particulièrement celui d’Anatole Lécuyer, qui dirige à Rennes l’équipe Hybrid. Il vient de déposer un brevet pour protéger son tout dernier prototype : Mind-Mirror, un dispositif qui permet de visualiser son activité cérébrale en réalité augmentée.
La scène est encore plus saisissante que celle d’Hamlet s’interrogeant avec un crâne à la main. Un doctorant équipé d’un bonnet avec des électrodes regarde son cerveau face à un écran muni d’un film semi-réfléchissant qui fonctionne comme un miroir. Anatole Lécuyer lui demande de se concentrer. Aussitôt son cerveau se colore en rouge vif. Il est prié ensuite de se relaxer et immédiatement son cortex devient bleu. Il peut bouger la tête de droite à gauche, l’image de son cerveau suit tous ses mouvements et reste centré sur le haut de son visage. Troublant. « Ce qu’il y a de nouveau avec Mind-Mirror, c’est l’association de deux technologies : l’électro-encéphalographie et la réalité augmentée. Et c’est la première fois que l’on peut voir ainsi son propre cerveau », résume Anatole Lécuyer.
Le dispositif comporte un casque EEG (électro-encéphalographie), un écran d’ordinateur, une caméra 3D, en l’occurrence un Kinect de Microsoft, et une webcam pour voir l’arrière du cerveau à la manière d’un rétroviseur. L’activité électrique émise par des groupes de neurones est captée à la surface du cerveau par les électrodes. Elle est alors reconstruite en temps réel et projetée sur un modèle de cerveau virtuel au niveau de la tête de l’utilisateur.
Mais ce n’est pas tout. Ces résultats sont aussitôt interprétés grâce à des algorithmes capables de distinguer différents rythmes cérébraux et de les associer à un état. Ce qui se traduit à l’écran par les fameux changements de couleur observés lors de la démonstration.
Les applications possibles sont nombreuses, du divertissement à la recherche, en passant par l’éducation. Mais c’est le domaine médical qui devrait réserver le plus de débouchés. Notamment en ce qui concerne le Neurofeedback, une technique pour entraîner et développer l’activité de son cerveau. « Nous avons déjà commencé des tests cliniques à la Salpêtrière », souligne Anatole Lécuyer.
Troubles attentionnels, insomnie, dépression, rééducation motrice après un AVC, le Mind-Mirror pourrait devenir un outil thérapeutique dans de nombreuses pathologies. La start-up Mensia Technologies, spin-off de l’INRIA créé en novembre 2012, devrait commercialiser d’ici deux ans les premiers produits.
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