Décidément, Google cherche vraiment la provocation avec Amazon. Alors que la firme de Jeff Bezos avait déjà dévoilé en décembre 2013 son service expérimental de livraison par drones « Prime Air », le moteur de recherche vient d’annoncer à son tour un projet similaire. Baptisé « Project Wing », celui-ci a été dévoilé par une poignée de médias, dont un Français, Le Parisien, à qui Google a dévoilé cette information.
Ce projet a été lancé il y a deux ans au sein de Google X, le fameux centre de R&D du géant de l’Internet. Les premiers vols expérimentaux ont été réalisés en août dernier en Australie, où les drones ont été utilisés pour livrer des bonbons, de l’eau, des médicaments et de la nourriture pour chien à des fermiers de Queensland. Google a posté une vidéo de présentation qui montre quelques prototypes de ses drones effectuant ces livraisons.
Le prototype de Google a la forme « d’un grand triangle muni de quatre propulseurs mobiles », explique Astro Teller, dirigeant de Google X auprès du Parisien. « Il décolle à la verticale comme un hélicoptère puis ses moteurs s’inclinent et il vole comme un avion, rapidement et en consommant peu. Une fois arrivé à destination, il livre ses marchandises dans une boîte au bout d’un câble en restant en l’air. »
Les choix techniques sont donc légèrement différents de ceux d’Amazon. Les drones de ce dernier n’ont pas de propulseurs mobiles, mais s’appuient de manière classique sur quatre hélices verticales. Par ailleurs, la livraison s’effectue en atterrissant, et pas en vol par l’intermédiaire d’un câble.
Si Amazon avait précisé être capable de faire voler ses engins à plus de 80 km/h avec une charge de 2,2 kg de marchandises, Google ne donne pas de chiffre de performance pour l’instant. Il serait pourtant intéressant de savoir comment la firme a résolu (ou va résoudre) l’un des défauts majeurs des aéronefs à décollage et atterrissage verticaux, à savoir « une consommation de carburant très élevée dans les phases de décollage et d’atterrissage » (Wikipédia).
Pour les zones reculées ou les situations d’urgence
Autre différence : Google ne semble pas vouloir faire de ce projet un moyen de distribution pour les zones fortement urbanisées. Project Wing, qui devrait être testé sur le terrain « d’ici deux ans », pourrait répondre aux besoins des « zones où les infrastructures sont rares » mais également « en situation d’urgence, comme après un tremblement de terre ou un cyclone », explique Astro Teller.
L’efficacité écologique fait également partie de la réflexion autour de « Project Wing ». « Aujourd’hui, on utilise des automobiles qui pèsent plus de deux tonnes pour livrer des choses qui ne pèsent rien, c’est inefficace et cela génère de la pollution et des embouteillages. Si vous pouviez construire un véhicule qui vole, vous réduiriez tous ces inconvénients », souligne le dirigeant de Google X.
Mais Google, comme Amazon, devra surtout résoudre un problème majeur : la réglementation de l’espace aérien. Dans la plupart des pays, il est très difficile d’obtenir des autorisations de vols pour des drones à usage civil. En France, par exemple, il faut au minimum que l’engin soit accrédité par la DGAC et qu’il soit guidé par un pilote diplômé. Aux Etats-Unis, six zones de tests grandeur nature ont été ouvertes. Mais pour Amazon, ce n’est pas suffisant. En juillet dernier, le géant de l’e-commerce a demandé des autorisations pour tester ses drones dans le ciel américain, dans la perspective d’une mise en place opérationnelle pour 2015. Pour l’instant, Amazon a toujours un coup d’avance sur Google.
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