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Apple : l’abandon des puces Intel pour ses Mac se précise davantage

Au fil des mois, Apple introduit de nouvelles puces conçues en interne pour assumer des tâches centrales ou plus anecdotiques. Devenue un géant des « chips », la société de Cupertino pourrait franchir un nouveau cap et quitter Intel, avancent des sources industrielles.

La rumeur roule comme un tonnerre lointain depuis plusieurs années maintenant. On vous en parlait déjà en 2012, puis en 2014. Après avoir lié son destin à Intel en 2005, Apple travaillerait de plus en plus intensément à couper les ponts pour ses ordinateurs portables.

Le géant de Cupertino développerait des puces ARM dédiées pour animer ses MacBook, MacBook Air et Pro dans une volonté de continuer la course vers des machines toujours plus fines et plus autonomes. Le passage aux processeurs Intel avait été motivé par rien de moins, la question de l’enveloppe thermique, du ratio consommation électrique puissance, d’une roadmap plus maîtrisée et des coûts.  

Des sources industrielles ont confié au quotidien nippon Nikkei que la société californienne travaille au développement de processeurs centraux pour des portables. Intel est donc dans la ligne de mire. Il l’est même doublement puisque ces mêmes sources affirment que les équipes de Tim Cook développeraient actuellement des modems pour l’iPhone, ou au moins des puces capables de doper les performances de modems achetés à d’autres sociétés. Or, la firme de Santa Clara fournit certaines de ces puces depuis qu’Apple a pris quelques distances avec Qualcomm.

Déjà un géant des puces

Si on peut trouver des arguments techniques à opposer à des machines performantes sous puce ARM, il n’en reste pas moins que depuis le rachat de PA Semiconductor en 2008, qui aboutit à la création du premier CPU ARM maison, l’Apple A4, la firme californienne est devenue un monstre de la conception de puces en tout genre. Le point d’orgue le plus récent est indubitalement l’introduction de son premier GPU conçu en interne au cœur de l’A11 Bionic.

Mais il y a entre temps ces nombreuses puces moins glorieuses et médiatisées qui ont permis à Apple de contrôler de plus en plus étroitement le fonctionnement de ses machines. Des contrôleurs d’écran, des puces Bluetooth, des gestionnaires d’empreintes digitales, des capteurs de profondeurs de champs basés sur la technologie PrimeSense, etc.

Apple est devenu si gros qu’il occupait, fin 2016, la quatrième place des concepteurs de puces au niveau mondial par revenus, selon IC Insights, rapporte le quotidien japonais Nikkei. Tout juste devant Nvidia et derrière Qualcomm, Broadcom et Mediatek. Des entreprises qui le devancent à ce classement par revenus en partie parce qu’Apple leur commande chaque année pour des milliards de dollars de puces.

Ce classement pourrait d’ailleurs être appelé à changer, Apple a très récemment abouti à un accord pour intégrer le fonds d’investissement Bain Capital, qui vient de miser 17,7 milliards de dollars pour le rachat de la division mémoire de Toshiba.

La question du futur, de l’IA

Derrière cette course aux puces construites en interne se trouve donc la volonté de contrôle absolu des technologies et des performances. Cette intégration du logiciel et du matériel est une culture profondément ancrée chez Apple.
Néanmoins, cette stratégie, qui permet de se distinguer également de la concurrence qui utilise les mêmes puces, prend une nouvelle ampleur. Au seuil d’une longue bataille pour intégrer des services dopés à l’intelligence artificielle, il est essentiel pour tous les acteurs de maîtriser la chaîne complète qui va du matériel au logiciel en passant par la connexion.

Voilà sans doute également pourquoi Apple a coupé les ponts avec Imagination, dont les technologies servaient de base au design des GPU des iPhone, iPad et iPod touch. Si l’A11 Bionic intègre un réseau neuronal, il s’agit pour l’heure principalement d’une puce dédiée au traitement de l’image. Le vrai moteur à intelligence artificielle des nouveaux iPhone, c’est le GPU. Une puce qu’Apple a conçu de A à Z en interne et qui est chargée, grâce à la technologie maison Core ML (reposant sur Metal 2, l’API graphique maison également), d’assurer le fonctionnement des ensembles d’intelligence artificielle disponibles pour les développeurs.

Intel investit également dans des puces prêtes pour l’IA, mais les enjeux sont tellement importants qu’Apple pourrait avoir effectivement tout intérêt à internaliser cette partie stratégique du développement et à tourner le dos au passé récent de ses Mac. Une nouvelle transition qui ne sera pas sans conséquences pour Intel et pour Apple. Mais à l’heure où Microsoft et Qualcomm s’associent pour produire des PC portables ARM sous Windows 10, le pas à franchir ne paraît plus si insensé.

Source :
Nikkei

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La rédaction