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A Stanford, la réalité virtuelle est devenue du réel

01net a visité le laboratoire de réalité virtuelle de la prestigieuse université californienne. Nous avons pu tester un casque de réalité virtuelle à la pointe de cette technologie.

La curiosité suscitée par l’Oculus Rift témoigne de l’impatience entourant la réalité virtuelle. Premier produit grand public à véritablement maîtriser cette technologie, il prouve qu’elle n’est plus seulement cantonnée à la science-fiction.

Pour en savoir plus, 01net s’est rendu la semaine dernière sur le campus de la prestigieuse université de Stanford, au cœur de la Silicon Valley, pour visiter un laboratoire travaillant sur la réalité virtuelle. Bâti en 2002, il a entièrement été rénové en 2010 pour profiter des dernières innovations technologiques.

On est ici bien loin de l’Oculus Rift, dont le kit de développement est commercialisé pour 300 dollars. À lui seul, le casque mis au point par les chercheurs de Stanford coûte 45.000 dollars. Assez lourd, il est relié au plafond par plusieurs câbles.

Voler entre les buildings comme Superman

Le positionnement des deux lentilles (indépendantes pour créer l’effet 3D) est réglable afin de s’adapter à chaque visage. Les écrans sont de plus en haute définition. « C’est la différence entre 300 et 45.000 dollars », plaisante Cody Karutz, le responsable du laboratoire.

Sur le haut du casque, un capteur de mouvement est présent. Selon l’expérience, deux autres capteurs sont attachés sur les chevilles ou tenus dans les mains. Plusieurs caméras fixées sur les murs permettent de capter les mouvements et ainsi de les reproduire dans le monde virtuel.

Une fois le casque enfilé, la réalité virtuelle fait son effet. La pièce dans laquelle nous nous trouvons est fidèlement reproduite (on regrettera cependant les graphismes assez basiques qui nuisent quelque peu à l’immersion). Nous pouvons alors nous y balader librement. Aucune latence n’est perceptible.

Les premiers pas se montrent assez perturbants. D’ailleurs, deux personnes sont systématiquement à nos côtés au cas où. « Grâce aux progrès effectués sur les lentilles, nous avons pu limiter les effets secondaires, comme la désorientation », assure Cody Karutz.

Soudain, une trappe s’ouvre. Nous nous trouvons sur une poutre au-dessus du vide. Un regard à gauche, à droite, quelques premiers pas hésitants puis une chute : notre cerveau est complètement dupé.

Une autre expérience propose de voler, comme Superman, entre les buildings. Elle s’est cependant montrée moins convaincante, car beaucoup moins immersive. Peut-être parce que notre cerveau sait que cela n’est pas possible. Ou alors en raison des contrôles peu naturels (lever les bras pour monter, les baisser pour redescendre). Ou encore à cause de l’absence de conditions extérieures, comme le vent.

Plus globalement, les démonstrations que nous avons pu tester ont été extrêmement convaincantes. Et laissent entrevoir le potentiel de cette technologie.

Des applications de plus en plus concrètes

À Stanford, la réalité virtuelle est utilisée à des fins expérimentales. Une étude est en cours pour tester un traitement de l’agoraphobie (peur de la foule). Une autre tente d’influer sur les habitudes alimentaires en montrant au sujet des images de son avatar (parfaitement fidèle) mangeant de manière saine. Au terme, cela pourrait aussi traiter la dépendance au tabac, pronostique Cody Karutz.

Ailleurs, la réalité virtuelle dispose déjà d’applications beaucoup plus concrètes. L’armée américaine a ainsi lancé l’an passé une phase d’expérimentation portant sur l’entraînement de ses soldats.

De nombreuses entreprises sont aussi utilisatrices. Ford s’en sert pour concevoir et tester, plus rapidement et à moindre coût, l’habitacle de ses voitures. Les compagnies pétrolières et gazières forment, elles, leurs employés en toute sécurité.

« Les possibilités sont immenses », assure Luckey Palmer, le jeune PDG d’Oculus Rift qui prédit que, dans un futur proche, la réalité virtuelle formera policiers, pompiers ou chirurgiens, traitera les phobies, entraînera les apprentis conducteurs, sera utilisée par les cabinets d’architectes…

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Jérôme Marin (correspondant 01net à San Francisco)