Ah, le concours général agricole ! Créé au XIXe siècle, il passionne encore les foules qui se pressent chaque année au Salon de l’agriculture pour y assister. Au même moment, dans les allées du Parc des Expositions de la Porte de Versailles à Paris, on parle « agriculture 4.0 ». Très loin de l’image d’Epinal que le grand public a encore des exploitants agricoles, des initiatives se tournent résolument vers l’avenir et la high-tech.
A l’image du groupe coopératif InVivo qui vient de lancer un ambitieux projet. Créer d’ici 2020 un réseau de 1 000 « fermes numériques » destinées à expérimenter de nouveaux matériels et services. De véritables petits labos ruraux. Mais ce n’est pas tout. « L’idée, pour simplifier, c’est de barder les champs de capteurs pour acquérir des données, les partager et faire de la prédiction », nous explique Carole Rocca, responsable du projet.
Pour faire de la prédiction, il faudra connecter les fermes en réseau
Un millier d’exploitations en réseau, c’est la taille critique minimum qu’Invivo s’est fixé pour faire du big data. Car c’est seulement grâce à ce dernier que l’équipement high-tech pourra donner sa pleine mesure. Et Carole Rocca de citer l’exemple d’un agriculteur qui cherchait depuis 30 ans la date idéale pour le semis de ses betteraves. Avec sa station météo, il obtenait des informations sur sa situation à lui seul, laissant supposer que c’était le bon moment pour aller semer. Mais quand il arrivait sur le terrain, le sol n’était pas prêt. C’est en partageant ses données avec d’autres exploitants dans la même situation qu’il a trouvé la solution.
Une voie très prometteuse dans laquelle la France a probablement une carte à jouer : la grande variété de ses terroirs et de ses cultures devrait lui permettre d’élaborer de précieux modèles prédictifs.
Irrigation à distance et tracteurs autonomes
En attendant l’heure où toutes les fermes seront connectées, il existe déjà de nombreuses actions en faveur du numérique. La Ferme digitale, par exemple, est une association qui regroupe des start-up « agritech » qui veulent « promouvoir l’innovation et le numérique pour une agriculture performante et durable ». Dans son giron, Weenat, spécialiste de l’agronomie de précision. La société propose des solutions pour suivre la météo et pratiquer l’irrigation à distance. Plus besoin de se déplacer sur le terrain pour connaître l’impact d’un orage, l’agriculteur ajuste la quantité d’eau depuis son bureau et espace ainsi la fréquence de ses passages.
Faire gagner du temps aux exploitants : c’est le mantra de tous les dispositifs high-tech actuels. A l’image des premiers prototypes de tracteurs connectés qui émergent depuis l’année dernière. Des véhicules autonomes comme le Case IH Magnum qui ne comporte plus de cabine de pilotage et dont on programme à l’avance les tâches, tout en surveillant son évolution du coin de l’œil sur son ordinateur.
https://www.youtube.com/watch?v=h4wIZCdMsAo
Robots de fourrage et tableaux de bord mobiles
C’est aussi le cas du Vel’Phone, un thermomètre vaginal qui permet de suivre plus efficacement le vêlage des vaches. Désormais, l’éleveur ne passe plus ses nuits à guetter la fièvre annonciatrice d’une mise bas. Il reçoit l’information par SMS sur son smartphone ! Le robot pousse-fourrage, qui ressemble à un gros aspirateur, connaît aussi son petit succès car il permet d’offrir à tout moment du fourrage frais au cheptel comme avec ce modèle Cow-Boy.
Par ailleurs, de nombreux outils destinés à faciliter la saisie et alléger la gestion administrative existent désormais. C’est le cas d’IOTA de Smag, une application mobile qui centralise les données récoltées par les différents objets connectés et les représente visuellement à l’aide de tableaux de bord. Elle envoie aussi des alertes pour planifier les interventions.
Mais réduire les journées des exploitants n’est pas le seul objectif de l’agritech. « People, profit, planet », se veut l’adage du développement durable.
L’agriculture de précision au service de l’environnement
Le numérique va-t-il permettre aux agriculteurs d’augmenter leurs gains ? Il est encore trop tôt pour l’affirmer à coup sûr. En revanche, il a prouvé qu’il était efficace pour préserver l’environnement. On ne présente plus l’agriculture de précision, qui repose sur le principe d’une gestion intra-parcellaire des cultures. Elle s’appuie sur de la télédétection – par drones ou satellites – et par des capteurs au sol pour fournir une imagerie très fine permettant de déterminer l’état des cultures. Moins sophistiqués, il y a aussi les pièges connectés, en vogue auprès des viticulteurs et des maraîchers, qui prennent en photo les insectes ou détectent leurs mouvements. Les informations sont ensuite envoyées sur des réseaux d’objets connectés de type Sigfox ou via le réseau mobile, à condition que le matériel soit doté d’une carte SIM.
Enfin, au moment de traiter ou d’irriguer, il existe désormais des services reposant sur des GPS embarqués guidant le tracteur au centimètre près.
Toutes ces innovations sont encore loin d’être généralisées en France. Reste aussi le problème de la connectivité. Une partie des zones rurales est en effet exclue de toute couverture mobile. Ne parlons même pas du très haut débit fixe. Le déploiement d’infrastructures réseaux performantes sera une des conditions préalables au développement d’une agriculture 4.0.
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