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TEST : L’Ombre du Mordor, venez vous défouler sur les hordes de Sauron

Envie de découper des Orcs du Mordor comme Aragorn et Gimli ? L’Ombre du Mordor vous en donne l’occasion ! Jouissif et inspiré, relativement fidèle à l’Histoire de la Terre du Milieu, ce jeu parfois répétitif nous a quand même bien plu.

C’est en 2012 que Monolith Productions a commencé à s’intéresser de très près à l’univers de Tolkien en sortant Les Gardiens de la Terre du Milieu sur console. Un titre réussi et plaisant à découvrir, paddle en main. Avec l’Ombre du Mordor, Monolith persiste et signe. Son interprétation du monde de Tolkien est sans conteste teintée et inspirée des gravures d’Alan Lee mais surtout de la trilogie cinématographique réalisée par Peter Jackson. Et on s’y croirait ! Véritable jeu d’action dans le monde de la Terre du Milieu, l’Ombre du Mordor vous met dans les chausses de Talion, un Rôdeur établi près de la Porte Noire, l’entrée principale du Mordor, le Royaume de Sauron. On ne peut s’empêcher de penser à Aragorn la première fois qu’il apparaît à l’écran. Mais à la différence du personnage incarné par Viggo Mortensen au cinéma, le vôtre est… mort.

Comment ça mort ?

Eh bien oui, Talion a été dessoudé par un personnage du jeu connu sous le nom de Main de Sauron. Celui-ci a également tué la femme et le fils du Rôdeur, pour ne pas faire de jaloux. Le personnage principal est revenu d’entre les morts avec la ferme intention de se venger. Oeil pour Oeil, Dent pour Dent. C’est scénaristiquement original !
Heureusement que l’histoire du jeu est longue et bien ficelée car, à la lecture du pitch, cela semblait bien mal parti. Notre aventurier doit donc trouver la Main et l’occire pour trouver le repos mais, avant cela, embrocher les Généraux de l’armée Orcs et leurs Capitaines. Pour ce faire, il ne revient pas seul. Il a comme colocataire de corps, le spectre d’un ancien et puissant guerrier Elfe. Lui aussi en quête de vengeance.

C’est d’ailleurs grâce/à cause de lui que Talion peut se balader librement (ou est enchaîné) dans le Mordor, en taillant les rangs d’Orcs et autres Uruks avec sa grande épée. En effet, le fantôme lui a conféré de grands pouvoirs parmi lesquels et pas des moindres, l’immortalité. Pratique. Lorsque vous « mourrez », vous réapparaissez dans la dernière tour spectrale que vous avez débloquée ou proche de l’endroit où vous êtes « mort ». Cela a bien évidemment des conséquences, mais nous y reviendrons un peu plus loin.
Le second pouvoir est la possibilité de passer du monde « réel » à celui des spectres afin de trouver des objets mais surtout d’utiliser votre arc fantomatique, capable d’abattre une puce sur le dos d’un gobelin à trente mètres. Et que ce soit à l’arc, à l’épée ou à la dague, les aptitudes de combat apportées par le spectre vous permettent de faire des carnages chez les peaux vertes.
Vous avez un arbre de talent à développer en fonction de l’expérience acquise mais également la possibilité de dépenser de la monnaie (Mirian) pour perfectionner vos armes avec des runes de pouvoir. Plus vous avancez, plus vous devenez puissants et efficace en combat mais de là à dire que vous vous tirerez toujours de tous les affrontements sans encombre, il y a un monde. Un monde à explorer d’ailleurs.

Quelques gouttes d’Assassin’s Creed…

Le Mordor se découpe en plusieurs régions. Vous serez donc amené à fouler des sols plein de cailloux, des prairies presque verdoyantes, faire de la grimpette le long de grande falaise, etc. Et graphiquement, bien que l’ensemble manque un peu de noirceur à notre goût, c’est très beau. Les textures sont peut-être – et paradoxalement – un peu trop brillante et lisse pour cette région de ténèbres aux reliefs accidentés mais, c’est la patte Monolith. Cependant, avec une bonne grosse carte graphique, en Full HD, on en prend plein les yeux et c’est plaisant.

Pour ne pas vous perdre dans le pays de Sauron, vous avez une carte sur laquelle apparaissent des icônes diverses. Missions primaires ou secondaires, objets ou runes magiques, ennemis particuliers, etc. Vous serez le plus souvent à pied bien que vous puissiez – aussi- grimper sur le dos de bestioles de temps à autres. Les phases d’exploration sont semblables à celle des Assassin’s Creed. On grimpe, on s’accroche, on court, on se planque, on saute de rebords en rebords en essayant de ne pas se faire repérer et on effectue des sauts périlleux depuis la cime des tours sans jamais mourir ou trouver le bon buisson pour amortir la chute. Ce n’est pas déplaisant car nous sommes des grands amateurs de la licence d’Ubisoft mais l’inspiration est si grande qu’on a l’impression de retrouver Altaïr dans les frusques de Talion. Et la comparaison au premier des Assassins n’est pas un hasard.

En effet, les différents artifices tant graphiques que scénaristiques dissimulent un jeu très répétitif sur le fond. Trouver un ennemi particulier, l’approcher, se faire ses comparses, l’affronter, lui soutirer des informations ou se servir de lui comme leurre pour en attirer un plus gros, et on recommence. Il y a même une « vision d’aigle » maison vous permettant de voir les ennemis depuis le monde spectral, à travers les montagnes, les murs, etc. On sent que Monolith n’a pas exploité tout le potentiel de son bébé ou pas assez. Le gameplay manque également d’un peu de souplesse, pour un Rôdeur, il est parfois un peu rigide notre Talion. Peut-être que les futurs DLC apporteront des améliorations sur ce point.

…Une bonne dose de Batman…

Le combat, qu’il soit de front ou sous forme d’escarmouche, occupe 90% de votre temps. Soit vous décidez de prendre les ennemis en groupe, soit vous essayez de les tuer furtivement, en vous servant tantôt de votre arc, tantôt de votre dague en vous planquant dans un fourré et en l’attirant grâce à un de vos pouvoirs. De quoi nous rappeler les aventures du Chevalier Noir, de Rocksteady.
Le système de combat est basé sur des combos avec des déplacements méthodiques entre tous vos opposants pour que chacun de vos coups porte et, surtout, que le multiplicateur de coup ne cesse de croître. Plus ce score est haut plus vous pouvez déclencher des exécutions ou des animations particulières. Les têtes volent, le sang noir gicle. On prend un malin plaisir à manger des Uruks matin, midi et soir.

L’intelligence artificielle prendra donc des baffes mais vous fera sauter – aussi – quelques plombages si vous n’êtes pas assez prudent. Surtout lorsque les Capitaines rentrent dans la bagarre. Les peaux vertes vous encerclent, attaquent à plusieurs, vous prennent en traître, les archers vous arrosent de loin et se font un malin plaisir à appeler des renforts voire les Capitaines du coin. Toutefois, les orcs étant assez bêtes par nature, l’IA reste à leur image. Exemple, vous passez, accroupi, en plein jour, à 5 mètres d’un Orc, il ne vous voit pas. De même, lorsque les capitaines fuient, il leur arrive de se volatiliser sous vos yeux écarquillés… et de les retrouver à un autre endroit de la carte, cinq minutes plus tard.

…et quelques interrogatoires musclés

Dans toute armée, il y a des officiers. Il en va de même chez les Orcs. Les Capitaines et les Généraux sont aux commandes et essaient de fédérer les peaux vertes du mieux qu’ils peuvent. Les premiers sont vos cibles de début de jeu. Il faut les abattre. Pour y arriver, deux solutions, vous les trouvez par hasard et vous les affrontez. Ou, mieux, vous interrogez la bleusaille à leur propos. Bien évidemment, celle-ci ne vous donnera pas les infos si facilement. Il faut donc vous battre, attraper le troufion à passer sur le grill, et grâce à un des pouvoirs du spectre, scruter son âme.

Vous aurez ainsi accès à un panneau regroupant tous les capitaines et pourrez déverrouiller des infos à leur sujet. Faiblesse, force, localisation, place dans la hiérarchie. A vous de les traquer et de les tuer. Mais attention, si vous mourrez tuer par un Orc, ce dernier monte en grande et prend la place d’un officier mort. C’est le Nemesys System imaginé par Monolith Productions. Et si c’est un officier qui vous tue, il gagne en puissance, en renommé auprès de ses pairs et sera même capable de se souvenir de votre dernier affrontement. Lorsque vous le recroiserez, il essaiera de vous tuer de nouveau, tout en vous injuriant et en faisant référence à votre précédente rencontre. Ça, c’est chouette !

Les Généraux arrivent un peu plus loin dans le scénario et sont de vrais combattants, pas faciles à vaincre mais très intéressants à dézinguer. Et comme la discipline n’est pas franchement l’apanage des armées des Ténèbres, il arrive que les Orcs de différents régiments s’attaquent entre eux, sous vos yeux. Vous pouvez aussi surprendre des conversations dans lesquels des lieutenants projettent de devenir calife à la place du calife. Il arrive même que les monstres résidant sur les plaines mordoriennes engloutissent un ou deux soldats pour leur goûter. On ne peut s’empêcher d’avoir un petit sourire mauvais aux lèvres en se délectant du spectacle. Puis on se resaisit, on réajuste les fourreaux sur nos épaules et on fond sur les éventuels survivants pour assouvir notre vengence. Oeil pour oeil, dent pour dent, telle est la loi du Talion.

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Aymeric Siméon