Quel plaisir, quel bonheur de renouer avec un smartphone à clapet ! Car oui, avant d’aller plus loin, posons le décor : celui qui écrit ces lignes a testé l’essentiel des smartphones à clapet sortis depuis le Galaxy Z Fold 3, il a même passé 6 mois avec ce dernier. Nous ne posons pas cela tant pour frimer que pour préciser le contexte. Cela signifie que :
- L’auteur de ces lignes n’a aucun problème avec ce format, au contraire, il est plutôt convaincu. Pourquoi ? Nous y reviendrons ;
- Après la folie des débuts, nous commençons à avoir un peu l’habitude de ce format, ce qui permet d’éviter le syndrome « étoiles dans les yeux » peut aveugler sur les défauts de l’appareil.
Alors que le Galaxy Z Flip 6, son principal concurrent, devrait sortir du bois aux alentours du 10 juillet 2024, est-ce que ce Motorola Razr 50 Ultra se présente comme une bonne alternative ? Voyons ça dans ce test complet.
Pourquoi on en fait tout un foin du smartphone à clapet ?
Pour celles et ceux qui n’ont pas suivi l’avènement des smartphones pliants ces dernières années, revenons sur les bases. Il existe deux types de formats : le format livre et le format clapet. Le smartphone qui nous intéresse aujourd’hui appartient à la deuxième catégorie, il s’agit tout simplement d’un smartphone qu’on peut plier en deux, avec un petit écran externe lorsqu’il est fermé pour continuer à utiliser quelques fonctionnalités. Le format livre mise pour sa part sur un smartphone capable de se transformer en tablette lorsqu’il est ouvert, on le trouve chez Samsung avec le Galaxy Z Fold 5 ou chez Honor avec le Magic V2.
Face à ce concept assez renversant, le format clapet tel que présenté sur ce Motorola Razr 50 Ultra peut parfois paraître un peu inutile de prime abord. Pourquoi plier son smartphone, et que peut bien m’apporter un écran externe plus petit par rapport à celui de mon smartphone classique ?
Chacun sera juge, et il est certain que tout le monde n’est pas client. Nous vous conseillons fortement d’essayer ce type d’appareil en magasin pour voir si cela vous convient.
Pour peu que vous apparteniez à celles et ceux qui adhèrent au concept, disons-le, le format clapet fait mouche. Il comporte en réalité de nombreux avantages, à commencer par une grande simplicité dans son concept. Après tout, il ne s’agit que d’un smartphone plié en deux, a priori, vous n’avez pas à changer vos habitudes comme cela peut être le cas avec un format livre, qui lui change complètement le rapport au téléphone.
En outre, le principal atout du concept tient dans la possibilité de combiner deux idées : un large écran de 6,9 pouces qui prend moins de place dans la poche, du moins en hauteur, et qui se rapproche davantage de l’espace pris par un portefeuille par exemple.
Terminons par le dernier élément intéressant du format clapet, et pas des moindres, la présence d’un petit écran externe.
L’écran externe est le chef-d’œuvre de Motorola
L’écran externe est sans doute la plus grande réussite de Motorola avec cette série des Razr. Depuis le Razr (2022), la marque américaine a trouvé une voie pour se démarquer de ses concurrents. La plupart des constructeurs de formats clapet ont en effet décidé de faire de l’écran externe une simple galerie de widgets. Motorola est parti dans la direction opposée : transformer l’écran externe en véritable smartphone secondaire.
C’est bien simple, vous pouvez virtuellement tout faire avec cet écran externe. Le maître mot de ce Razr 50 Ultra, c’est le choix, le choix laissé aux utilisateurs d’expérimenter avec leur appareil. Ainsi, vous pouvez lancer à peu près n’importe quelle application avec l’écran de 4 pouces en façade.
Application de localisation comme Maps, de streaming musical, jeu vidéo relativement statique comme Reigns, l’écran se montre pertinent dans de nombreux cas. Il est aussi pratique notamment pour répondre rapidement à un message ou pour consulter les réseaux sociaux sans plonger complètement dedans.
Toutes les applications peuvent être lancées dans deux modes d’affichage, soit uniquement sur les 8/10 de l’écran en haut, soit sur la totalité de la surface d’affichage, ce qui amène l’app à « couler » derrière les modules photo. Pas toujours très pratique, mais lorsque les planètes s’alignent, cela peut donner une expérience franchement agréable.
Lorsqu’il est plié, la peau de votre main sera en contact avec le cuir végan choisi au dos pour ce smartphone. Ce dernier est légèrement texturé.
Less is more ?
Mais avec un grand pouvoir vient de grandes responsabilités. La possibilité d’ouvrir n’importe quelle application retire peut-être une partie de ce qui faisait le sel du smartphone à clapet, à savoir qu’il permettait de couper plus facilement avec les notifications diverses et certains dark pattern. Le simple fait de fermer physiquement son téléphone aide à le garder à distance, sauf s’il est possible de tout faire même lorsqu’il est fermé. À ce titre, un écran externe moins capable est paradoxalement plus intéressant.
Avec cet écran externe, nous avons par exemple été davantage tentés d’utiliser le smartphone comme un écran secondaire sur le bureau du PC pendant que nous travaillions.
Vous pouvez toutefois configurer votre Motorola comme vous le souhaitez et si vous décidez de ne pas trop lancer d’applications, vous avez à votre disposition une série de panneaux à faire défiler pour avoir une expérience plus simple : appel et liste de contacts, calendrier, météo, chronomètre, minuteur, Spotify (qui a un partenariat avec Motorola) et un suivi de valeurs en bourses. Pour trouver un juste milieu entre le foisonnement des apps et ces usages un peu plus limités, un panneau permet même de stocker des widgets de vos applications Android, afin de garder quelques fonctionnalités importantes à portée de main.
Un smartphone assez sobre
Bon c’est bien cet écran externe, mais que se passe-t-il une fois qu’on ouvre le téléphone ? Eh bien le contraste se fait bien sentir, un peu comme si Motorola était soudainement à court d’idées. Ce n’est pas grave hein, mais disons que l’expérience offerte est simplement celle d’un Android Stock légèrement retravaillé.
Cela a au moins l’avantage de la simplicité. D’autant qu’il faut noter la quasi-absence de bloatwares (sauf Opera ?). Motorola tente bien de créer un semblant d’identité avec ses propres icônes, quelques raccourcis amusant via des gestes comme le fait d’appuyer deux fois à l’arrière du téléphone pour revenir à l’écran d’accueil. Une application intitulée Moto va aussi vaguement réunir tous les conseils pour prendre en main le smartphone et c’est à peu près tout. Motorola n’a même pas embarqué son mode Ready For qui permet de connecter le smartphone à un PC, comme c’était le cas sur le précédent modèle.
Nous avons donc un smartphone comportant toutes les caractéristiques classiques d’Android 14. Il ne manque pour ainsi dire rien, on trouve toutes les fonctions classiques (mode sombre, mode protection des yeux, couleurs des icônes qui s’adaptent avec le fond d’écran, etc.) L’interface se montre fluide même s’il y a quelques saccades ici ou là. La transition entre les deux écrans se déroule sans encombre, même s’il faut parfois au téléphone quelques secondes pour remettre l’appli au bon format.
En plus d’être un peu sobre, le smartphone se montre aussi un peu chiche sur la durée de son suivi logiciel. En effet, il ne promet que trois ans de mises à jour majeures et quatre ans de patchs de sécurité. Pour comparaison, le Galaxy Z Flip 5 montait à quatre et cinq ans de suivi et certains smartphones comme le Google Pixel 8 propose 7 ans de suivi au total pour un prix inférieur donc.
La pliure gênante ?
Passons à un point qui inquiète toujours en la matière : comment est la pliure ? Et quid de la charnière ? Alors pour commencer, la pliure s’oublie 98 % du temps lorsqu’on utilise ce smartphone. En passant son doigt, on sent bien une très légère pente, et si l’on n’est pas parfaitement en face de l’écran, vous verrez bien quelques déformations où elle se situe, mais c’est bien tout.
Maintenant, si vous êtes d’un naturel obsessionnel et que vous avez peur de ne pas pouvoir acheter un smartphone pliant tant que l’écran n’est pas parfaitement plat, sachez que nous n’y sommes pas encore. Le travail est presque parfait, mais nous ne sommes pas encore au 100 %. Ajoutons que cet écran peut avoir un aspect plus mou que ceux munis d’une surface en verre parfaitement rigide.
Pour parvenir à un résultat aussi soigné, il faut bien sûr une bonne charnière. Et Motorola a aussi progressé sur ce point avec les années. Exit la charnière un peu branlante des débuts, nous avons le droit à un mécanisme robuste et rassurant, qui autorise aussi l’utilisation d’un mode « chevalet », équivalent du mode Flex d’un Samsung, avec le smartphone à 90 degrés sur lequel nous revenons un peu plus bas. Il s’agit d’une charnière dite « en goutte d’eau », vous n’avez donc plus qu’un minuscule espace entre les deux écrans, virtuellement invisible.
En revanche, qui dit charnière dit étanchéité à la poussière absente, et c’est bien le cas ici. La technologie ne semble pas permettre pour l’heure de régler ce problème, nous avons donc un smartphone IP X8. Cela signifie qu’il est totalement étanche à l’eau, mais qu’il faudra prendre garde à la poussière.
Un écran au format bizarre
Quand on pense smartphone à clapet, on pense bien sûr à la pliure, à l’écran externe, mais on oublie bien souvent un dernier point : l’écran 22:9. Et oui, la charnière prenant beaucoup de place, les ingénieurs sont obligés d’allonger quelque peu la longueur du téléphone, arrivant à ce ratio, légèrement plus allongé qu’un 20:9 classique en smartphone.
Quelles sont les conséquences concrètes ? Vous aurez un peu plus de mal à atteindre le haut de l’écran et pour de nombreux contenus 16/9, vous aurez d’énormes barres noires sur les côtés, réduisant finalement la surface d’affichage. En revanche, pour des films, souvent calés sur le format 21/9 si l’on retire les barres noires en haut et en bas, le 22/9 se montre plutôt agréable.
D’après les mesures du 01Lab, l’écran du Moto est plus lumineux, mais aussi plus précis que son adversaire, le Galaxy Z Flip 5. Il faudra voir où se situe le Z Flip 6, qui sera présenté le 10 juillet 2024 à Paris.
Signalons tout de même un pic HDR impressionnant à 2874 cd/m², très court, mais bel et bien présent. À noter également une grande couverture du DCI-P3, ce qui veut dire que l’écran est capable de déployer de nombreuses couleurs. Mais cette myriade de couleurs se fait parfois au prix de la justesse, en particulier avec des blancs qui partent en cacahuète.
Avant de clore sur l’écran, signalons la présence d’un timide mode « chevalet », qui permet d’adapter l’affichage de quelques applications lorsque l’écran est à 90°. Nous avons par exemple le mode « camescope »
La photo : un choix qui tranche
Depuis de nombreuses années, la plupart des smartphones partagent le même duo de modules photo : un grand-angle et un ultra-grand-angle. Ici, Motorola a choisi d’innover en remplaçant l’ultra-grand-angle par un téléobjectif X2.
Voici la configuration photo dans le détail :
- Module principal (grand angle) : capteur 50 Mpx, type 1/1.95 pouce (0,8 µm), dual pixel, objectif ouverture f/1.7, équivalent 24 mm, PDAF, OIS ;
- Module téléobjectif (X2) : capteur 50 Mpx, type 1/2.76 pouce (0,64 µm), ouverture f/2.0, PDAF.
Le Motorola Razr 50 Ultra n’est pas un photophone. Il s’en sort correctement avec un niveau de détail honnête et une gestion de la dynamique efficace. Mais en mode par défaut, la colorimétrie est tout de même assez saturée. Ajoutons que nous l’avons utilisé en mode HDR principalement, et que celui-ci donne un rendu assez peu esthétique avec un ciel qui « fait » très faux.
Autonomie : pas si mal
Souvent, l’autonomie des smartphones pliants est montrée du doigt. En effet, pour gagner de la place pour la charnière, les constructeurs ont tendance à intégrer des petites batteries. Le Motorola Razr 50 Ultra ne fait pas exception avec sa batterie de 4000 mAh.
Il parvient cependant à être meilleur qu’un Galaxy Z Flip 5 sur notre test d’autonomie du 01Lab. C’est donc déjà mieux que son principal concurrent, même s’il faudra attendre le Galaxy Z Flip 6 pour avoir une idée plus précise d’où il se situe. En revanche, mis face à un pliant au format livre comme le Honor Magic V2, il est largement battu. De même face à un smartphone classique et pourtant moins cher comme le Galaxy S24, il tient deux heures de moins
Performances : que vaut le Snapdragon 8s
Pour terminer sur la partie performances, le Motorola s’équipe d’une puce un peu spéciale : le Snapdragon 8s Gen 3. Si elle appartient bien au haut de gamme, elle est vendue comme une puce placée entre le Snapdragon 8 Gen 2 et le Snapdragon 8 Gen 3.
En pratique, sur AnTuTu, elle se situe bien derrière le 8 Gen 2. Dommage avec le Galaxy Z Flip 6 qui arrive.
Elle est aussi plus proche sur Geekbench. Pour information, la puce est aidée de 12 Go de RAM et permet de profiter du Bluetooth 5.4 et du WiFi 7. Le smartphone supporte également le GPS double bandes.
En pratique, il s’agit d’une puce qui ne souffre d’aucun problème de chauffe majeure, avec un niveau de performances haut de gamme. C’est-à-dire que le jeu vidéo en 3D s’offre à vous sans souci.
Prix et version du Motorola Razr 50 Ultra
Le Motorola Razr 50 Ultra se négocie 1200 euros et est disponible dans quatre coloris : noir, vert, pêche et rose.
Pour ce prix, vous pouvez vous procurer un smartphone ultra premium beaucoup plus capable sur la photo. Il s’agit de la plus grosse concession du Razr, à laquelle il faut ajouter l’autonomie, même si celle-ci n’est pas catastrophique ainsi que le format 22/9 de l’écran.
À moins de lire ce test des mois après sa commercialisation, plutôt que de l’acheter le prix fort, nous vous conseillerions de consulter les prix de modèles plus anciens comme celui du Razr 40 Ultra qu’on trouve à 700 ou encore du Galaxy Z Flip 5 en promotion.
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