Portal, épisode 2. Deux ans après avoir lancé ses premiers terminaux de communication dans l’Hexagone, Facebook Meta remet le couvert avec Portal Go. Un appareil qui fait la même promesse que son prédécesseur : il s’agit avant tout d’un terminal de visioconférence, qui vous permet de passer des appels vidéo sur Facebook Messenger et WhatsApp. Mais il offre aussi d’autres fonctions : Portal Go peut servir à afficher vos photos, permet de regarder des vidéos, et fait aussi office d’enceinte connectée Alexa.
Ce qui frappe quand on compare Portal Go à son ancêtre, c’est d’abord son design. Fini, le rectangle noir ou blanc un peu austère, proche du cadre photo. Portal Go a pris de l’embonpoint par rapport au modèle de 2019, et propose désormais un revêtement en tissu gris. C’est à vrai dire plutôt réussi, et rappelle des produits précédents de Google, ou encore le HomePod.
On y retrouve un certain minimalisme du point de vue des boutons, avec une touche « marche arrêt » à l’arrière, une autre pour désactiver micro et caméra, et deux contrôles pour le volume. C’est tout. Comme sur la version précédente, on trouve également un cache physique pour la Webcam.
L’écran, lui, ne change pas vraiment. Dix pouces, d’une définition de 1280 x 800 pixels, tactile (et pas réactif, nous y reviendrons). Sa définition est certes faible, mais il a au moins le mérite d’être lumineux, et de bien mettre en valeur les contenus qui y sont diffusés.
Mais surtout, pourquoi un tel épaississement ? Parce que l’appareil contient désormais une batterie. On peut donc le détacher de sa base de chargement sans-fil, afin de le déplacer à sa guise. Meta a également intégré une petite poignée à l’arrière, afin de pouvoir le saisir aisément.
La configuration est on ne peut plus simple : il vous suffit de vous connecter à un réseau Wi-Fi, puis de relier l’appareil à votre compte Facebook, éventuellement WhatsApp, Instagram et Workplace. En quelques minutes, l’appareil est prêt à être utilisé.
Une batterie idéale pour les appels vidéo
Autant le dire d’emblée : Portal Go n’apporte aucune nouvelle fonction par rapport aux éditions précédentes. Son interface, remodelée récemment, est exactement identique à celle des autres modèles. Elle met en avant quelques-uns de vos contacts favoris, quelques informations (heure, météo) et une maigre sélection d’applications.
Non, il ne s’agit pas d’une tablette sous Android. Et s’il se rapproche des écrans connectés comme le Nest Hub ou l’Amazon Echo Show, Portal Go reste un Portal : son ambition est avant tout de vous permettre de discuter en vidéo avec vos contacts sur Messenger, WhatsApp, ou l’une des quelques applications tierces disponibles, comme Zoom.
De ce point de vue, il n’y a rien à dire, cela fonctionne vraiment bien. La caméra (12 Mpix) a été améliorée par rapport à celle du modèle lancé en 2019. Elle profite d’un champ de vision encore plus large qu’auparavant (125 degrés contre 103 pour Portal).
Entretenir une conversation au travers d’un Portal est agréable : on profite de plans plutôt flatteurs sans avoir besoin de tenir son smartphone à bout de bras. La caméra grand angle est également plus efficace qu’une simple Webcam d’ordinateur, qui ne dispose généralement pas d’un champ de vision aussi large. En plus, le capteur est excellent, et offre des images de bonne qualité, y compris lorsque les conditions lumineuses ne sont pas formidables.
Meta a aussi pris soin d’ajouter une ribambelle de filtres AR conçus pour égayer vos conversations. On est plus circonspect quant à leur utilisation : ils sont lents à appliquer sur votre visage et moins bien fichus que ceux que vous pouvez utiliser sur smartphone. La faute, sans doute, au processeur (non communiqué) de l’appareil, dont les performances limitées ne sont pas tellement adaptées à la réalité augmentée.
Portal Go corrige surtout un vrai défaut de ses aînés. Grâce à sa batterie, l’appareil n’est plus cantonné à un recoin de votre cuisine ou de votre salon. Vous pouvez le déplacer, y compris en plein coup de fil, pour passer de la chaise au canapé, profiter de vos proches sur votre balcon ou votre terrasse… Ou tout simplement le repositionner, comme vous le souhaitez.
C’est tout bête, mais ça change tout, et on se demande même pourquoi Meta n’y avait pas pensé avant. Cette batterie est d’autant plus pratique qu’elle tient plutôt longtemps. Vous pourrez laisser le Portal loin de sa base de chargement entre quatre et cinq heures en vidéo, et presque 10 heures d’après nos tests si vous vous contentez de contenus audio.
Car, c’est l’autre intérêt d’une telle batterie, elle permet au Portal Go de faire office d’enceinte Bluetooth nomade, également compatible Spotify Connect. Et son embonpoint a du bon : le son qu’offre l’appareil est plus qu’honorable, puissant et ample. Une bonne surprise, quand on se souvient de la partition plutôt médiocre de son aîné.
Un appareil toujours aussi limité
Malgré ces réels progrès, il est pour autant difficile de vous recommander ce produit… pour plusieurs raisons. Certes, il peut s’avérer utile pour rapprocher des familles éloignées physiquement, en leur donnant un plus grand sentiment de présence lors de communication vidéo. Mais il y d’abord une contrainte importante à avoir en tête : communiquer avec un Portal est sympa… quand son interlocuteur dispose lui aussi d’un Portal !
L’expérience est sinon décevante, notamment avec un smartphone, puisqu’on se retrouve la plupart du temps durant la communication avec une petite image à la verticale en plein milieu de l’écran. En fait, si vous êtes le seul à utiliser un Portal parmi vos contacts, ce sont surtout vos correspondants qui en profiteront… pas vous ! Meta est bien au courant de ce souci et propose régulièrement des offres de réduction lorsqu’on achète plusieurs appareils en même temps.
Mais à vrai dire, ce n’est pas le plus important. Portal, à l’image de ses innombrables écrans connectés que nous avons pu tester au fil des années, est surtout un appareil extrêmement fermé, qui manque de fonctions utiles au quotidien. Le tout servi par un OS poussif et pas très ergonomique : il faut parfois patienter plusieurs secondes avant qu’une appli daigne se lancer !
Si bien qu’après quelques jours de test, à moins d’être accro à la visio, on en vient parfois à oublier son existence… Certes, l’appareil est compatible Alexa, et offre donc les fonctions classiques d’un assistant vocal (maison connectée, écoute de la radio, recettes de cuisine, timers, météo…),, mais les interfaces vocales sont loin d’avoir encore prouvé qu’elles étaient indispensables.
Pire, l’écran du Portal Go n’est pas assez mis à profit. On peut s’en servir comme cadre photo, mais il faudra se contenter de ses photos Facebook et de celles de son profil Instagram, c’est tout. On peut en ajouter depuis son smartphone, mais c’est laborieux : il faut télécharger l’application Portal, sélectionner à la main les clichés que l’on veut voir apparaître, etc. Pas pratique.
Et que dire des services vidéo, comme Netflix, YouTube, Molotov ou MyCanal qui pourraient faire de cet appareil un petit poste TV d’appoint ? Ils sont presque tous aux abonnés absents, faute de partenariat entre ces géants de la tech.
Oui, il est possible d’accéder à YouTube, mais il faut passer par le navigateur, intégré à l’appareil, qui est lent et peu ergonomique. On se consolera avec la présence de Facebook Watch (bof), de Plex (qui fonctionne très bien), ainsi que des applications de France.tv, et de nos voisins et amis de BFMTV et de RMC. Mais là encore, l’intégration n’est pas incroyable, puisqu’il s’agit d’un simple portage d’applications Android…
Bref, l’offre applicative de Portal, si elle s’est un peu enrichie, reste extrêmement faible. Et l’intégration de nouvelles fonctions, comme le support des calendriers, demeure hasardeuse. Bientôt, Portal devrait accueillir un nouvel allié de poids : Microsoft, qui portera notamment Teams sur la plate-forme. De quoi en faire un outil vraiment utile ?
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