Sans rien n’avoir révolutionné, ils avaient eu le mérite de réussir leur entrée en matière. Commercialisés l’année dernière, les écouteurs Ear (1) — écoulés à 600 000 exemplaires selon leur constructeur Nothing— ont désormais vécu et font logiquement place aux Ear (2). Chez Nothing, on aime faire les choses clairement, à commencer par le design qui reprend peu ou prou celui de la première génération. Si les corps des écouteurs restent opaques, leurs « branches » sont quant à elles complètement transparentes, laissant apparaître microphones, aimants et électronique.
Même chose pour le boîtier de charge qui ne cache pas grand-chose, si ce n’est la batterie camouflée derrière un plastique blanc. Le design de cet étui est toujours aussi perturbant et donnera aux plus vieux l’impression de ranger ses écouteurs dans un boîtier cristal de CD ou l’emballage d’un iPod nano. Difficile toutefois de nier que ce choix de la transparence à tout-va donne véritablement une identité aux produits de Nothing et les différencie de la concurrence. Un point suffisamment rare dans le monde la plupart du temps uniforme de la tech pour être souligné.
La pression plutôt que le tactile
Dans l’emballage (le vrai), on ne trouvera que le strict minimum, à savoir trois tailles d’embouts en silicone et un câble USB-C d’une longueur exceptionnelle de 32 centimètres. L’appairage est tout ce qu’il y a de plus facile, tout comme l’utilisation de l’application Nothing X. Pour notre test, nous en avons utilisé une version bêta fournie par Nothing (tournant sur un iPhone 14 Pro sous iOS 16.3.1) permettant de faire la toute dernière mise à jour de firmware qui sera proposée ce 22 mars, jour de sa présentation publique et commercialisation. Nothing X est la première bonne surprise des Ear (2).
Au rayon des fonctionnalités classiques, on notera une égalisation basique (plus de graves, plus d’aigus, mise en avant des voix et une possibilité de réglage manuel de ces trois composantes) et toute une armada de commandes accessibles en pressant les branches des écouteurs. Selon le geste (appuyer une, deux, trois fois ou longuement), il est possible d’assigner une action (avance ou retour rapide, contrôle de la réduction de bruit, lecture, pause, répondre ou raccrocher). Au passage, on remarquera que Nothing abandonne la gestuelle tactile des Ear (1) — pas toujours facile sur des branches si petites — pour adopter le même système que les AirPods Pro, bien plus efficace et moins facile à déclencher accidentellement.
Une réduction de bruit convenable
Mais ce sont deux autres fonctionnalités avancées que nous avions hâte de tester. La première est la suppression personnalisée du bruit. On lance alors depuis l’application une séquence d’analyse écouteurs aux oreilles. Les bruits environnants sont alors examinés pour proposer une annulation de bruit calibrée en fonction de chacun. Patatras, il nous a été impossible de nous rendre compte de la différence entre le mode par défaut et sa déclinaison personnalisée. D’autant plus que la réduction de bruit des Ear (2) est tout à fait convenable.
Sans atteindre celle proposée par Sony, Bose ou Apple, elle isole convenablement de la plupart des fréquences externes. Elle n’arrive pas tout à fait à reproduire cette sorte de bulle de calme propre aux trois marques citées ci-dessus, mais filtre toutefois très bien les bruits les plus envahissants comme ceux de roulements propres aux transports par exemple. On regrette en revanche que Nothing n’ait pas su faire en sorte que les micros externes ne soient pas moins sensibles au vent et aux frottements (bonnet ou capuche par exemple). Dans ces situations-là, on continue en effet d’entendre ces perturbations dans nos oreilles, dommage.
Une personnalisation auditive très poussée
La seconde fonction attendue est l’égalisation personnalisée elle aussi. Pour cela, Nothing X intègre le processus d’analyse auditive de l’application Mimi Hearing Test que l’on peut télécharger par ailleurs depuis les boutiques d’applications. Écouteurs aux oreilles, on débute donc un test auditif de cinq bonnes minutes digne de ce que proposent les ORL (sauf qu’il n’a absolument aucune valeur médicale). Il consiste à tenir appuyé un bouton tout le temps que l’on entend le bip émis par l’application. Sa fréquence devient de plus en plus aiguë et donc en théorie de plus en plus difficilement perceptible pour les tympans fatigués. Suite à ce test, un profil est donc déterminé et une égalisation personnalisée est appliquée pour compenser les pertes auditives présumées.
Dans notre cas, on note une baisse de perception des fréquences aiguës, digne de tout quadragénaire. L’application est donc censée appliquer une égalisation mettant un peu plus en avant les fréquences hautes pour qu’on les perçoive mieux. Quelle promesse de pouvoir à nouveau retrouver les oreilles de nos vingt ans ! Mais patatras à nouveau, le résultat perçu nous fait plutôt apparaître une mise en avant… des basses. Bref difficile de se réjouir des tentatives logicielles de Nothing, au mieux inutiles, au pire contreproductives. On préférera se contenter donc de juger de la pure qualité sonore « hardware » des Ear (2).
Qualité audio précise, flatteuse… mais fatigante !
Et Nothing devrait d’ailleurs miser avant tout sur cela, tant les qualités audio intrinsèques de ses Ear (2) se suffisent à elles-mêmes. À la manière de la première génération, cette seconde reproduit un spectre en W typique : basses puissantes, médiums mis en avant pour les voix et aigus détaillés. En résulte donc une identité sonore très flatteuse qui sait caresser dans le sens du poil à peu près toute la palette de la musique moderne ; seul le classique sera quelque peu maltraité par ce choix peu propice à restituer la subtilité nécessaire. Mais sur tout le reste, les Ear (2) s’avèrent très précis en détaillant fortement les attaques de chaque instrument de manière à bien les distingués des autres.
Tout est clair certes, mais cette énergie a aussi ses défauts. Tout d’abord, les sifflantes (les s et les f des voix) ne sont pas très bien maîtrisées, cela est particulièrement remarquable lors de l’écoute de podcasts. D’autre part le détail exacerbé des aigus a tendance à fatiguer l’auditeur plus rapidement qu’avec un son plus doux et enrobés (comme peuvent rendre par exemple les AirPods Pro). On a donc envie de retirer les Ear (2) quelques minutes à intervalles réguliers pour reposer ses tympans, attention donc à ne pas trop monter le volume trop longtemps avec ce modèle.
Quid de l’autonomie ?
Cela est d’autant plus dommage que l’ergonomie des écouteurs est tout à fait convaincante. Leur conception semi-intra-auriculaire très peu envahissante invite à les garder des heures tant ils savent se faire oublier. Les embouts en silicone sont très souples et agréables au contact. Si toutefois vous n’êtes pas trop sensible à la fatigue auditive, vous pourrez porter les Ear (2) pendant 5 h 27 d’affilée avec annulation de bruit activée (mesure du labo de 01net.com) avant de voir leur batterie s’épuiser (5 h 38 sans ANC). Des performances en dessous des standards du marché, que le boîtier, avec ces cinq à six recharges disponibles, permettra de compenser.
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