Pour sa huitième génération de tablette, Apple ne cherche plus la révolution. Il ne faudrait toutefois pas conclure trop rapidement que le design proposé est en jachère. Il est daté, certes, offre un ratio encombrement/surface d’affichage qui pourrait être meilleur, pèse un peu à l’œil, mais il est également éprouvé. Mieux, il a su évoluer par petites touches au fil du temps, notamment avec l’arrivée sur le modèle précédent, agrandi, des Smart Connectors qui permettent de brancher un clavier, qui l’alimentera alors en plus de le synchroniser. On peut certes regretter que seul l’iPad Air ait droit cette année à une refonte de son design, avec un bouton Touch ID déplacé sur le bouton On/Off, mais les gammes ont des raisons que la raison ignore, hélas. De même qu’il conserve le Lightning, et se refuse à passer à l’USB-C, l’iPad conserve donc de larges bordures tout autour de son écran de 10,2 pouces.
Un bon écran, mais pas le meilleur d’Apple
Parlons de l’affichage justement. L’écran de 2160×1620 pixels n’est toujours pas laminé, ce qui aurait réduit et l’épaisseur, et les reflets, pas plus qu’il n’offre la technologie ProMotion, qui est toujours réservée aux iPad Pro. Difficile de se plaindre, puisque l’iPad Air 2020, situé en milieu de gamme, n’y a pas droit non plus. La dalle Retina est plutôt confortable. Nos mesures montrent toutefois qu’elle n’est pas ultra lumineuse. Elle affiche 491 cd/m2, alors que la moyenne en luminosité des tablettes que nous testons est de 523 cd/m2. Mais puisqu’Apple annonce 500 cd/m2, il est difficile de se sentir floué. Par ailleurs, l’écran de l’iPad affiche un contraste honnête de 1141:1. Ce n’est pas incroyable, mais ce sont les limites du LCD, aussi bon soit-il.
En revanche, comme toujours, Apple excelle dans la calibration de ses dalles. Le Delta E mesuré, c’est-à-dire la différence entre une couleur affichée et sa vraie valeur, est de 1,97 (légèrement moins bon que l’année dernière, puisqu’il était de 1,72). Cela reste un très bon résultat et il est difficile d’en demander plus sur une tablette d’entrée de gamme.
La force de l’Apple Silicon
D’autant qu’Apple fait un joli cadeau à ceux qui voudraient mettre à jour ou adopter son iPad d’entrée de gamme. Là où le modèle de l’année dernière proposait une puce A10 Fusion (de 2016), la huitième génération de tablette d’Apple adopte l’A12 Bionic. A12, lancé en 2018, et surtout Bionic, car embarquant un réseau neuronal. Un détail peut-être, en apparence, mais qui ouvre la porte à de nombreux usages et fluidifiera bien des applications si vous aimez retoucher des photos sur votre tablette, appliquer des filtres, etc. Car le réseau neuronal donnera, aux applis que vous utilisez et qui ont adopté la technologie CoreML d’Apple, les chevaux nécessaires pour aller plus vite.
Evidemment, l’apport du réseau neuronal n’est pas le seul qu’on enregistre. L’A12 Bionic qu’on avait eu la possibilité de croiser l’année dernière dans l’iPad Air 2019 est toujours très en forme.
Pour la partie CPU, Apple promet un gain de 40% par rapport à l’iPad 2019. En fonction de nos tests, on enregistre un delta en faveur du nouvel iPad de 40 à 85% selon les benchs réalisés. Dans tous les cas, la promesse est tenue et l’iPad d’entrée de gamme gagne suffisamment en puissance pour assurer confortablement tous les usages auxquels vous voudrez bien le soumettre.
Si le graphique ci-dessus ne s’affiche pas, cliquez ici.
Du côté des prouesses graphiques, Apple annonce un doublement des performances entre les deux générations de tablettes. Nos tests ont tout simplement confirmé ce réel gain de puissance.
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On ne peut évidemment pas dire que l’iPad 2019 manquait de souffle pour les jeux ou les applications graphiques un peu exigeantes, mais le modèle 2020, en empruntant la puce de l’iPad Air 2019, réalise une jolie culbute qui garantira une certaine sérénité aux joueurs et aux amateurs d’outils de rendu graphique sur iPadOS.
De la puissance au service des usages
Avec cette nouvelle puce, plus encore qu’avant, cet iPad d’entrée de gamme donne l’accès à tout le potentiel applicatif de l’App Store. D’autant que la compatibilité avec l’Apple Pencil de première génération (toujours vendu 99 euros) permet de dessiner agréablement. Mieux, avec iPadOS 14, il s’intègre encore plus facilement dans l’annotation de document et la prise de note au quotidien, grâce à la fonction Scribble ou à la détection d’écritures manuscrites.
On doit même avouer qu’il est amusant de prendre une photo d’un objet avec l’iPad pour la commenter à la main et l’envoyer ensuite à ses interlocuteurs. C’est fluide et rapide, et assure un autre intérêt aux caméras embarquées dans l’iPad, même si elles ne sont pas très de bonne qualité, surtout pour la caméra que vous utiliserez en cas de conférence vidéo. Il suffit d’une variation dans l’intensité de l’éclairage pour qu’on note un peu de bruit ou l’apparition d’aplats disgracieux. Pour le coup, Apple assume là le positionnement à partir de 389 euros de sa tablette…
Quoi qu’il en soit, outre l’Apple Pencil, le Smart Keyboard (vendu 179 euros !) offre, lui, à l’iPad 2020 à la fois une protection mais aussi un clavier plutôt agréable sur lequel on ne rechigne pas à taper de textes longs.
L’écran de 10,2 pouces est peut-être un peu petit pour les longues sessions de travail – et c’est là qu’on aurait aimé pouvoir sortir facilement en USB-C le signal vidéo sur un autre écran. Néanmoins, il est assez grand pour juxtaposer deux fenêtres. Il faudra trouver ses repères et faire quelques concessions ergonomiques : limitation du nombre de fenêtres, difficulté ou impossibilité d’utiliser certaines applis de vidéochat autrement qu’en plein écran sans perte de la vidéo, rigidité de la gestion des espaces de travail, gestuelle « multitâche » pas toujours intuitive et adaptée, etc. Précisons que ces concessions ne sont pas propres à l’iPad, certaines existent aussi sur les modèles Pro. Ce n’est donc pas seulement une question d’entrée de gamme, mais d’OS.
iPadOS du mieux mais encore des ratés
Si on veut s’attarder un peu sur iPadOS 14, on saluera l’arrivée des widgets et la présence d’un Siri plus discret et plus performant également. Néanmoins, on regrettera l’absence de la Bibliothèque d’applications, présente sur iOS 14 et donc les iPhone, mais qu’Apple n’a pas retenu sur les iPad. Cela aurait pu être un bon moyen de retrouver rapidement des applis ou même des documents sans avoir à passer par l’application Fichiers. Apple doit avoir ses raisons pour priver les utilisateurs d’Apple de cette fonction, mais nous ne la connaissons pas.
De même, alors que cet iPad est assurément une tablette familiale qu’on laissera dans le salon et qu’on confiera volontiers aux enfants pour faire leurs devoirs ou s’amuser, on ressent cruellement l’absence de gestion de plusieurs comptes utilisateurs dans iPadOS. Ce n’est pas nouveau, certes, mais cela pourrait grandement faciliter la vie au quotidien.
C’est d’autant plus surprenant qu’Apple est un ardent défenseur de la vie privée. Or, en l’espèce, impossible de conserver des données personnelles pour soi, puisque toute personne qui accédera à la tablette pourra consulter vos mails, chats, fichiers, etc. On apprend à vivre avec, mais cela limite aussi les usages et donc l’intérêt de l’iPad dans certains cas.
Le sempiternel problème du stockage trop limité
Pourtant, au-delà de cette limite d’iPadOS, à notre sens, au quotidien, le plus gros problème de l’iPad est son stockage proposé sur le premier modèle. 32 Go (pour 389 euros), en 2020, c’est bien trop peu. Même l’iPhone SE embarque deux fois plus de stockage de base. L’usage du Cloud ne suffira pas à compenser cette faiblesse, qui imposera rapidement de désinstaller des applications ou de devoir télécharger ses documents lourds quand on en a besoin… et si on a une connexion à Internet.
Voilà pourquoi, une fois encore, nous vous recommandons, sauf si votre budget ne le permet vraiment pas, d’opter pour le modèle doté de 128 Go de stockage, qui coûte 100 euros de plus, à 489 euros… Il représente une meilleure affaire, surtout si vous envisagez d’utiliser l’iPad longtemps, ce que nous vous recommandons évidemment et qui est tout à fait envisageable au vu de sa puissance et de la qualité de sa finition.
Coureur de fond ?
Terminons ce test par un point sur l’autonomie. Les iPad depuis leurs débuts ont toujours eu pour objectif de tenir le cap des 10 heures d’autonomie. Mais est-ce encore possible avec une nouvelle puce bien plus puissante ? La réponse est oui. L’iPad 2020 est, selon nos mesures, un peu moins endurant que l’iPad 2019, mais la tablette maintient une performance honnête, un peu en retrait par rapport à ce qu’offre la moyenne des tablettes concurrentes.
Avec 11h39 en autonomie polyvalente et 11h56 en streaming vidéo, elle n’a toutefois pas à rougir et tient ses promesses. On aurait toutefois aimé qu’elle se recharge à plein plus rapidement. Il lui a fallu près de quatre heures pour passer de 0 à 100% selon nos mesures…
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