Jouissant d’une très bonne réputation, Canyon est l’un des fabricants de vélo les plus en vue depuis quelques années. La raison de ce succès réside dans un excellent bouche à oreille mais aussi dans un savoir faire au niveau des cadres et du choix de l’équipement qui a été maintes fois souligné par les sites spécialisés.
Pourtant, quiconque souhaite s’acheter l’un des vélos du fabricant allemand se heurte à une dure réalité : non disponibles dans les magasins de cycles en France, il est impossible de les essayer avant de craquer. En effet, ils sont uniquement vendus en ligne, sur le site de Canyon.
L’autre difficulté rencontrée par les utilisateurs de vélo de la marque, c’est la difficulté de parfois trouver un atelier acceptant de les entretenir ou de les réparer. Certains magasins de cycles refusent de prendre en charge les marques qu’ils ne distribuent pas. Ce dernier détail n’effraiera pas un cycliste aguerri ou bricoleur mais pourrait dissuader quiconque est allergique au cambouis. À moins bien sûr de trouver, près de chez soi, un réparateur compréhensif.
Malgré ces contraintes, le succès de Canyon ne cesse de se confirmer et la marque s’impose doucement comme une référence. C’est ce paradoxe qui nous a donné envie de tester l’un des vélos à assistance électrique du fabricant allemand.
À ce titre, le très urbain Precede:ON semble être l’une des propositions les plus alléchantes de son catalogue. Voici ce que nous en avons pensé après une douzaine de jours de test et un peu moins de 200 km au compteur.
Un design tranchant
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Canyon n’a pas souhaité aller vers la discrétion au moment d’imaginer son vélo de ville. Le Precede:ON CF9 est un vélo plutôt massif, aux traits marqués, doté d’une esthétique assez singulière, qui reprend les grandes lignes de celle de ses Commuters classiques. C’est notamment le cas de son guidon, en carbone, pensé comme un cockpit et spécialement dessiné par accueillir l’afficheur Knox de Bosch.
Mais ce qui dénote vraiment lorsqu’on regarde le vélo à assistance électrique (VAE) de Canyon, c’est cette longue diagonale ininterrompue qui relie le guidon à la base arrière du vélo et qui donne beaucoup de cohérence au plan d’ensemble. Malgré tout, les réactions peuvent être contrastées dans la mesure où le design du Precede:ON est loin d’être consensuel.
Une fois l’aspect esthétique évacué, il convient de se pencher sur la réalisation, à proprement parler. Sur ce point, Canyon a fait preuve de sérieux et d’un sens aigu des finitions. Les différentes soudures ont été polies, ce qui est devrait être une évidence sur un vélo à près de 5000 euros, mais ce n’est pas tout. Il suffit de regarder l’intégration des câbles (quasi invisibles) dans le cadre ou encore la façon dont Canyon a ajouté subtilement les différents accessoires tels que le porte-bagage pour comprendre le soin qui a été porté à la fabrication de ce vélo.
Finalement, seul un détail laisse perplexe. La batterie intégrée au cadre aurait mérité un cache de la couleur du vélo pour se fondre complètement dans l’ensemble à l’image d’un Moustache Lundi 27.3, par exemple. Mais pour le reste, qu’on aime ou non son design anguleux, il est bien difficile de ne pas apprécier sa qualité de fabrication.
Equipement : la recette Canyon
L’une des raisons qui contribuent à la bonne réputation dont jouit Canyon, c’est le choix du fabricant allemand en matière de composants. En effet, la marque a une politique assez stricte sur la sélection des différents équipements et travaille avec une liste de partenaires réduite. De fait, si la fourche, les freins ou encore le cadre sont signés Canyon, les disques (Tektro), la courroie (Gates) ou encore le couple batterie/moteur (Bosch) proviennent tous des acteurs référents du marché.
 ce propos, le choix d’une courroie, qui nécessite moins d’entretien et qui provoque moins de salissure sur les pantalons, s’avère particulièrement pertinent dans le cas de ce VAE urbain. Les freins, pour leur part, offrent un mordant très appréciable et un dosage progressif digne d’un modèle professionnel. Quant au moteur, Canyon a été au plus simple. Pour son vélo urbain le plus haut de gamme, le fabricant a pris le meilleur du catalogue Bosch, à savoir le Performance Line CX de 4e génération. Ses 85 Nm de couple paraissent quelque peu démesurés pour un usage essentiellement urbain mais ils sont précieux lorsqu’il faut s’extraire d’un rond point ou démarrer en trombe à un feu.
Quant à l’afficheur, Canyon a pris le parti d’utiliser un Kiox, le module amovible et là encore, la solution la plus haut de gamme de Bosch.
En outre, et c’est assez rare pour être souligné, Canyon intègre un cadenas pliable Abus qui prend place le long du tube vertical sous la selle. Celui-ci utilise la même clé que celle servant à déloger la batterie du vélo.
Enfin, c’est sans doute ce qui fait l’originalité de ce Precede:ON, Canyon a opté pour une transmission automatique et plus particulièrement pour la solution d’Enviolo. Elle pourrait être apparentée à une boite automatique sur une voiture, c’est-à-dire qu’il n’est plus nécessaire de changer de vitesse. Sur le papier, c’est sans doute la meilleure solution pour rouler en ville, mais dans les faits ce choix n’est pas sans défauts, nous y reviendrons.
En route : la transmission au top de la frustration
Vélo urbain dans sa conception, le Precede:ON place le cycliste dans une position légèrement penchée vers l’avant, presque sportive. En cela, il diffère d’un VanMoof S3 ou d’un Moustache Lundi 27 sur lesquels le pilote garde le dos bien droit.
La géométrie du VAE de Canyon est donc assez particulière, à mi-chemin entre un véritable vélo de ville et un VTT. Le pari était risqué mais force est de constater qu’il est réussi et que même sur des trajets de plus de 20 km la conduite reste agréable. Cette impression est renforcée par un très bon comportement, dynamique sur route, avec une conduite précise à souhait et surtout une grande impression de légèreté, malgré les 22 kg sur la balance.
Cependant, malgré ses très gros pneus de 57, le Precede:ON n’est pas le vélo le plus confortable qui soit. Que Canyon n’ait pas jugé bon de le doter d’une fourche suspendue, cela se conçoit aisément, en revanche, une suspension sous la selle aurait été bienvenue.
Venons en maintenant au véritable point noir de ce VAE : la transmission automatique Enviolo. De manière générale elle répond plutôt bien aux variations de vitesse et de cadence de pédalage. Malheureusement, il n’y pas un seul démarrage qui ne se fasse sans que l’on mouline allègrement le temps que la transmission s’ajuste. Que ce soit après un feu tricolore, à un croisement ou simplement parce que la situation l’exige. Arrêter le Precede:ON, c’est la garantie de s’offrir un court moment de frustration au redémarrage.
Bien sûr, il ne s’agit pas d’un défaut rédhibitoire mais à 4 990 euros, qu’un vélo rappelle régulièrement à son propriétaire son principal défaut n’est pas idéal. Surtout, ce moulinage intempestif réapparait également lorsqu’on dépasse les 37 km/h. À cette vitesse, il n’est pas rare de perdre un coup de pédale une fois de temps en temps faute de réactivité de la transmission. Fort heureusement, tous les Precede:ON n’optent pas pour la solution « Automatiq » d’Enviolo, il est dont envisageable d’opter pour le VAE de Canyon sans subir ce désagrément.
Autonomie : un impact mineur de la transmission auto
Le vélo électrique de Canyon dispose d’une batterie amovible Bosch de 500 W. Elle est l’un des modèles les plus répandus sur les VAE actuels et nous avons déjà pu avoir un aperçu de ses capacités sur les tests du Cannondale Canvas Neo ou du Moustache Dimanche 29.3 pour ne citer que deux exemples.
De ce point de vue, les résultats en matière d’autonomie sont sans surprise. Sur un terrain majoritairement plat et par des températures assez douces, il nous a été possible d’atteindre 75 km en utilisant uniquement le niveau d’assistance « sport ». De fait, le passage en mode éco pourrait dépasser les 100 km ce qui place le VAE de Canyon parmi les très bons élèves en matière d’autonomie.
A toutes fins utiles, rappelons que les performances sur cet aspect des vélos électriques sont dépendantes du gabarit du cycliste, du type de parcours mais aussi de facteurs aussi variés que la température extérieure ou la pression des pneus.
Bien que nos tests soient réalisés sur le même parcours de 40 km, il est impossible de reproduire à l’identique les mêmes conditions d’un essai sur l’autre. Par conséquent, notre valeur d’autonomie est surtout indicative des capacités de chaque vélo.
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