De nombreux abonnés à Internet ont été connectés à leur insu à des numéros de téléphone surtaxés. Résultat : des factures souvent faramineuses.
Les dialers se répandent sur Internet. Littéralement numéroteurs, ils existent depuis longtemps : il s’agit de logiciels qu’on télécharge et qui modifient provisoirement les paramètres de connexion Internet pour que le modem RTC (bas débit) compose un numéro surtaxé, permettant d’accéder à des sites à ‘ valeur ajoutée ‘, un terme souvent synonyme de pornographique. L’exploitant du site perçoit une partie du montant des communications. Mais, d’outil de paiement, le dialer se mue en arme de braquage pour les gangsters de la Toile.
Téléchargement discret et connexion modifiée
Certains sites s’arrangent en effet pour que les internautes téléchargent et installent des dialers à leur insu, en cachant le programme derrière un logiciel gratuit. Ces services ‘ n’annoncent pas clairement la couleur et font preuve d’une certaine opacité tarifaire ‘, confirme Cegetel. Il faut en effet lire plusieurs pages Web pour découvrir que le téléchargement d’un logiciel gratuit provoquera l’installation d’un numéroteur. Pire : certains sont propagés par des virus ou dans des pop-up.Quel que soit le moyen de propagation, le résultat est toujours le même. En quelques minutes, le programme est téléchargé sur le micro et modifie les paramètres de connexion, sans que l’internaute ait été informé du tarif ou des modalités des appels. Sophos, éditeur de logiciels de sécurité informatique, a déniché sur la Toile environ 200 dialers dangereux. Pour tirer un maximum d’argent de leurs victimes, les escrocs qui utilisent ces dialers ne se sont pas arrêtés aux numéros de téléphone surtaxés en France (à 1 euro la minute).
5 euros les 15 secondes !
Ils préfèrent ouvrir des numéros dans des micro-Etats aux lois ‘ souples ‘, comme Sao Tomé et Principe, archipel du golfe de Guinée. Résultat : des victimes sont facturées 5 euros les 15 secondes pour une communication par satellite. Sur les factures des victimes, l’opérateur responsable des liaisons vers ces pays tropicaux est souvent l’italien Telespazio.A Rome, le porte-parole de cette compagnie a refusé de nous dévoiler l’identité de ses clients, tentant de désamorcer l’affaire : selon lui, tous les plaignants ne sont que des menteurs. ‘ L’expérience passée confirme, hélas, que ces appels sont émis en toute connaissance de cause ‘, soutient-il. Sous-entendu : les victimes sont toutes des obsédés sexuels qui se sont connectés à des sites pornographiques.Au-delà des prestataires de services, qui se cache derrière ces arnaques ? ‘ Tous les escrocs de la télématique (Minitel, téléphone, etc.) que l’on connaît depuis des années. Etablis à l’étranger, et notamment en Suède, en Angleterre ou aux Pays-Bas, ils prennent peu de risques ‘, fulmine Hervé Soymié, secrétaire général du Conseil supérieur de la télématique (CST), l’organisme qui encadre en France les services à tarification majorée.