De l’IGN (Institut géographique national), on connaît surtout les cartes : cartes routières, itinéraires de randonnées, plans de villes… Mais les activités de cet institut public ne s’arrêtent pas là. L’une de ses
principales missions consiste à mettre à jour, en permanence, ses bases de données numériques afin qu’elles répondent aux besoins des administrations, des ministères et des sociétés privées. Sa base de données altimétrique est, par exemple, utilisée
par les opérateurs télécoms pour optimiser les distances entre leurs relais ; sa base orthophotographique, constituée de clichés aériens pris à la verticale des points photographiés, est quant à elle souvent consultée par les urbanistes et les
collectivités locales…Pour mener à bien des tâches aussi spécifiques, l’IGN a dû concevoir son propre matériel, et développer ses propres logiciels. De ses laboratoires sont sortis des caméras numériques et des programmes dédiés à l’établissement des plans
de vol, à la restitution des données géographiques à partir d’images numériques, ou encore à la détection automatique des bâtiments sur les photos aériennes… Certains de ses chercheurs participent également aux recherches internationales sur
l’amélioration des systèmes GPS.Si l’IGN se donne les moyens de se moderniser, c’est en partie parce que la photo aérienne doit maintenir son rang face à une sérieuse concurrente : la photo-satellite. Même si l’unité Espace, basée à Toulouse, produit des cartes
à partir d’images-satellites fournies par le Cnes (le Centre national d’études spatiales), la plupart des services de l’IGN travaillent à partir de clichés aériens. Des clichés pris à basse altitude, qui coûtent plus cher mais offrent un niveau de
détail bien supérieur aux vues prises depuis l’espace. Et à l’heure où se développe, sur Internet, l’accès gratuit aux photos-satellites, l’IGN espère encore que la vente de ses informations, ses cartes et ses photos, lui permettra de boucler son
budget. Didier Moisset, le responsable du service des activités aériennes, reste optimiste : ‘ Tant que l’Etat, notre principal client, privilégie la précision de nos informations au rendement de l’Institut, nous avons
encore quelques belles années de missions aériennes devant nous. ‘
De la photographie à la topographie
La prise de vue aérienne reste l’une des spécialités de l’IGN. Le numérique a remplacé l’argentique pour toutes les missions menées sur le territoire français. C’est la ‘ formule
d’image ‘, un ensemble de calculs mathématiques, qui permet d’établir la correspondance entre les pixels de l’image numérique et les coordonnées des points du terrain. Ces coordonnées sont enregistrées, pendant les vols, par
le système GPS de l’avion. L’époque où les géomètres parcouraient les Alpes à pied pour relever ces points est bien révolue !
Voir l’invisible
Les clichés réalisés à l’aide de la caméra proche-infrarouge (elle ne capte qu’une partie des rayonnements infrarouges) permettent de visualiser des éléments imperceptibles par l’?”il humain. Ces photographies sont surtout utilisées
pour étudier la végétation ou les étendues d’eau : l’eau, qui absorbe une grande partie des rayons infrarouges, apparaît d’autant plus sombre que l’endroit photographié est profond. L’IGN a ainsi réalisé plusieurs missions pour détecter les
zones inondées après de fortes intempéries.
Têtes chercheuses
Les caméras utilisées pour les prises de vue aériennes ont été conçues au Loemi (Laboratoire d’optique, d’électronique et de micro-informatique) de l’IGN. Trois d’entre elles sont constituées de quatre têtes, chacune munie d’un
capteur monochrome (un rouge, un vert, un bleu et un proche-infrarouge) d’une définition de 4 000 x 4 000 pixels. Le Loemi a aussi conçu une caméra noir et blanc ‘ papillon ‘ :
dotée de deux capteurs qui ne sont pas orientés dans la même direction, elle balaye une plus grande surface au moment des prises de vue.
Redessiner les réseaux
Tous les cinq ans, l’IGN remet à jour sa base de données topographique du territoire français. Celle-ci recense les réseaux (routier, ferroviaire, etc.), la végétation et le tissu urbain. Les techniciens de l’IGN repèrent ces éléments
sur des cartes numériques en relief, composées de deux photos aériennes superposées, prises au même moment sous des angles différents. En observant ces cartes avec des lunettes spéciales (dont les verres deviennent opaques tour à tour) les
techniciens obtiennent une impression de relief.
Pilotage photomatique
La flotte de l’IGN survole le territoire français du 1er juin au 15 septembre. En dehors de cette période, l’ensoleillement est trop faible pour les prises de vue. Pendant le vol, le photographe
contrôle, sur un écran, la qualité de ses clichés. La caméra prend une photo toutes les huit secondes. Il faut en moyenne 4 000 clichés pour couvrir un département.
Une voie toute tracée
Avant de partir en mission, pilote et photographe étudient le plan de vol. Sur ce document figurent les axes que doit suivre l’avion, ainsi que les coordonnées des parcelles à photographier. Ces plans de vol sont entièrement réalisés
sur ordinateur. Leur conception demande un à deux jours, contre une à deux semaines à l’époque où ces calculs étaient établis ‘ à la main ‘.
4 millions de films
Le service des archives de Saint-Mandé abrite les originaux de tous les clichés des missions aériennes effectuées par l’IGN depuis 1935, ce qui représente entre 4 et 4,5 millions de films ! Leur numérisation a débuté il y a un
an. Lorsqu’un film est abîmé, il est numérisé à l’aide d’un scanner, puis transféré sur cassette DLT. A ce rythme, il faudra encore dix ans pour traiter la totalité de ce fonds.
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