Depuis 1986, Top Gun restait la référence des films de combats aériens modernes. Dix-huit ans plus tard, Gérard Pirès relève le défi en adaptant pour le cinéma la célèbre bande dessinée Tanguy et Laverdure de Charlier et Uderzo. Celle-ci avait déjà été portée au petit écran sous le titre Les Chevaliers du ciel, dans les années 60. Si le metteur en scène a conservé l’esprit du feuilleton, le contexte a été actualisé et adapté à notre nouvel environnement technologique.Les deux héros, Tanguy et Laverdure, ont été rebaptisés Marchelli et Vallois, et les anciens Mirages III ont laissé place à des modèles plus récents, les Mirages 2000. L’histoire, quant à elle, trouve son inspiration dans le terrorisme islamique. L’enjeu du film était posé avant même l’écriture du scénario : réaliser des scènes de combats aériens avec de vrais avions sans recourir aux images de synthèse. Pour y parvenir, le réalisateur a consulté Ève Ramboz, superviseur des effets visuels chez La Maison. ‘ Gérard m’a demandé s’il était possible d’appliquer des effets sur des avions de chasse filmés dans le ciel, se souvient-elle. Il fallait identifier les thématiques, connaître la technologie des avions et travailler étroitement avec l’armée de l’air. ‘ Les contraintes techniques ont donc été nombreuses. Par exemple, les visières des casques reflétaient tout ce qui se trouvait devant l’acteur, notamment la caméra et les lumières. Il a donc fallu effacer ces reflets et les remplacer par d’autres, fictifs, entièrement créés sur ordinateur. Idem pour les écrans de contrôle du cockpit, qui sont entièrement virtuels mais très réalistes. ‘ Passionné d’aviation, Gérard Pirès a le souci du détail. Il voulait absolument que les voyants du tableau de bord affichent des données conformes à ce qui se passe en vol, souligne Ève Ramboz. Dans la salle des radars du film, 93 moniteurs ont dû être couverts de bleu pour y incruster au montage des images réalisées par ordinateur ! ‘.
Des effets à grande vitesse
De faux reflets, de faux signaux et de faux écrans, mais toujours de vrais avions. Tous les Mirages 2000 que le spectateur voit dans le film sont réels. Pour le plonger au c?”ur de l’action, l’équipe technique a installé cinq caméras 35 mm dans des réservoirs de kérosène, modifiés pour le tournage et fixés sous les ailes des avions. Conçues pour supporter les températures extrêmes que l’on trouve à 50 000 pieds d’altitude, et disposées selon des angles bien choisis, les caméras étaient commandées depuis la place arrière de l’avion. ‘ Pour certains plans, nous avons filmé les avions séparément. Puis, nous avons regroupé les scènes dans un plan général, explique Ève Ramboz. Quant aux plans serrés sur les pilotes, nous avons fabriqué en studio un cockpit monté sur des vérins que l’on actionnait pour simuler les mouvements de l’avion. ‘Ève Ramboz a suivi la totalité du tournage de Paris à Djiboutien passant par la base aérien ne d’Orange. À l’exception de la séquence du défilé militaire du 14 Juillet à Paris, qui fut réalisée en vidéo haute définition, le film a entièrement été tourné en 35 mm, puis scanné au format 2K (deux millions de pixels) et travaillé sur une station professionnel le Inferno. La scène la plus spectaculaire reste sans doute celle où un des avions franchit le mur du son… en rase-mottes ! ‘ Nous avons cherché à reproduire virtuellement le mur du son, qui se traduit physiquement par un nuage circulaire dans certaines conditions atmosphériques ‘, explique Ève Ramboz. Ce souci de réalisme ne cache pas certaines aberrations, justifiées cependant parla recherche de scènes spectaculaires. On s’étonne ainsi de voir encore voler un Mirage 2000 alors que le siège éjectable a été activé et que le pilote reste tranquillement aux commandes à l’air libre. Hormis ces petites incohérences (et sans doute grâce à elles), le film offre des sensations fortes au spectateur. Amateurs de vitesse et de voltiges aériennes, ne pas s’abstenir !
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