C’est un spectacle de théâtre un peu particulier qui a été retransmis en streaming sur YouTube ce 26 février. Son auteur ? L’intelligence artificielle GPT-2 de la société OpenAI, fondée notamment par Elon Musk, et qui est capable de générer automatiquement du texte à partir du corpus de livres accessibles en ligne. En l’occurrence, l’oeuvre s’appelle AI: when a robot writes a play et relate l’histoire d’un robot qui part à la découverte de la société, des sentiments humains et de la mort.
Célébrer l’invention du mot robot
Il s’agit d’une coproduction entre le centre culturel tchèque de Londres et le théâtre Svanda de Prague. L’idée était de commémorer les 100 ans de la première de la célèbre pièce de science-fiction R.U.R., de Karel Capek. Ce texte avait imposé l’usage du mot robot inventé par le frère de l’auteur à partir du tchèque robota qui veut dire travail ou corvée.
Il est donc particulièrement ironique de voir ce texte écrit par une machine interprété par des acteurs un siècle plus tard. Mais si 90% du texte final sont dus à l’IA, 10% relèvent tout de même de l’intervention humaine.
https://www.youtube.com/watch?v=QF4jU4yeFPI&feature=emb_logo
10% d’intervention humaine
Car le scénario de GPT-2 ne suivait pas forcément de logique et certains passages se contredisaient. L’IA perdait même de vue en cours de route que le personnage était un robot et le transformait alternativement en femme ou en homme au milieu d’un dialogue.
Logique car ce programme ne comprend pas vraiment le sens des phrases : il assemble des mots qu’il a vu utilisés conjointement ailleurs. Les scientifiques ont du diviser la pièce en huit scènes, chacune de moins de cinq minutes et un seul dialogue entre deux personnages à la fois.
L’équipe tchèque estime qu’il faudrait encore 15 ans pour que la technologie soit capable de générer un texte complexe comme une pièce de théâtre du début à la fin. Mais que ces premiers résultats sont déjà extrêmement prometteurs avec des paragraphes de texte qui tiennent la route. Il a également suffi de soumettre quelques phrases pour que l’IA commence à générer le début de la pièce.
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Des poncifs à la pelle
Les acteurs ont toutefois eu du mal à jouer la pièce, le texte n’étant pas forcément bien écrit pour fonctionner sur scène. GPT-2 n’a eu aussi aucune inhibition. Blagues morbides, violence ou sexe, elle s’est inspirée de tout ce que les humains produisent en ligne. Dans l’une des scènes générées, les personnages se disputent ainsi au sujet d’un doigt dans l’anus.
Les stéréotypes sexistes tournent enfin à plein puisque le robot, dont l’apparence est celle d’un homme, rencontre des femmes séductrices sur son chemin. Pas sûr donc que l’IA puisse renouveler la littérature tant qu’elle se basera sur ce qui a déjà été écrit et ses poncifs. Mais aussi tant que les humains qui la sollicitent et l’encadrent en seront eux-mêmes pétris.
Source : Science Mag
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