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Un tatouage à vie pour les CD diffusés en avant-première

Plusieurs majors essaient d’endiguer la circulation, sur Internet, de CD pas encore en vente. Elles veulent protéger les disques diffusés en avant-première.

C’est bien beau de s’en prendre aux internautes, mais les maisons de disques ont dû se faire une raison : les disques disponibles gratuitement et sans autorisation sur les réseaux peer-to-peer le sont de plus en plus avant leur
sortie en magasin. Les fuites ? Leurs propres équipes, ou bien les destinataires des versions promotionnelles en avant-première (presse, radios, marketing, distributeurs…).Universal, AZ Productions et EMI ont décidé de s’appuyer sur une technologie de watermarking américaine, intégrée par la société parisienne Level, spécialisée dans la duplication de CD en petit nombre et en un
temps réduit (quelques centaines en vingt-quatre heures).La technique n’empêche pas la diffusion sur le web, ni la copie, mais permet de marquer (et donc de repérer ultérieurement) la piste audio par un système d’identification a priori inamovible et inaltérable au fil
des copies et des lectures.

Dissuader, en sachant identifier le responsable

‘ Chaque CD audio est unique, explique Jérôme Chesneau, l’un des dirigeants de Level. L’encodage est unique, l’impression est unique. ‘ Le disque est ensuite distribué
avec une étiquette portant le nom du destinataire. A chaque nom correspond un numéro d’identification. Histoire de pouvoir remonter à la source si le fichier audio est repéré sur le web.Plutôt que de surprendre l’indélicat avec le droit d’auteur la main dans le sac, le but est surtout de le dissuader, avec un CD à son nom. ‘ Nous ne faisons pas les recherches, précise
Jérôme Chesneau, sinon, on pourrait y passer la journée. Mais on fait la détection. ‘ C’est aux maisons de disques de repérer les morceaux de musique illégalement diffusés. Level se contente de fournir les
immatriculations associées.Reste quelques petits soucis, pas tant techniques que relationnels. ‘ Ce qui me gêne dans le watermarking, explique Eric Daugan, directeur nouveaux médias chez Warner Music France, c’est que
je ne suis pas sûr qu’on irait réprimander les professionnels à l’origine de la fuite. ‘
Difficile, en effet, d’imaginer les dirigeants de Warner Music France aller tirer les oreilles à ceux de la Fnac parce qu’ils ont fait circuler un album avant sa sortie, quand on sait que le distributeur assure 25 % des ventes de
la major…Pour l’album de MC Solaar, sorti cette semaine, la maison de disques avait opté pour l’avant-première morcelée. Chacun des mille destinataires professionnels a d’abord reçu quatre des seize titres. Puis quatre autres la
semaine suivante. Puis encore quatre la troisième semaine et les quatre derniers la quatrième semaine. Lalbum aura donc mis un mois avant de se retrouver en entier sur le web.

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Arnaud Devillard