A la lumière de l’annonce de notre récente alliance avec Cisco et de celle du rachat de l’activité Token Ring d’Olicom par Madge, je vous écris pour clarifier notre position et répondre à toutes les questions que vous pourriez vous poser sur l’engagement d’IBM à vous fournir des produits et des solutions Token Ring, et à les supporter…”
Les installations Token Ring se font rares
Cette mise au point publique figure sur le site Web de l’activité réseau d’IBM (www.networking.ibm.com). Elle est signée par Scott D. Smith, vice-président chargé du marketing et des ventes au niveau mondial de la division Réseau du constructeur. C’est une manière très explicite de rassurer les quelque vingt millions d’utilisateurs connectés en Token Ring dans le monde. En effet, déroutés après une communication mal gérée, au sujet de l’accord avec Cisco (lire 01 Réseaux, n?’ 71, p. 11), ils en avaient presque oublié qu’IBM continuait de développer des produits Token Ring. La dynamique d’ensemble, en ce qui concerne la demande, est claire : ce marché vit pour l’essentiel grâce à sa base installée. Un constat intégré, même chez IBM : ” Il n’y a que très peu de nouvelles installations en Token Ring, au mieux des renouvellements ou des extensions de réseaux “, commente Didier Henriot, architecte réseau à la direction des produits réseaux d’IBM France. Faut-il pour autant en conclure que le marché des réseaux locaux Token Ring est condamné à plus ou moins brève échéance ?
“Il y a un mouvement général de migration de Token Ring vers Ethernet. Dans un secteur comme la banque et l’assurance, en France, les installations Token Ring représentent encore plus de la moitié des réseaux locaux installés. Le mouvement est toutefois assez progressif”, ajoute-t-il. Pour ceux qui choisissent de faire évoluer leurs réseaux Token Ring sans les remettre en question, la voie de la commutation paraît logique. Les statistiques de marché les plus récentes confirment cette évolution. Celle-ci se révèle particulièrement sensible au niveau du raccordement des postes de travail.
Les concentrateurs passifs (sans réamplification du signal) ou actifs (avec réamplification du signal) qui raccordent les postes de travail à un anneau à jeton dont la bande passante est partagée voient leurs ventes décliner inexorablement, en valeur comme en volume.
Les chiffres de vente sont cruels pour le Token Ring
“Nous constatons une forte poussée de nos ventes de commutateurs sur les deux premiers trimestres de 1999”, explique Marie-Jeanne Dougados, directrice marketing de Madge Networks France.
“Nous estimons que les ventes de commutateurs Token Ring vont s’accroître en 1999, à mesure que certains responsables réseaux vont prolonger la vie de leurs réseaux en faisant migrer la connexion de postes de travail, des anneaux partagés vers des commutateurs”, soulignait le cabinet Dell’Oro Group dans un rapport publié au deuxième trimestre 1999*. En dépit de ce rebond du marché, la comparaison avec le secteur Ethernet est cruelle. Pour IDC, en 1998, les livraisons en volume de ports Token Ring commutés n’ont représenté que 2 % d’un marché européen estimé à douze millions de ports commutés pour l’ensemble des technologies de réseaux locaux (Ethernet 10/100 Mbit/s, FDDI, Token Ring, ATM et Gigabit Ethernet). Ces chiffres justifient sans peine le désengagement des constructeurs vis-à-vis de cette technologie. En cette fin d’année, seul Madge, via Madge.connect qui a racheté l’activité correspondante du danois Olicom, peut être considéré comme spécialiste du Token Ring. Et encore, ce constructeur ne met pas tous ses ?”ufs dans le même panier, il a donc pris soin de se diversifier en créant une activité parallèle d’opérateur sur Internet, baptisée Madge.web.
L’enquête de Dell’Oro ne distingue plus, dans ses statistiques les plus récentes sur les livraisons de ports commutés, que deux autres fabricants importants aux côtés de Madge-Olicom et d’IBM : Cisco et Nortel. La tendance du marché risque d’aboutir, à terme, à un quasi-duopole constitué du tandem Madge-Olicom et d’IBM, dont les dernières prises de positions ne vont pas contribuer à dynamiser le marché. Quant aux autres constructeurs encore actifs dans ce secteur (3Com, Cabletron et Alcatel-Xylan), ils se contentent d’afficher des produits Token Ring à leur catalogue (lire le tableau L’Offre).
Madge-Olicom, seul aux commandes du marché ?
Cette désaffection des constructeurs vis-à-vis du Token Ring se traduit par une désertion des membres actifs soutenant l’association HSTRA (High Speed Token Ring Association), dont on peut consulter le site Web (www.hstra.com). Créée en 1997 avec 3Com, Bay Networks et Xylan, cette alliance n’a plus, deux ans plus tard, pour seul soutien qu’IBM et Madge-Olicom. En ce qui concerne les développements de produits, IBM ne semble toutefois plus dans la course.“La compagnie a décidé, pour l’instant, de ne pas introduire cette technologie dans sa gamme de commutateurs, en raison de perspectives de marché jugées insuffisantes. En revanche, IBM possède une carte adaptateur au bus PCI fonctionnant à 4/16/100 Mbit/s depuis la fin 1998”, précise Didier Henriot, d’IBM France. Une situation qui risque de jeter les utilisateurs de produits IBM pariant sur le Token Ring à hauts débits dans les bras de Madge-Olicom. ” Nous sommes désormais les seuls à soutenir le Token Ring hauts débits sur les adaptateurs et les commutateurs. Avec l’apport d’Olicom, notre part de marché agrégée sur les livraisons de ports commutés a approché les 50 % en France, au deuxième trimestre 1999 “, explique Jérôme Mauduit, directeur général de Madge pour la France et la Belgique, qui intègre aussi, depuis le mois de septembre, les activités d’Olicom. ; * Shared Hubs & LAN Switches, Dell’Oro Group.
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