Razer se lance à son tour dans l’arène de la console portable. Après Logitech qui a lancé il y a trois semaines sa G Cloud, voici donc la Razer Edge. Un drôle d’appareil qui préfère s’appuyer sur les canons des smartphones plutôt que sur celui du Steam Deck. Alors que la console de Logitech est monobloc, l’Edge repose sur un terminal qui peut être retiré de la manette. Ce faux-smartphone – dans sa version Wi-Fi, une version 5G est en route – peut ainsi être embarqué vraiment partout, même dans le sac le plus petit.
Du côté électronique, l’appareil est intéressant et on sent la patte gamer de Razer. Le vrai atout de la console est à notre sens son écran. Une dalle tactile AMOLED de 6,8 pouces intégrant 2400 x 1080 pixels, mais surtout cadencée à 144Hz. Puisque la console s’appuiera en grande partie sur le cloud gaming (ou le streaming local), les titres les plus nerveux vont pouvoir tirer parti de cette fréquence de rafraichissement. Qui n’existe nulle part ailleurs dans le monde du jeu mobile.
Fonctionnant sous Android 12, la console est basée sur la puce Snapdragon G3X de Qualcomm. Razer avait d’ailleurs construit un prototype pour Qualcomm l’an dernier afin que ce dernier puisse présenter sa plateforme à la presse. Aux côtés de la puce, on retrouve 128 Go de stockage flash, 8 Go de RAM une webcam 1080p et une batterie 5000 mAh.
L’inconnue d’importance étant la vraie puissance du Snapdragon G3X, dont nous n’avons jamais pu comparer les performances à un autre processeur. Si nous avions pu prendre en main le prototype lors du Snapdragon Summit l’an dernier, nous ne sommes pas plus allés plus loin. De prime abord, les performances d’une console cloud peuvent paraître peu importantes, mais pensons aussi au jeu local : il existe de nombreux jeux sous Android 12 et il est important de savoir à quoi peut servir la console quand il n’y a pas de réseau. Et ce notamment face au petit Snapdragon 720G qui équipe la console de Logitech.
Un choix ergonomique étrange
Pas besoin d’aller très loin pour la partie contrôleur de l’appareil : on dirait évidemment une déclinaison du Kishi de… Razer. Et c’est même ainsi que Razer le précise sur son site : quand vous achetez le produit, la partie computing s’appelle « Edge » et la manette est bien un « simple » Kishi V2 Pro. Ce contrôleur de jeu télescopique et universel existe déjà en version V2, sans la mention pro. Et il est déjà destiné à transformer « les smartphones en console de cloud gaming ».
Disponible à la fois pour les iPhone et les terminaux Android, l’accessoire qui coûte aux alentours de 90 € est déjà une des bonnes options manette du marché… sans pouvoir égaler une « vraie » console. Car le côté articulé n’offre pas, dans les mains, la même rigidité qu’une console monobloc. Une ergonomie qui fait d’ailleurs le succès actuel du Steam Deck.
On comprend la démarche de Razer de proposer une plateforme performante et basse latence (Snapdragon G3X) avec un écran ultra rapide pour les gamers. Mais le côté détachable nous échappe étant donné qu’il ne s’agit pas d’un vrai smartphone… À moins que l’entreprise ait la nostalgie de la première Razer Edge. Lancée en 2013, cette tablette sous Windows 8 couplait Core i5 et carte graphique Nvidia (GT640M) avec des accessoires de gaming (déjà). Allant de 999 à 1500 dollars, elle reste un échec de Razer. Qui a cependant maintenu cette ergonomie amovible avec l’Edge nouvelle.
Une rude concurrence
Si nous vous avions dit que nous considérions que la Logitech G Cloud trop chère, la critique s’applique aussi à la Razer Edge, qui coûtera à partir de 50 $ de plus. Nous ne critiquons pas le tarif au regard des composants : avec un écran AMOLED, les mémoires intégrées, la plateforme Snapdragon, les antennes basse latence, etc. le prix semble logique. Non, notre critique tient compte des limites des usages. Et de la compétition des consoles que vous pouvez acheter… et de vos équipements existants.
Il y a une Switch de Nintendo, moins chère et avec un catalogue exclusif ainsi que de nombreux titres indépendants sur le store. Il y a aussi le Steam Deck, à un tarif de départ approchant la console de Razer, qui profite d’un incroyable ludothèque PC. Ou encore les concurrents chinois façon Aya, OneX ou GPD. De vrais PC certes chers, mais qui peuvent absolument tout faire.
Tous ces appareils susmentionnés ont une force en commun : ils ont leur propre puissance et leurs propres jeux locaux. Et sont à même de jouer sans la moindre connexion réseau. Face à eux, l’offre de Razer a assurément des mieux-disants techniques (5G en option, latence théorique, écran 144Hz), mais qui ne collent pas dans les usages d’un appareil nomade dont la puissance est déportée sur le cloud. En cas de coupure ou mauvaise connexion, à quoi sert la console ?
Le plus dangereux ennemi pour la Razer Edge est cependant votre propre smartphone. Avec de plus en plus de dalles 120 Hz, de nombreux terminaux n’ont pas à rougir. Et le Kishi de Razer permet, peu ou prou, d’obtenir la même ergonomie « encastrable ». L’Edge n’apporte ici pas un élément de confort aussi important que la console de Logitech ou une Steam Deck.
La Razer Edge n’est pour l’heure annoncée qu’aux USA.
- Elle sera disponible 399,99 $ hors taxe en version Wi-Fi.
- La version « Founders Edition » Wi-Fi aussi avec des écouteurs Hammerhead True Wireless est à 499,99 $ HT.
- La version 5G n’a pas encore de prix officiel. Du point de vue matériel, cette version intègre un modem, des antennes Sub 6 et mmWave et emplacement pour carte SIM.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.
Vous parlez pas de la Backbone One pas, dont Razer s’est allègrement inspiré, pour ne pas dire copier a l’identique ?