01Net.: Quel est l’objectif de Kelkoo?Pierre Chappaz : Tout simplement devenir le passage obligé des consommateurs et des commerçants en ligne, et sur tous les types de produits possibles. Nous sommes en fait partis d’une interrogation : quelle est la pièce manquante pour que le commerce électronique puisse enfin décoller? Car, du côté de l’offre, tout est déjà en place. Il y a dans l’Hexagone 1200 boutiques en ligne, très souvent de grande qualité et innovantes sur le plan des technologies. Or seuls 10 % des internautes passent à l’acte d’achat. Les autres hésitent, tout d’abord parce qu’ils ne sont pas convaincus des avantages de l’achat sur Internet, et, ensuite, parce qu’ils craignent de donner leur numéro de carte bleue ou des données personnelles.Et comment comptez-vous rassurer ces consommateurs craintifs? Notre site comprend en premier lieu un annuaire complet des différents sites de vente en ligne. Rien de très original en soi, sauf que cet annuaire est très bien fait et qu’il comprend des conseils et des commentaires, bref, des éléments permettant d’affiner ses choix. Nous avons également une rubrique d’aide juridique conçue en collaboration avec la cabinet d’avocats Bensoussan. Chacun pourra ainsi obtenir une réponse à des questions du type : je viens d’acheter quelque chose sur Internet, mais j’ai changé d’avis, que faire? Mais notre grand atout, c’est évidemment notre outil de comparaison des prix. Il permettra enfin une véritable transparence des prix sur Internet.L’offre en matière de comparateurs de prix est déjà vaste, en particulier avec des acteurs majeurs comme MySimon ou encore BuyCentral. Qu’allez-vous apporter de plus? Notre outil de comparaison de prix est technologiquement très en avance sur celui de nos concurrents. Il est issu d’un projet de recherche Bull-Inria qui a mobilisé plus de dix personnes pendant quatre ans. Et nous en sommes devenus les propriétaires exclusifs. C’est un outil à base d’agents intelligents 100 % Java utilisant des technologies de bases de données et de recherche documentaire. Concrètement, il permet de comparer instantanément des dizaines de prix avec une marge d’erreur proche de zéro. Et, pour l’acheteur, toutes les informations sont présentées sous forme de tableaux synthétiques et clairs.Combien de sites commerçants avez-vous déjà référencé?Nous devons à chaque fois paramétrer un agent spécifique pour chaque site que nous répertorions. Ce travail est réalisé par une équipe d’une dizaine de personnes. Aujourd’hui, nous avons 60 références, ce qui nous place d’ores et déjà en tête des sites français de comparaison de prix. Nous avons défini plusieurs marchés prioritaires comme les livres, l’immobilier, les vidéos, les jouets, l’informatique, le vin ou l’automobile. Fin janvier, nous en serons à 250 références, et, à plus long terme, nous visons le nombre de 7 000.Comment comptez-vous gagner de l’argent?Essentiellement par le biais de la publicité. Car, contrairement à la majorité de nos concurrents, nous ne toucherons aucune commission lors d’une vente. Tout est gratuit pour les consommateurs et pour les marchands en ligne. C’est une garantie d’indépendance. De fait, notre business plan est basé sur la construction d’audience. Nous prévoyons 1 million de clients en 2000, 3 millions en 2001, et 10 millions en 2002. Nous comptons également mettre en place un programme d’affiliation afin de permettre à d’autres sites d’utiliser notre technologie. Notre premier partenaire sera Voilà, à qui nous fournirons notre technologie. Cela dit, à l’instar du libraire en ligne Amazon, nous voulons tout d’abord grandir très rapidement. Nous verrons ensuite comment gagner de l’argent.Avez-vous prévu de vous installer aux Etats-Unis?Pour l’instant, nous voulons être le numéro un européen, même si nous allons bien sûr référencer les principales boutiques en ligne américaines. Au cours des six prochains mois, nous allons sortir des versions de Kelkoo dans les principales langues européennes. Vous avez démissionné la semaine dernière de la direction marketing d’IBM Europe.N’est-ce pas un grand risque personnel, à quarante ans, de tout quitter pour une start-up Internet? Chez IBM France, nous avons effectué un énorme travail de pédagogie pour expliquer Internet et les règles du commerce electronique. A force d’en parler, cela m’a vraiment donné envie de me lancer à mon tour dans l’aventure. Cest une véritable révolution que nous sommes en train de vivre, et je me suis dit que je ne pouvais vraiment pas la rater!
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