« Aujourd’hui, nous entamons un nouveau chapitre ». Jeudi 28 novembre avait lieu la grand-messe annuelle d’OVHCloud à la Maison de la Mutualité à Paris : un événement particulier cette année pour le groupe qui fêtait ses 25 bougies. « 25 ans pour moi, ce n’est pas rien. C’est la moitié de ma vie », a plaisanté Octave Klaba devant un parterre de développeurs, de clients, de partenaires et de fans. Le PDG fondateur du groupe est arrivé sur scène dans sa tenue habituelle – tee-shirt et pantalon noirs – après plusieurs minutes de prélude musical – du rock joué par trois musiciens, ambiance salle de concert incluse. Mais cette fois, il poussait une sorte de chariot – une baie sur roulettes – sur lequel était écrit : « One Prem Cloud Platform ».
« Là vous avez des serveurs de stockage, là (…) des GPU, et là (…) la puissance de calcul », a-t-il commenté, légèrement essoufflé, en ouvrant la porte de ce cluster. « Avec ça, vous avez tout le hardware, le software, donc tout pour faire fonctionner » les offres cloud d’OVHCloud, s’est-il enthousiasmé.
Une prise de fonction un mois plus tôt
Le « One Prem Cloud Platform » ou OPCP pour les initiés a été lancé cette année : avec cette offre, la société roubaisienne propose des services cloud sur des infrastructures sur site. « Beaucoup d’entre vous cherchent à garder vos infrastructures locales. Mais la nouveauté, c’est que beaucoup d’entre vous cherchent aussi à bénéficier du service cloud » « en mode déconnecté ou managé », a reconnu Benjamin Revcolesvhi. L’ancien cadre dirigeant de SFR et de DXC Technology (société de services informatiques) effectuait son baptême du feu en tant que nouveau directeur général d’OVHCloud, sur la scène de la Mutualité.
Car si la keynote était particulière cette année, c’est surtout parce qu’elle mettait en scène pour la première fois le quinquagénaire, qui a pris la suite de Michel Paulin en octobre dernier, après une transition de six mois. Octave Klaba n’a d’ailleurs pas manqué de remercier son ancien binôme – qui n’était pas sur place – pour ses six années à la barre de la société.
La transformation d’OVHCloud, « d’une dimension européenne à internationale »
En chemise taillée et pantalon de costard, le nouveau directeur général, des fiches à la main qu’il ne consultera qu’une fois, est d’abord revenu sur l’OCPB. « Cette infrastructure déconnectée est parfois nécessaire pour des raisons de sécurité, de conformité. Cela vous permet aussi de faire tourner vos applications en local, après les contraintes de latence, de connectivité, dans les usines », a-t-il souligné. De quoi intéresser « la santé, la sécurité intérieure ou encore l’industrie », qui souhaite par exemple davantage protéger ses données pour des raisons de confidentialité et de propriété intellectuelle.
Le Polytechnicien est ensuite revenu sur ses premières impressions en tant que nouveau dirigeant d’OVHCloud, un moyen de dresser le bilan de la société qui est, selon lui, passée « de l’infrastructure au software », d’une « dimension européenne à une dimension internationale ».
Une offre publique de rachat d’actions dans les prochains jours
OVHCloud a ainsi engrangé près d’un milliard de chiffres d’affaires cette année (année fiscale), dont la moitié réalisée à l’international. L’entreprise aux 3 500 collaborateurs peut aussi s’arguer de ses 1,6 million de clients et de ses 43 datacenters dont la moitié est à l’étranger. Malgré ces bons points, OVHCloud ne rivalise toujours pas avec les hyperscalers américains. AWS, Azure et Google Cloud dominent toujours largement le marché. Son offre publique de rachat d’actions, qui devrait être lancée dans les prochains jours, et dont l’objectif est de faire remonter son action, n’a pas non plus été évoqué. Cotée en Bourse depuis 2021, la société qui a essuyé de mauvais résultats l’année dernière a vu son cours chuter en mai dernier, avant de légèrement remonter.
Que ces deux sujets n’aient pas été abordés n’a rien de surprenant : keynote oblige, l’heure était à la célébration. L’entreprise fondée par Octave Klaba n’était en effet pas là pour compter les nuages qui s’amoncellent sous le ciel de Croix et de Roubaix, mais pour mettre en avant les rayons de soleil qui illuminent la société nordique.
La sempiternelle carte de la souveraineté de l’entreprise
Parmi eux : la sempiternelle carte de la souveraineté de la société, illustrée par son offre SecNumCloud qui s’étoffe. Ce label de cybersécurité délivré par l’ANSSI est désormais exigé par le gouvernement pour l’hébergement de données sensibles (régalien, santé) en vertu de sa doctrine Cloud au centre. Et cela tombe bien, puisque l’offre de Cloud public d’OVHCloud est en cours de certification SecNumCloud – la labellisation devrait tomber courant 2025.
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Le sujet de la souveraineté a été aussi abordé par Clara Chappaz, la secrétaire d’État à l’IA et au Numérique qui avait fait le déplacement. Pour cette dernière, OVHCloud permet au pays de « renforcer (son) autonomie stratégique ». Si l’ancienne patronne de la French Tech n’a pas fait référence aux négociations qui entourent l’EUCS, la version européenne du SecNumCloud actuellement discutée à Bruxelles, cette dernière n’a pas manqué de citer le rapport Draghi qui appelle au nécessaire réveil de l’Europe.
Au sein d’OVHCloud, s’inquiéte-t-on de la tournure des négociations qui semblent privilégier un EUCS sans critère de souveraineté (et sans exclusion des hyperscalers américains), pour l’hébergement des données les plus sensibles des Européens ?
La question est balayée de la main par la responsable du quantique et du programme start-up d’OVHCloud, Fanny Bouton, interrogée pendant un point presse post-keynote. Pour cette dernière, les clients s’adressent surtout à OVHCloud pour ses prix et la qualité de son service, avant le caractère souverain du clouder.
« Un Frankenstein de l’IA pour prendre le meilleur de l’open source et assembler les bons modèles »
D’autres annonces plus liées à l’IA ont été distillées durant la keynote, avec un accent particulier mis sur l’IA open source, le groupe étant incapable de s’aligner sur les milliards nécessaires au développement de LLM propriétaires : OVHCloud a notamment présenté Omissimo, décrit par Octave Klaba comme « un Frankenstein de l’IA pour prendre le meilleur de l’open source et assembler les bons modèles ». La requête selon sa nature serait redirigée vers le LLM open source le plus pertinent.
« Par exemple, pour traduire de l’anglais au français, Llama 3.2 est idéal. Pour une traduction vers le chinois, Qwen 2.5 fait mieux », précise le fondateur d’OVHCloud. Une API – AI Endpoint – permet aussi d’accéder à une quarantaine de LLM – des offres plus destinées aux développeurs qu’aux usagers finaux.
Le groupe mise sur le quantique
Enfin, une part belle de la keynote a été consacrée au quantique. OVHCloud, qui a acquis l’ordinateur quantique MosaiQ en mars dernier, a annoncé mettre à disposition un hub de huit émulateurs quantiques. Un ordinateur quantique « branché sur » le cloud sera lancé l’année prochaine, en partenariat avec la start-up française Pasqal. Il sera donc bientôt possible d’exécuter des calculs sur cet ordinateur quantique : une première.
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Son dirigeant, Georges-Olivier Reymond, a rappelé sur scène qu’avec le quantique, il ne s’agissait pas « de gagner quelques pourcents, mais de passer d’une quantité de calcul qui durerait de milliards d’années à seulement quelques jours ». Un bond technologique sur lequel OVHCloud compte bien surfer… ces vingt-cinq prochaines années.
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