Au milieu des géants de l’électronique taïwanais et chinois, coincés entre les mastodontes américains du logiciel et du matériel nous avons trouvé une drôle d’équipe européenne sur un stand d’un industriel « ami » : l’équipe de la TPE belge MonsterLabo. Une toute petite entreprise lancée par des Français, des anciens de Calyos, une entreprise qui avait fait la une du monde du hardware pour ses technologies de refroidissement passives. Née des cendres de Calyos, « une aventure qui s’est arrêtée pour des raisons humaines », MonsterLabo présentait son premier boîtier PC sans ventilateur, assez sommairement nommé… « The First ».
« OK, on ne s’est pas trop creusé la tête pour le nom ! », rigole Nicolas Depret. Le nom est basique, mais le boîtier l’est beaucoup moins. Ingénieur thermicien passé par Bull et Calyos, il déjà six brevets à son actif dont un qui protège exclusivement « The First ». La prouesse ? Évacuer la chaleur d’un CPU (processeur) et d’un GPU (puce graphique) avec un seul bloc radiateur. Le tout avec 21 ailettes et 12 caloducs.
« De quoi dissiper l’énergie dégagée par le plus puissant des Ryzen et intégrer une carte graphique puissante comme une Nvidia GTX 1660 sans utiliser le moindre ventilateur », détaille Elisa Wolf, responsable communication et cofondatrice de MonsterLabo. Le boîtier de seulement 19 litres avec toutes ses ailettes et ses caloducs peut en effet dissiper 220-225 W sans aucun ventilateur, l’ajout d’un ventilateur de 140 mm tournant à 600 tr/min (quasi inaudible) permettant de pousser à 240 W sans problème. « Nous travaillons aussi à un boîtier qui soit capable d’accepter un ventilateur de 200 mm qui tourne encore plus lentement », confie-t-elle.
Outre ses compétences thermiques, la force du boîtier « The First » est qu’il « peut recevoir tous les composants classiques que l’on trouve sur le marché. N’importe quelle carte mère Mini ATX, n’importe quelle alimentation ATX/SFL-L ou SFX et n’importe quelle carte graphique jusqu’à 27 cm de long en design standard se montent à l’intérieur ». La limite thermique étant de 190 W max sur un poste de charge (CPU ou GPU) et pour un total de 240 W.
La durabilité au cœur de la conception
La toute petite entreprise « que l’on fait tourner sur notre temps libre puisque nous avons tous les deux un autre job », détaillent les deux comparses est une vraie aventure humaine. Si le design de l’appareil en lui-même est déjà un défi en soi, l’industrialisation est un parcours du combattant : « Pour pouvoir accéder à notre conteneur qui venait de Chine (où sont fabriqués les produits, NDR), je suis allé moi-même le sortir de chez Maersk au port d’Anvers ! », relate, hilare, Elisa Wolf. Entre les blocages de douane, les tracasseries administratives, le sourçage des matériaux, la petite équipe qui compte quatre personnes au total a du pain sur la planche.
Et malgré les difficultés que représente un tel défi, MonsterLabo joue la carte de l’éthique du durable à fond : « Pour l’heure, il n’y a plus aucune usine qui nous permette de produire en Europe, mais c’est notre but », relate dans un premier temps Nicolas Depret. « L’automatisation des usines pourrait être la chance d’un retour en Europe de cette industrie », explique-t-il. Outre la conscience locale, l’ingénieur a aussi celle du durable : « On ne veut pas de boîtiers qui soient jetables. Mis à par le bloc radiateur, rien n’est soudé dans le boîtier et nous n’utilisons qu’un seul type de vis (plus de cent dans le boîtier, ndr). N’importe qui peut réparer ou personnaliser le boîtier », explique-t-il, pas peu fier.
Disponible pour l’heure uniquement en ligne sur leur site web, « The First » n’a pas fait l’objet d’un financement participatif, « son développement et sa production ont été financés par nos propres fonds ». Outre l’achat direct, la bête sera bientôt distribué par un vendeur en ligne belge très connu sous la forme de configurations prêtes à l’emploi, et pourrait rapidement arriver en France. La cible d’un tel boîtier pouvant autant être les particuliers obsédés par le bruit que les entreprises et autres associations qui ont besoin de machines n’émettant ni bruit, ni vibrations (industrie culturelle pour les expos, labos de mesures sonores, etc.).
The First est commercialisé à 369 euros boîtier nu et 429 € avec des éléments optionnels (pâte thermique, ventilateur 140 mm Noctua, etc.)
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