A l’occasion du test de l’Asus Zephyrus, premier portable Max-Q Design passé entre nos mains, il nous est paru important de revenir sur ce que recouvre cette appellation de Nvidia. Présentée lors de la conférence de la société à Taipei, cette nouvelle norme vise à faciliter l’intégration de grosses puces graphiques à l’intérieur de PC portables ultrafins.
Au travers de nos échanges avec les portes-paroles de la marque ces dernières semaines, nous avons compris que le Max-Q Design était avant tout un cahier des charges établi par Nvidia à destination de ses partenaires, qui doivent le respecter.
Des spécifications strictes qui portent sur les mensurations des boîtiers, 2 cm d’épaisseur maximum, un poids ou encore des nuisances sonores contenues. Mais, Max-Q, c’est aussi une nouvelle fournée de GPU GeForce pour PC portable capables d’officier dans ces châssis de faible épaisseur.
Des GPU qu’on nous a tout d’abord décrit comme aussi puissants que les autres… comme pour faire écho à l’annonce de Jensen Huang – le CEO de Nvidia. Ce dernier avait été assez peu disert sur ce qu’étaient vraiment ces GPU et sur leurs caractéristiques techniques. Nous avions mis cela sur le compte d’une conférence déjà bien dense, obligeant ce dernier à rester concis.
Jensen Huang avait juste précisé : « Ce sont les mêmes [puces] que celles des actuelles cartes GeForce série 10 mais elles peuvent être intégrées dans des PC portables plus fins ». Si l’expression « tour de force » vient tout de suite à l’esprit, il nous a fallu prendre un peu de recul pour lire entre les lignes et, surtout, analyser les données fournies a posteriori par Nvidia.
Max-Q Design, enfin de la puissance graphique dans des PC portables fins
Précisons d’abord que toutes les machines Max-Q Design doivent être homologuées par Nvidia. Une façon pour le concepteur de s’assurer que ses partenaires n’utiliseront pas cette nouvelle famille de puces autrement que dans des PC portables ultrafins, et « pas forcément hors de prix », nous assure-t-on chez Nvidia.
Passons maintenant aux choses très sérieuses. Les GeForce GTX 1060, GTX 1070 et GTX 1080 « Max-Q Design » (elles sont identifiées comme cela par les programmes de test) ont la même architecture (Pascal) que leurs homonymes pour les autres types de PC. Elles portent donc le même nom que les cartes graphiques de la famille, à tort de notre point de vue.
A y regarder de plus près, seuls le nombre d’unités CUDA (cœurs d’exécution), la quantité de mémoire embarquée (GDDR5 ou GDDR5X) et l’interfaçage du bus sont identiques à ceux des puces présentes dans les PC portables gaming actuels.
En revanche, du côté des fréquences de fonctionnement et du GPU Boost, il n’en est rien ! Celles-ci sont revues à la baisse comme le montre le tableau ci-dessous. Et l’impact dans les performances en jeu est immédiat. Ces sacrifices demeurent parfaitement assumés par Nvidia.
Cliquez ici pour voir le tableau ci dessous en plus grand.
Pourquoi avoir abaissé les fréquences des puces ? L’explication tient en une abréviation : TDP. L’enveloppe thermique (et donc la consommation globale) des processeurs graphiques Max-Q ne peut pas être la même que celle des GeForce GTX classique.
Pourquoi ? Tout simplement parce qu’aucun PC rentrant dans les cases Max-Q n’est – à ce jour – équipé d’un système de refroidissement capable de dissiper toutes les calories d’une puce classique (150 watts pour une GTX 1080 de PC portable). Un problème, une solution : on baisse les fréquences de fonctionnement et on les maintient à un certain niveau. La consommation baisse donc et atteint la fourchette mentionnée dans notre tableau (90 à 110 watts pour une GTX 1080 Max-Q Design).
Toujours pour justifier les baisses de fréquences de fonctionnement, Nvidia explique que la GeForce GTX 1080 d’un PC portable gaming classique n’a, en fait, pas besoin de consommer 150 watts pour afficher un jeu dans de très bonne condition. Seule une petite centaine de watts serait nécessaire. Le reste, soit 1/3 de la consommation annoncée, ne servirait qu’à absorber une augmentation massive du niveau de détails dans les jeux et supporter les éventuels overclockings appliqués. En clair, selon Nvidia, des besoins énergétiques disproportionnés pour le peu de gain obtenu.
Donc, les puces Max-Q n’ont pas vocation à faire tourner les jeux à fond comme le feraient d’énormes PC portables. Elles doivent simplement offrir le meilleur rapport performance/consommation en tenant compte de l’épaisseur de leur habitat.
Des PC bien refroidis et peu bruyants
Avec Max-Q, Nvidia donne également des lignes de conduites à suivre concernant la ventilation. Celle-ci doit être optimisée et suffisante pour qu’aucun effet throttle n’apparaisse lorsque la puce graphique tourne à plein dans les jeux.
Nvidia préconise donc l’utilisation de certains systèmes de dissipation ou de schémas de ventilation pour que toutes les calories soient bien évacuées. C’est là, pour tenter de réduire le bruit, corolaire du refroidissement, que Nvidia fait intervenir le WhisperMode, une nouvelle fonction à venir dans GeForce Experience (GFE).
Cette technologie identifie les puces Max-Q (compatibles avec les autres GeForce également) et se sert des profils de jeu enregistrés dans GFE pour établir quel est le meilleur rapport consommation/performance/bruit en fonction du moteur du jeu, des composants de la machine, etc.
Des profils qui pourront être customisés par l’utilisateur s’il le souhaite. Nvidia ne veut en effet pas brider les possesseurs de PC Max-Q. Le concepteur souligne toutefois que toucher aux profils s’accompagnera d’une augmentation du bruit et de la chauffe et ne se traduira que par un gain minime d’images par seconde dans les jeux.
Précisons que, lors de notre test du ROG Zephyrus, le WhisperMode n’était pas encore implémenté dans les pilotes Nvidia et que nous referons des tests supplémentaires pour constater si cette technologie tient ou non ses promesses.
Max-Q Design : à juger sur le long terme
Pour l’heure, le Zephyrus d’Asus est la seule et unique machine passée entre nos mains. Il est donc difficile de donner un avis ferme et définitif sur le cas du Max-Q. Toutefois, l’appareil Asus est très séduisant, puissant et remplit parfaitement son rôle de très belle vitrine technologique, tant pour Asus que pour Nvidia qui ne pouvait pas rêver meilleur écrin pour le lancement de sa nouvelle norme.
Sur un plan purement esthétique, le Zephyrus parvient à faire passer les machines de jeux haut de gamme actuelles pour des PC portables grossiers, aux lignes et au look has been.
Acer, MSI, HP, Dell et toutes les autres marques implantées dans le gaming sont en passe de dégainer leurs solutions Max-Q dans les prochaines semaines. Des solutions qui seront soit des machines ultrafines avec des finitions et des équipements premium, soit des appareils moins léchés mais performants et dont le prix sera compris entre 1000 et 2000 euros.
Quoi qu’il en soit, les PC portables Max-Q Design ne se destinent pas aux gamers les plus acharnés, qui veulent le meilleur du meilleur. Non, Max-Q est pensé pour ceux qui veulent une jolie machine, puissante, pour bien jouer ou faire tourner des applications lourdes de façon occasionnelle, ce que ne permettent pas de faire les rares ultrafins 15,6 pouces actuels (comme le HP Spectre x360 15, par exemple)
Il ne reste plus qu’à espérer que le distinguo entre une GeForce GTX 1070 Max-Q et une GeForce GTX 1070 normale puisse être fait au premier coup d’oeil, au moyen d’un autocollant ou d’une mention claire, pour que le consommateur final s’y retrouve sans souci avant de casser sa tirelire. Sollicité à ce propos, Nvidia doit nous apporter rapidement des éléments de réponse.
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