Avec l’arrivée des modèles de 12 pouces, un poids moyen en hausse et des prix qui grimpent, les standards qui définissaient jusqu’à peu un netbook sont en train de changer. Sans compter que le terme même de netbook, promu par Intel, fait l’objet d’une instruction judiciaire puisque Psion en revendique la paternité. Mais il est vrai que moins d’un an et demi après sa création, la niche netbook est devenue un segment porteur de l’informatique avec 15 % des parts de marché des ordinateurs portables en2008 au sein de notre Hexagone (source GfK). En dépit de ce succès, les contours du miniportable semblent de plus en plus flous. Pour mieux comprendre ce qu’est un netbook aujourd’hui, penchons nous sur la « petite histoire » de cette machine pas si ordinaire que ça.
Un début hasardeux
« Le netbook, c’est pour les vieux » nous disait Asus à la fin de 2007 lors du lancement des premiers modèles, avant de se reprendre « mais ça peut aussi être pour les enfants !». Problème de positionnement ou coup de poker ? A priori, coup de bluff. Car selon une de nos sources chez Asus, le netbook est le bébé d’un ingénieur taïwanais bien vu de sa hiérarchie qui a lancé « sa » machine sans aval marketing particulier. L’explication semble tenir la route au regard des problèmes de positionnement que la marque a connu. Et ce petit délire d’ingénieur a commencé par toucher un public particulier : les geeks.
Une machine initialement imparfaite
Les débuts furent aussi chaotiques qu’excitants : les premiers modèles étaient bardés de défauts mais offraient un service jusqu’alors jamais proposé : 700 grammes de mobilité sur une base Intel, donc compatible avec les programmes x86, Windows en tête. Initialement vendus avec une version maison de GNU/Linux, les premiers Eee PC n’ont pas tardé à être hackés (modifiés) dans tous les sens par des geeks qui souhaitaient ajouter de la mémoire, installer Windows, un processeur overclocké (ou surcadencé) ou tout ça à la fois. Avec comme message sous-jacent : c’est sympa, mais on peut mieux faire.
L’invention des canons du netbook
Le reste de l’industrie, un temps apathique, a ensuite embrayé le pas à Asus, son confrère taïwanais Acer en tête, chaque marque se contentant, au début, de copier l’existant. Choisissant le nouveau processeur Atom d’Intel, les constructeurs informatiques ont grossi les écrans, travaillé l’ergonomie pour aboutir, finalement, à un patron presque standard pour ces petites machines : un écran entre 9 et 10 pouces, un processeur Atom 1,6 GHz, 160 Go de disque dur, le Wi-Fi et le Bluetooth, au moins trois heures d’autonomie, moins de 1,4 kg et surtout un prix intérieur à 400 euros. Une norme qui a perduré pendant plusieurs mois.
Marché de masse, arrivée de la crise et recherche de nouvelles marges
Dans un premier temps, les netbooks furent achetés par des geeks, tandis que l’image même de ces miniportables était poussée par les acteurs du marché de la téléphonie, toujours à l’affût de nouvelles voies pour vendre leurs forfaits. Dans un second temps, les machines achetées le furent par les geeks plus prudents (ou moins fortunés) ou par un quidam conseillé par un ami geek, puis, finalement, par le commun des mortels acceptant les suggestions de vendeurs de grande surfaces et de magasins d’électronique.
La seconde phase, de loin la plus longue, marque l’avènement du processeur Atom et une évolution plus lente, par touches, vers le standard défini précédemment. Puis tout s’est accéléré à la fin de 2008, avec l’arrivée à une certaine maturité du marché associée aux premiers effets non seulement de la crise mais aussi du succès des machines. Ces ultraportables low cost marchaient tellement bien que les marges des constructeurs d’ordinateurs portables fondaient au soleil. Cette popularisation du netbook et la recherche de nouvelles sources de revenus ont conduit à la situation actuelle : une multiplication des modèles et une prépondérance du netbook sur le portable standard.
La confusion des genres et l’explosion des prix
Tandis qu’Asus annonce un Eee PC 1004 DM pourvu d’un lecteur optique, que Dell et hp référencent des modèles de 12 pouces, que Nvidia tente d’y installer une puce pour décoder de la HD (le Ion) une barrière d’importance explose : le prix. Parti de 300 euros, le netbook se stabilisa à 400 euros (barrière psychologique) pour atteindre 600 euros en ce qui concerne certains modèles luxueux (Asus S101 par exemple). Et les machines à venir confirment la tendance : on ne parle presque plus que de machines à 500-600 euros, enterrant à chaque fois un peu plus l’aspect bas coût du concept initial.
Abus ou évolution logique ? La redéfinition du mot netbook
Mini portable économique, tel est une traduction française possible pour les premières générations de ces mini-portables. Un terme qui a encore un sens si on compare le prix d’un ultra portable haut de gamme (1500 euros et plus) avec ces machines. Mais tandis que les prix grimpent, la vraie concurrence se fait avec les PC d’entrée de gamme, affichés à 600 et 700 euros. Plus lourdes et plus encombrantes, ces machines offrent cependant un rapport prix performances bien supérieur. Cela revient-il à dire que les netbooks ont perdu de leur intérêt ? Pas vraiment. Mais une chose est sûre, certaines options nous semblent pas ou peu pertinentes. Et le lecteur optique est de celles-ci. Bien sûr, certains utilisateurs peuvent en avoir besoin dans certaines situations mais dans 95 % des cas, ce périphérique est tout simplement inutilisé, dématérialisation et usages nomades aidant. Quant à l’argument de la réinstallation, nous ne saurions que conseiller aux constructeurs de livrer une clé USB de restauration. Ce qui éviterait aux utilisateurs néophytes de paniquer devant l’absence de lecteur optique de série.
L’évolution souhaitée des netbooks et la différenciation nécessaire
Définir le netbook c’est bien réfléchir à son usage, un usage qui continue d’évoluer. Avant tout, c’est un ordinateur peu cher et mobile (donc léger et autonome), relié au Net et agrémenté de possibilités multimédias basiques. En ce sens, les améliorations souhaitables sont bien sûr la qualité du clavier (l’Eee PC 1000HE) voire son rétro-éclairage, l’amélioration de la qualité des batteries sans ajout de poids, l’amélioration de la définition de l’écran voire un passage à 11,1 pouces sans surpoids, la généralisation de la 3G+ et pourquoi pas un petit saut de performances avec, au passage, l’ajout de SSD acceptables (32 Go et plus). Le tout, à un prix maintenu à 400 euros. Concernant les 12 pouces et autres PC embarquant un lecteur optique qui se profilent à l’horizon, on sent bien qu’on tend vers le MacBook Air : une machine légère et mobile mais plus polyvalente et surtout plus chère que les netbooks. Pour éviter la confusion des genres, il serait bon que les constructeurs les délimitent justement un peu plus. Cela clarifierait l’offre et éviterait surtout le galvaudage du terme netbook, un mot valise de plus, qui ne signifie plus aujourd’hui qu’un portable aux performances en retrait.
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