Yerba Buena Center for the Arts, 27 janvier 2010. Steve Jobs monte sur scène, amaigri, toujours, essoufflé, un peu, mais vif et visiblement impatient de dévoiler la tablette sur laquelle Apple travaille depuis le début des années 2000, malgré de régulières dénégations dans la presse.
Il faudra toutefois attendre le début du mois d’avril pour voir naître l’iPad, porte-étendard de l’ère Post-PC, comme l’envisageait et l’appelait Steve Jobs. Aujourd’hui, 3 avril 2015, l’iPad a cinq ans. Retour en cinq bougies sur le parcours de la tablette qui a redéfini et relancé ce marché.
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Project Purple, l’origine
L’iPad n’a pas émergé d’Apple en l’espace d’une journée. Il faut remonter au début des années 2000. Peu de temps après son retour à la tête d’Apple, Steve Jobs initie un projet secret. Son objectif : trouver une nouvelle approche afin d’arriver à produire un nouveau facteur de forme dans le monde de l’informatique personnelle. L’appareil doit être ultraléger et ressembler à une tablette ou à un porte-document, avec une interface tactile. Il doit pouvoir être utilisé partout, même sur les toilettes, précisent les auteurs du livre Becoming Steve Jobs.
Au même moment, les ingénieurs de Microsoft planchaient sur leur « Tablet PC » sans rencontrer un grand succès. Mais Jobs est persuadé que ses ingénieurs peuvent faire bien mieux… Pour autant, il sera plus d’une fois à deux doigts d’abandonner le Project Purple, qui aboutit toujours à des prototypes trop lourds, encombrants et pas assez autonomes.
Jumbotron, la clé attendue?
En 2002, loin de la surveillance de Steve Jobs, Greg Christie, cheville ouvrière de feu le Newton, et Bas Ording, décident de dépoussiérer les écrans à interface tactile. Ils commencent par se débarrasser du clavier Qwerty physique et travaillent sur un clavier virtuel. L’interface multitouch est la suite logique et ouvre de nombreuses portes, pour modifier des photos, dessiner ou même taper un texte.
Problème : le prototype fonctionnel qu’ils construisent en 2004 est un peu grand… Il consiste en une surface tactile de la taille d’une table de ping-pong, sur laquelle est projetée l’interface d’un ordinateur. Jonathan Ive, qui suit le projet, l’appelle le Jumbotron et est persuadé que c’est la solution du futur. Il insiste donc pour la présenter à Steve Jobs. A la déception du designer en chef de la firme de Cupertino, le fondateur d’Apple n’est pas emballé.
Repoussé pour cause d’iPhone
Il lui faudra quelques jours pour revenir sur sa position et s’en ouvrir à Jonathan Ive. Jobs demande alors à des personnes en qui il a confiance, comme Tony Fadell, père de l’iPod qui travaille désormais pour Google, ce qu’ils en pensent. Une fois conforté dans sa deuxième impression, Steve Jobs va décider… de mettre de côté le projet de tablette. La raison est simple.
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Comme il le dit à Jonathan Ive : « je ne sais pas si je peux convaincre les gens qu’une tablette est un produit qui a une vraie valeur », avance-t-il. « Mais je sais que je peux convaincre les gens qu’ils ont besoin d’un meilleur téléphone ». L’iPad venait d’être remisé, le temps de développer un smartphone tactile. Le premier de son espèce. Complexifiant davantage la tâche des ingénieurs d’Apple, qui devaient désormais trouver un moyen de transformer cette interface grande comme une table en produit qui tient dans la main. Mieux, qui tient dans la poche. C’est au père du baladeur d’Apple que Steve Jobs va confier cette mission d’importance.
Ventes en flèche qui fléchissent?
De 2004 à janvier 2007, les ingénieurs d’Apple travaillent avec acharnement pour concevoir le premier iPhone, présenté en janvier 2007 lors de la Macworld Expo. Il faudra trois ans supplémentaires pour voir arriver l’iPad. Très sceptiques au départ, les critiques sont nombreuses. La plus célèbre : « l’iPad est juste un iPhone géant ». « Ca ne marchera jamais » ? Et pourtant l’iPad va devenir le produit Apple qui connaîtra le démarrage le plus fulgurant, un record qu’il détient toujours. Plus encore que l’iPhone, qui lui a ouvert la voie et qui a démontré que les interfaces tactiles avaient du potentiel, à condition d’être couplées à une nuée d’applications développées spécifiquement.
Si les ventes d’iPad semblent s’essouffler, si le marché des tablettes ralentit au rythme de celle qui a créé ce marché, Tim Cook semble confiant dans l’avenir de ce produit encore jeune.
La cure d’amincissement
D’une surface de la taille d’une table de Ping Pong à l’iPad : le saga iPad prend une toute nouvelle ampleur quand on voit comment, au fil des cinq années, Apple a revu le design de sa tablette, comme il l’a affinée, allégée.
Et même minimisée, si on pense à sa petite sœur l’iPad mini, qui connaît déjà trois déclinaisons. Cinq ans, une petite sœur et la famille iPad pourrait bien voir cette année arriver un nouveau-né. Un beau bébé, car cette tablette serait grand format (environ 12 pouces). Elle pourrait changer la donne et relancer la machine… Destinée aux professionnels et à l’éducation, cette grande tablette serait également une manière de boucler une boucle. Avant que lui-même et ses équipes ne découvrent tous les usages applicatifs que l’écran tactile rendait possible, Steve Jobs pensait originellement que l’iPad serait destiné au marché éducatif avant tout…
A lire aussi :
5 façons de recycler un vieil iPad de première génération – 06/02/2015
Sources :
Yukari Iwatani Kane, Haunted Empire : Apple after Steve Jobs
Brent Schlender et Rick Tetzeli, Becoming Steve Jobs
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