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Le Royaume-Uni coupe l’accès de l’architecture ARM aux entreprises russes

En plaçant les deux plus importantes entreprises russes de semi-conducteurs sur une liste de sanctions, le Royaume-Uni interdit à la Russie d’utiliser les plans d’ARM. Et stoppe le développement de son industrie domestique.

Le gouvernement britannique ajoute une disposition de plus au blocage technologique imposé à la Russie en plaçant deux de ses entreprises sur une liste noire.
Parmi les 63 entreprises ciblées par la démarche, on trouve Baikal Electronics et MCST (Moscow Center of SPARC Technologies), les deux fleurons russes en matière de conception domestique de processeurs. Nous vous avons d’ailleurs parlé à plusieurs reprises des puces Elbrus de MCST, des puces loin d’être à la pointe de la technologie, mais qui ont au moins le mérite – pour un pays en guerre – de pouvoir être souveraines… ou presque.

Car ARM reste pour l’heure une entreprise de droit britannique qui vend ses plans et ses licences à des centaines d’entreprises. Même lors du Huawei-Gate, ARM n’avait pas coupé les ponts avec l’entreprise chinoise. Mais cette fois-ci, le gouvernement britannique a pris une décision et ARM n’a pas d’autre choix que se plier à cette décision.

Une industrie russe très en retard et dépendante

Aux blocages d’exports de puces américaines (Intel, AMD), s’ajoute donc l’impossibilité de conception et de production de puce à jeux d’instruction ARM.
Sur le papier, la Russie pourrait faire fi des sanctions et produire ses propres puces sur son territoire avec les plans dont elle dispose déjà. Mais même cela lui est impossible.

Quoi qu’obsolètes dans les standards actuels – les puces modernes oscillent entre 10 et 5 nm – les puces Baikal et MCST sont tout de même des designs en 28 nm et 16 nm. Or, les meilleures lignes de production identifiée en Russie produisent en 90 nm ! Si le gouvernement russe a approuvé en avril un plan de 3,19 billions de roubles (43,5 milliards d’euros) pour développer sa propre industrie de semi-conducteurs, les analystes estiment qu’il faudrait attendre au mieux 2030 pour voir arriver les premières puces… en 28 nm !

Lire aussi : Le processeur russe souverain est toujours trop mauvais pour remplacer les puces d’Intel et AMD

Le pays repose toujours sur des entreprises étrangères pour leur production. Le Japon étant en « guerre » depuis des décennies pour les îles Kouriles, la Corée du Sud et Taïwan étant alignées sur les positions américaines, la Chine est le seul recourt possible – ce qui ne manquera pas d’ajouter à la dépendance de la Russie face à l’Empire du Milieu.

Si la Chine est en retard par rapport à Taïwan et la Corée du Sud, sa maîtrise jusqu’à 14 nm est largement suffisante pour une Russie qui est, elle, encore plus en retard dans ses designs. En théorie, la Russie peut donc continuer à faire produire des puces… mais elle ne peut développer son futur sans avoir accès aux plans d’ARM. Ce qui met en lumière sa dépendance à une ISA (jeux d’instructions) étrangères.

RISC V pour le futur ?

En retard sur la production et très en retard sur la maîtrise et la souveraineté technologique de ses puces, la Russie pourrait effectuer le même pivot que l’Inde. Le sous-continent a annoncé en décembre dernier son plan d’indépendance technologique centré autour du jeu d’instructions RISC-V.

Lire aussi : L’Inde parie sur RISC-V et des usines locales pour concevoir ses propres puces

Sur le papier, c’est l’ISA parfaite pour la Russie : le projet a été placé sous la protection d’une fondation de droit suisse. Ce qui lui permet, sur le papier, d’être hors de portée des blocages gouvernementaux comme ARM peut l’être au Royaume-Uni.

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Une bascule plus facile à dire qu’à faire. Outre le fait qu’il faille des centaines, voire des milliers d’ingénieurs pour maîtriser une ISA, il faut aussi ajouter que si RISC V a le vent en poupe, elle n’est pas aussi mature que x86 et ARM. Ces deux ISA bénéficient toutes deux de plusieurs décennies de développement, tant en matière de complexité d’architecture, que de logiciels, d’outils de développement, de chaînes de production qualifiées, etc.

L’interdiction d’accès à ARM est donc une épine de plus dans le pied de la Russie qui semble très loin de pouvoir accéder à une industrie domestique des semi-conducteurs.

Source : BleepingComputer

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