Le cours de l’action Nintendo a clôturé en baisse de 5,7 points à la Bourse d’Osaka, sous les 17 000 yens, hier soir 7 juin, après l’annonce officielle de la Wii U à l’E3. C’est son plus bas niveau depuis 2006… dans les semaines qui avaient alors précédé la présentation de la première Wii. A l’époque, cette annonce avait entraîné une hausse de 6,2 %, à 19 700 yens, le plus haut niveau de la firme depuis 2002. Mais, malgré les nombreuses similarités dans le positionnement des deux machines, la situation s’est inversée en 2011.
Les investisseurs misent sur les réseaux sociaux
Les raisons sont tout d’abord structurelles. « L’enjeu, pour les industriels du jeu vidéo, n’est plus dans le “hardware” (matériel) mais dans le “software” (logiciel) », explique ainsi La Tribune, pour qui les investisseurs préféreraient que Nintendo se lance dans le jeu vidéo sur les réseaux sociaux. Une perspective qui pourrait difficilement être plus éloignée de la firme de Kyoto, qui a toujours réalisé une part de son chiffre d’affaires sur les royalties payées par les éditeurs tiers pour sortir des jeux sur ses consoles.
Le quotidien financier voit également dans la chute du cours de Nintendo une réaction négative à la volonté de reconquérir les hardcore gamers. Le fabricant de la Wii U semble pourtant très loin de vouloir délaisser le grand public, à en croire sa communication très familiale et l’esthétique très lisse de ses clips, dans la continuité de ceux de la première Wii. Les déclarations de son président, Satoru Iwata, déterminé à concevoir une console « qui satisfasse aussi bien tous les types de public », vont également dans ce sens.
Une conférence pas assez surprenante ?
Cette chute du cours de Nintendo pourrait avoir une autre explication : la surmédiatisation de l’annonce d’hier. « Il y avait de grandes attentes pour la nouvelle version de la Wii et elles sont loin d’avoir été comblées, explique à Bloomberg Yusuke Tsunoda, analyste à Tokai Tokyo Securities. Les gens attendaient d’en voir plus à un événement majeur comme l’E3, mais il n’y a pas franchement eu plus que ce qu’on savait déjà. »
Nintendo aurait-il été victime des nombreuses fuites qui ont émaillé l’actualité des sites de high-tech ces dernières semaines ? Probable. Un adage très répandu dans les marchés dit : « Achetez la rumeur et vendez la nouvelle. »
Il ne sera jamais possible de savoir comment les marchés auraient réagi si Nintendo avait bénéficié à plein de l’effet de surprise. Il reste que sa stratégie du grand écart entre les publics ne semble pas avoir convaincu les investisseurs, pour qui Nintendo reste sous la triple menace d’Apple et de Sony pour le jeu portable, et de Kinect pour le jeu grand public.
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