Première publication le 20 juin 2011
Jacques Attali massacre la Hadopi et ses publicités
On savait Jacques Attali hostile à la Hadopi. Il le confirme en publiant sur son blog un billet dans lequel il s’en prend aux spots contre le piratage diffusés par l’autorité depuis le 13 juin dernier. Cette campagne est censée défendre la « création de demain », qui serait menacée par le téléchargement illicite aujourd’hui. Le message est décliné pour la musique, le cinéma, la télé et la littérature – un dernier domaine pour lequel la Hadopi n’a, comme le souligne au passage Jacques Attali, aucune compétence.
Ce que l’ancien conseiller de François Mitterrand ne supporte pas, c’est que l’on tienne pour acquis que le téléchargement des œuvres musicales pénalise la création. Pour Jacques Attali, les grands perdants ne sont pas les artistes eux-mêmes : « Ce qui est menacé, ce sont les revenus des anciens maîtres de l’ancienne économie, qui osent se nommer encore les “majors”, et qui ne font plus que recycler leurs catalogues ou inventer des vedettes éphémères. »
La France n’a pas besoin de censeurs
Pour défendre les droits d’auteur, l’écrivain préconise la licence globale, une solution déjà mise en avant dans le rapport qu’il avait remis au président de la République, Nicolas Sarkozy, en janvier 2008. Il s’agit de « faire verser par les fournisseurs d’accès à Internet une contribution aux ayants droit auprès des différentes sociétés de gestion collective de droits d’auteur, sous la forme d’une rémunération assise sur le volume global d’échanges de fichiers vidéo ou musicaux ».
« L’économie de l’art » ne doit pas se confondre avec « l’économie de la distraction », poursuit Jacques Attali, pour qui « c’est insulter tous les artistes que de soutenir que l’argent est le moteur de la création ». La création souffre en France, selon lui, non pas du téléchargement illicite, mais d’« insuffisances bien plus profondes : en musique, c’est l’incurie des villes moyennes, qui ne disposent pas, pour la plupart, comme dans les autres grands pays, de salles de concert et de répétition, ni de places suffisantes dans les conservatoires. En matière littéraire, c’est l’insuffisance des moyens pour valoriser le rôle de prescripteur des libraires dans l’économie numérique ». Et Jacques Attali de conclure : « En France, la création n’a pas besoin de censeurs, mais de recruteurs. » La Hadopi appréciera.
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