65 pouces, soit 1,65 mètre de diagonale, au service plein et entier du loisir vidéoludique sur PC et du contenu numérique. Oui, le HP Omen X Emperium 65 est l’écran de tous les superlatifs. Le plus grand, le plus lourd, le plus technophile, le plus joueur, le plus dans l’air du temps. C’est en tout cas ce que Nvidia et HP crient en coeur.
Il fait partie de la famille des BFGD ou Big Format Gaming Displays, des écrans de rêve présentés par Nvidia en 2018 lors du CES de Las Vegas. Des moniteurs qui accusent un certain retard puisque, un an après, seul HP dévoilait son modèle final au CES 2019 : l’Emperium 65.
Le trouver en boutique ? Ce n’est pas évident. Nous l’avons toutefois repéré chez Materiel.net/LDLC (4300 euros) et sur la FNAC (5000 euros). HP le commercialise également sur son propre site mais il est régulièrement en rupture de stock. Les enseignes mentionnées n’en ont pas non plus des centaines dans leurs entrepôts donc n’hésitez pas trop longtemps si vous avez envie de tenter l’aventure.
Car, selon nos sources, HP produit ce monstre au compte-gouttes pour les USA comme pour l’Europe. Et c’est bien compréhensible : à 4300 euros (minimum) les 65 pouces, l’américain ne s’attend pas à en vendre des containers entiers et la niche à laquelle s’adresse cette dalle est plutôt réduite.
De plus, parvenir à commercialiser de simples écrans de PC à plus de 1000 euros est un tour de force pour les constructeurs du secteur, alors que vendre des TV à 6000 euros choque moins le consommateur. Et, pourtant, l’Emperium 65 pourrait vraiment remplacer la lucarne du salon. Surtout si l’on considère la façon dont la consommation de contenus est en train d’évoluer : moins de TV en direct, plus de VOD ou de Replay.
Dans le carton, vous n’avez pas qu’un écran monstrueux. HP livre aussi une barre de son de 180 watts (voir encadré) à positionner sous celui-ci, une télécommande, une ribambelle de câbles, des pieds en métal épais à visser sous l’écran – qui est également compatible VESA 4×4 pour être accroché au mur – ainsi qu’une bonne dose de documentation.
N’espérez pas loger l’Omen X Emperium 65 sur un bureau traditionnel. C’est un meuble dédié qu’il lui faut et costaud avec ça. Car avec 1,44 mètre de large pour 83 cm de haut sans oublier les 32 kilos constatés sur la balance (+ 8 kilos de barre audio), une simple planche de contreplaqué posée sur deux tréteaux ne résistera pas.
A un tuner TNT près, c’est un téléviseur connecté
Même s’il en a tous les atours, dimensions et poids inclus, l’Emperium ne peut pas entrer dans la catégorie des téléviseurs haut de gamme. Pourquoi ? Il est tout simplement dépourvu de tuner TNT. Impossible de le relier à l’antenne de l’immeuble ou de la maison à sa sortie du carton. Mais bonne nouvelle, vous pourrez tout de même regarder les chaînes de télévision. Rien ne vous empêche, en effet, de relier la box TV de votre opérateur internet à l’Emperium (trois prises HDMI sont disponibles) et, surtout, dans la structure de l’écran se cache une box Android TV Shield 4K de Nvidia, pilotable depuis la petite télécommande.
Comme son nom l’indique, la Shield prend en charge l’Ultra Haute Définition, différents formats audio (dont le Dolby Atmos), et est aussi compatible HDR (rec.2020). Par ailleurs, l’Emperium embrasse à la quasi-perfection les espaces colorimétriques sRGB et DCI-P3, comme nous avons pu le vérifier lors de nos nos tests.
Une fois connectée au réseau de la maison, la Shield vous donne accès à de multiples applications de rattrapage d’émissions de TV, chaîne par chaîne, ou via des portails (Molotov par exemple). Bien entendu, Android TV propose aussi son lot d’applis, parmi lesquelles Netflix, YouTube, Google Play Films et séries, Amazon Prime, OCS (et bientôt Disney+). Vous aurez donc toujours quelque chose à regarder… et surement de plus intéressantla plupart du temps que tout ce qui peut être proposé actuellement sur les chaînes de télévision classiques.
Enfin, il est bien sûr possible de connecter des clés ou des disques durs USB, pour accéder à vos contenus personnels, sur le côté de l’Emperium. Voire de paramétrer des applications comme Plex pour, par exemple, accéder à distance à un NAS hébergeant, lui aussi, quelques gigas de contenus.
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Dans le rôle de TV de substitution, l’Emperium s’en tire bien. Sa dalle MVA/QDot à revêtement mat affiche de belles couleurs (on a relevé un excellent Delta E de 1,38). Son taux de contraste, très élevé (5039:1) ,fait bien ressortir les nuances et détails pourvu que le contenu regardé soit, lui aussi, de bonne qualité. En matière de luminosité, nous avons mesuré 491 cd/m2 en pointe (contre 750 annoncés par HP, sans doute en mode overdrive) ce qui est tout à fait correct.
Voir la fiche technique et les notes détaillées du HP Omen X Emperium 65
Enfin, l’homogénéité globale de la dalle est excellente à condition d’utiliser les profils Cinéma, Vif et Chaud. Dans les autres modes, c’est un peu moins bien (oui à 4300 euros le morceau, on peut se permettre d’être très pointilleux). Nous avons même remarqué quelques traces de cloud ghosting (de petites tâches lumineuses) lorsqu’on affiche un écran noir, dans les profils Froid et Jeux. D’ailleurs, puisqu’on parle de jeux, c’est l’autre domaine dans lequel l’Emperium est censé exceller. Voyons cela.
Un simili-téléviseur spécialisé dans les jeux vidéo
Il y a plusieurs façons de profiter de ce mastodonte pour jouer. La première, c’est d’utiliser toutes les possibilités offertes par la Shield, largement détaillées dans notre test de la box (voir lien ci-dessus). Là où le bat blesse, c’est que pour 4300 euros, HP n’a pas jugé bon de livrer la manette Shield. Il faut donc utiliser un modèle tiers, soit filaire, soit Bluetooth.
Seconde façon d’afficher plein de polygones à l’écran, y relier une console de jeu. Switch, Xbox One X ou PS4 Pro, vous pouvez utiliser les trois entrées HDMI situées à gauche de l’Omen pour connecter votre boîte à jeux vidéo préférée. La dalle accepte particulièrement bien les définitions intermédiaires 16/9 (Full HD et 1440p). Les déformations d’images ne sont donc pas trop visibles pour peu qu’on n’ait pas le nez collé à la dalle et le plaisir est au rendez-vous.
Mention spéciale à la Xbox One X qui, en plus de mieux gérer la montée en 4K que sa concurrente, joue la carte du lecteur Blu-ray 4K HDR. Ainsi se faire un bon petit film, tout en profitant du plein potentiel de la dalle entre deux sessions de jeux, est un vrai moment de bonheur.
Troisième et dernière solution, évidente, pour s’éclater avec l’Emperium : le relier à un puissant PC. Et c’est comme cela d’ailleurs que nous l’avons principalement testé.
C’est avec un PC que l’Emperium devient… impérial
Tout d’abord, pour afficher tous vos jeux vidéo préférés en 4K sur ce monstre, il va falloir vous assurer d’avoir la carte graphique qui va bien. Et de préférence, un modèle Nvidia haut de gamme comme la GeForce GTX 1080 Ti, la Titan Xp ou une RTX 2070 Super (minimum) qui ont de bonnes compétences en UHD. De plus, elles seront tout à fait à même d’exploiter la technologie Nvidia G-Sync dissimulée derrière la grande dalle.
Mais si vous avez une carte AMD, l’écran n’est pas sectaire, il est prêt à à s’y associer. Dans tous les cas, assurez-vous que votre carte 3D ait une sortie vidéo DisplayPort car c’est le meilleur moyen de profiter des atouts techniques de cet écran.
En branchant un PC à l’Emperium, le taux de rafraîchissement de la dalle passe de 60 Hz (en mode Shield) à 120 Hz. Et il est possible d’activer un boost (OverClock dans le menu) pour le faire passer à 144 Hz. Parfait pour exploiter la technologie G-Sync (144 Hz = 144 ips max mais sans déchirement d’images) ou, tout simplement, pour obtenir un maximum de fluidité dans les jeux.
Les jeux 3D prennent une autre dimension
Une fois les branchements effectués, on passe aux choses sérieuses. Nous avons utilisé une GeForce RTX 2080 Ti pour nos tests, sur une plate-forme Windows 10 à jour, équipée d’un processeur Core i7-6700K et de 16 Go de mémoire. Cela peut-être, par exemple, une configuration un peu ancienne dont la carte graphique aurait été mise à jour dans le courant de l’année en somme.
Bon, à chaud, comme ça, après une heure de jeu, c’est la claque. Toutes considérations budgétaires mises de côté, on en prend plein les rétines : on en veut un ! C’est assez grisant de jouer à Forza Horizon 4 sur une dalle comme celle-là ou bien d’arpenter les couloirs froids et destructibles de Control. Nous avons même fait une petite chevauchée avec ce bon vieux Geralt (The Witcher III) et nous avons eu l’impression de découvrir une autre facette du jeu. Les décors sont magnifiques, les impressions de profondeur et d’immensité sont encore mieux retranscrites que sur un écran de gaming classique.
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Une fois revenu à notre bureau, notre moniteur de 24 pouces Full HD nous paraissait bien petit, voire ridicule et plus du tout apte à rendre justice au décor et à la profondeur de champ que peuvent offrir certains jeux vidéo en monde ouvert. C’est un peu comme de revoir un film à grand spectacle, sur son téléviseur, alors qu’on l’a dégusté sur un gigantesque écran de cinéma la première fois. La saveur n’est pas du tout la même. Remis de nos émotions, nous avons dressé notre bilan.
- Il faut prendre du recul !
Premier constat, comme pour un téléviseur de cette diagonale, il faut du recul pour pleinement apprécier la qualité de l’image. Si vous pensez jouer avec le nez à un mètre à peine de l’écran, c’est le mal de crâne assuré en quelques minutes. En plus des nausées. Croyez-nous, on a donné. Il faut donc se préparer à jouer à la manette ou avec un kit clavier/souris sans fil depuis le canapé, par exemple.
- Des réglages nébuleux à dompter
Il faut soigneusement régler les options dans les menus. Aussi bien pour jouer avec un PC que pour regarder des vidéos. Consacrez-y du temps. Les ajustements sont possibles, multiples, à effectuer profil par profil et, surtout, il faut essayer toutes les options en situation pour bien assimiler les changements qu’elles entraînent.
Par exemple, nous avons découvert que l’option « Temps de réponse » de l’écran avait un impact très significatif sur le jeu (notamment la vitesse de rotation des mouvements de caméra) mais aussi sur le comportement de la dalle. Plus vous l’augmentez, plus l’impression de fluidité s’accentue mais cela affecte aussi le rendu des blancs (brûlés). Mieux vaut donc ne pas trop en abuser.
Autre illustration de notre propos : « Mise à l’échelle de l’image ». Il faut impérativement que l’option choisie soit « Plein écran » ou « Pixel pour Pixel » sinon vous aurez des différences d’échelle dans le rendu des textures. C’est grâce au jeu Control que nous avons pu comprendre à quoi servait cette fonction. Dans le titre de Remedy, vous pouvez différencier la définition de calcul des images de la façon dont elle s’affiche à l’écran (comme la technologie DSR ou Dynamic Scale Resolution de Nvidia). Et si votre écran possède un réglage hardware de la sorte, le jeu ne peut pas passer outre. Voilà pourquoi notre interface et notre personnage était en 720p alors que tout le reste était affiché en 4K !
- De la ventilation (indispensable) et de la lumière (dispensable)
Pour qu’un écran de ce genre résiste aux affres du temps (comprenez la poussière) et à la chaleur, il faut le ventiler. Plusieurs moniteurs grande taille pour PC intègrent de petits ventilateurs pour que leurs composants restent à bonne température, l’Emperium ne fait pas exception.
Il y a un système de refroidissement assez audible caché dans l’écran. Sans doute pour refroidir, aussi, la Shield TV 4K. Ne soyez donc pas étonné si vous entendez un léger bruit de soufflerie si vous vous portez acquéreur de la bête, c’est tout à fait normal… et pas trop gênant.
A l’arrière toujours, se trouve une fine bande lumineuse qui peut remplir deux rôles, tout aussi superflus l’un que l’autre de notre point de vue. Soit vous choisissez une couleur fixe parmi un panel proposé, soit vous permettez une harmonisation de la teinte en fonction de ce qui est affiché sur l’écran. Un mini Philips Ambilight en somme, mais pas vraiment pertinent ici, surtout que comme il ne fait pas tout le tour de l’écran, sa participation à l’immersion est pour le moins… anecdotique.
- Le même, en moins grand et moins cher, on craque
Investir dans un bon écran n’est jamais un mauvais pari sur le long terme. C’est l’équipement que l’on conserve le plus longtemps sur un PC fixe et celui dont on a le plus de mal à se séparer, par peur de ne pas retrouver le même confort, la même qualité d’image ni les mêmes options.
Toutefois, votre serviteur qui regarde plus la catch-up TV et les services VOD que les chaînes de télévision et qui passe beaucoup de temps à jouer (consoles, PC, etc), serait prêt à recycler son moniteur personnel pour un Big Format Gaming Display… mais un peu moins « Big ». 65 pouces, c’est trop grand, surtout pour jouer. En outre, dans le cas de cet HP, son design très massif détonnerait un peu dans le salon.
Si le même Omen X Emperium avec une diagonale maximale de 40 pouces débarquait prochainement sur le marché, aux alentours de 1500 euros (soit le prix d’un excellent moniteur ou d’un très bon téléviseur), cela pourrait nous faire fortement réfléchir. Il incarnerait alors, à nos yeux, l’écran parfait. Et, en prime, nous n’aurions même plus à nous acquitter de la redevance.
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