L’Australie bientôt privée de Google ? Mel Silva, la Vice-Présidente de Google Australie et Nouvelle-Zélande l’envisage sérieusement si les autorités australiennes votent une loi qui le fait grincer des dents depuis plusieurs mois.
Ce texte contraindrait le moteur de recherche à débourser quelques millions de dollars chaque mois pour s’offrir le droit d’afficher des liens vers des articles d’actualité de médias nationaux. Et pas uniquement dans la partie Google Actualités, dédiée à l’information.
Et ce ne serait que justice, selon les autorités australiennes, car Google (tout comme Facebook, également concerné) profiterait énormément des médias pour générer du trafic, de la vente de publicités ou d’espace publicitaire pour se faire l’argent sur le dos des éditeurs de presse en ligne. Des éditeurs qui ont été grandement fragilisés par la pandémie alors qu’ils étaient déjà en assez mauvaise forme. Beaucoup ont, dans le meilleur des cas, licencié des journalistes. D’autres ont tout simplement mis la clé sous la porte.
Un précédent intenable, selon Google
Evidemment, Google ne l’entend pas de cette oreille. Devant le Sénat australien, Mel Silva a expliqué que si la règlementation en préparation passait telle quelle, son entreprise prendrait une mesure sans précédent : « si cette version du code [NDLR : le texte à l’étude par les autorités australiennes] devait être inscrite dans la loi, alors nous n’aurions pas d’autre choix que de couper l’accès à Google Search en Australie. »
Dans son viseur, la disposition qui forcerait l’entreprise à payer pour afficher des liens et des extraits des sites d’information. « Cette disposition du code créerait un précédent intenable pour notre entreprise et l’économie numérique. Elle n’est pas compatible avec le fonctionnement des moteurs de recherche ou d’Internet.»
Une alternative peut toutefois être trouvée, toujours selon les déclarations de Mel Silva. « Il y a un chemin clair vers l’élaboration d’un Code juste avec lequel on peut travailler, si on y apporte simplement de légers amendements.»
« Nous ne cédons pas aux menaces »
Le premier ministre australien Scott Morrison a réagi aux propos de Mme Silva avec virulence. « C’est l’Australie qui fait les règles quant à ce qui peut être fait en Australie. C’est notre Parlement qui en décide » , a-t-il déclaré dans des propos rapportés par l’AFP. « Les gens qui sont prêts à travailler dans ce cadre en Australie sont les bienvenus. Mais nous ne plions pas devant les menaces. »
Un précédent en France
L’Australie avait initialement proposé un « code de conduite volontaire », avant de durcir sa position en affirmant qu’un accord équitable ne pouvait être trouvé entre les médias et les géants de la technologie, compte tenu de leurs poids respectifs.
L’Australie n’est pas le seul marché où Google est en conflit avec les médias. Mais à la différence d’autres pays qui prennent le problème sous l’angle du droit d’auteur, elle s’appuie sur les règles de la concurrence. Jeudi, le groupe californien a annoncé la conclusion d’un accord cadre qui ouvre la voie à la rémunération des quotidiens français au titre du « droit voisin », ce nouveau droit similaire au droit d’auteur instauré par une directive européenne il y a deux ans.
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