Pas d’amphithéâtre rempli à craquer, pas de petites statues d’Android pour décorer les alentours, et pas d’entrée en scène sous les applaudissements d’une foule de développeurs conquis.
Cette année, la Google I/O s’est pliée à la pandémie et à son lot d’exigences sanitaires. C’est donc en ligne que Sundar Pichai et ses équipes ont présenté les grandes nouveautés sur lesquelles ils travaillent depuis plusieurs mois, et parfois même plusieurs années.
C’est sous les applaudissements de quelques googlers en chaise longue que Sundar Pichai a inauguré la keynote de la Google I/O 2021 depuis le campus du géant américain. Le patron de Google a d’emblée annoncé l’ambition de son entreprise : « construire un Google plus utile pour chacun ».
Ainsi, 150 000 kilomètres de pistes cyclables ont été ajoutés dans Maps, toujours dans l’outil de cartographie, des trajets optimisés ou mieux, plus sûrs, sont également établis grâce à des IA.
Mais pour entrer dans le vif du sujet, en plus du milieu de l’éducation, Google annonce vouloir améliorer l’expérience du travail. Workspace, sa suite bureautique pro, s’enrichit d’un nouvel outil, Smart canvas. L’objectif de cet outil est de faciliter le travail collaboratif. Des IA aident ainsi à choisir les bons mots dans les documents.
Evidemment, Meet est intégré dans Smart Canvas et le sera bientôt dans tous les outils de la suite bureautique : Sheets, Documents, etc. Meet va également connaître des améliorations pour la qualité des vidéos, leur exposition, pour réagencer les vignettes des collaborateurs présents, etc.
Traduction, voix et IA…
Google Search repose sur la capacité de créer des liens entre les documents, entre les données que produisent les humains. Mais pour cela il faut que les IA comprennent ce qui est produit. Les langues sont alors au cœur du défi. 20 milliards de pages Web ont été traduites le mois dernier seulement, ce qui est quatre fois plus que l’an dernier.
Mais l’IA est aussi dans d’autres outils, comme Google Lens, qui est utilisé plus de trois milliards de fois par mois. La traduction automatisée permet aussi de créer des sous-titres à la volée pour les réunions Meet. Les voix ont aussi fait de gros progrès, avec plus de 51 voix pour Google Assistant.
Le langage naturel est à la fois un champ de recherche, un Graal et une réalité. Google mise sur des réponses plus naturelles, les sensible answers. Pour y arriver, ses ingénieurs ont créé LaMDA, un nouveau modèle encore en développement, qui va repousser encore les limites du langage naturel. Il permettra des discussions quasi “humaines”, des échanges naturels…
LaMDA synthétise les données sur un sujet sans avoir appris et ingère les informations en amont, et, surtout, il garde la conversation ouverte et « réagit » en fonction de ce qui lui ai dit. Il peut même poser des questions pour relancer une conversation ou préciser un point, afin de mieux répondre.
LaMDA pourra être intégré dans des outils Google, mais pourrait aussi être ouvert à des développeurs tiers. Cependant, pour l’instant, il ne fonctionne que via du texte. Il va donc falloir créer un modèle d’entraînement multimodal pour qu’il puisse prendre en compte des images ou des vidéos.
Une nouvelle génération de TPU et de l’informatique quantique
Sundar Pichai a également annoncé la quatrième génération de processeur maison dédié à l’IA. Chaque pod de TPU embarque 4096 chips et produit 1 exaflops de calcul. Une nouvelle étape colossale dans l’IA et les data centers.
Mais le patron de Google ne s’est pas arrêté là. Il a rappelé que l’informatique quantique est le futur. L’objectif de son entreprise est de réussir à créer un qbit logique, avec correction d’erreur. L’étape suivante sera de créer un ordinateur quantique avec ces qbits. Ce qui est une étape difficile à atteindre, mais pourrait permettre de bouleverser des dizaines de champs de recherche.
Google a d’ailleurs créé un campus dédié à la recherche sur l’informatique quantique.
Google et la sécurité
Sundar Pichai a également annoncé de nouvelles fonctions liée à la vie privée, comme auto-delete qui est activé sur deux milliards de compte. Google reprend le moto d’Apple, et déclare que ses produits sont privacy by design, comprenez que le respect de la vie privée est au cœur de leur conception.
Chaque produit est ainsi protégé par défaut. Gmail bloque des centaines de millions de spams chaque jour. Pourtant, le gros problème est le mot de passe. Google annonce des améliorations pour le gestionnaire de mot de passe, des fonctions qui rappellent beaucoup ce qu’Apple a intégré dans iOS, comme les alertes pour un mot de passe compromis, par exemple.
Dans la même veine, le géant du Web indiquera quelles données sont utilisées par ses services et les applications, et jure ses grands dieux qu’il ne vend pas les données de ses utilisateurs.
Une nouvelle fois, Google revendique l’usage de la differential privacy et être un de ses grands zélateurs – le géant aurait créé la plus grosse bibliothèque open source d’algorithmes qui respectent la vie privée des utilisateurs.
Google a aussi annoncé Private Compute Core pour Android, des outils qui gèrent les données personnelles localement pour éviter les craintes et risques de fuites.
Sur les smartphones de Google, il sera également bientôt possible de créer des dossiers d’images privées verrouillés.
De l’IA partout…
Google est également revenu sur le rôle de l’IA dans ses produits phares, avec toujours le même but : regrouper les informations, les analyser et les rendre utiles.
Pour y arriver, Google développe MUM, Multitask Unified Model, un modèle d’IA bien plus performant que Bert, pourtant une référence du domaine, destiné à améliorer la recherche dans Google Search.
Il peut ainsi s’entraîner sur plus de 75 langues en même temps et peut surtout comprendre différentes formes d’informations, du texte, des images, des vidéos, etc.
Cet entraînement plus riche et cette approche multimodale de l’information permettra de poser des questions d’une nouvelle manière. Ainsi, à partir d’une photo de vos chaussures de randonnée, MUM pourrait vous dire qu’elles sont adaptées à l’ascension du Mont Fuji, si c’est ce que vous voulez savoir…
Le pouvoir de la recherche visuelle n’est pas non plus à négliger. Il y a deux ans, Google a introduit la réalité augmentée dans la recherche. À partir d’aujourd’hui, il est possible de voir des athlètes réaliser quelques-uns de leurs exploits : des jongles complexes pour un footballeur célèbre, des figures élaborées pour une gymnaste, etc. Le tout en réalité augmentée, donc, et dans votre salon.
Toujours dans le domaine de la recherche sur le Net, Google a souhaité aborder la question de la fiabilité de l’information, ce qui est un vrai défi en soi. Le ranking est à la base de son succès. Mais les utilisateurs veulent mieux évaluer la crédibilité des données. Il est ainsi possible de voir les sources d’une info, une description du site, etc. Pour aller plus loin, à partir de ce mois-ci, une fenêtre About this site sera disponible pour tous les résultats en anglais.
Google Maps, encore plus de données
Google Maps n’échappe pas à la vague de l’intelligence artificielle. LiveView pour l’instant se concentre sur la navigation, mais il sera bientôt possible de voir des informations sur certains endroits directement depuis Maps, comme le taux de fréquentation d’un restaurant. Mais il sera également possible de pouvoir se repérer en AR pour retrouver son hôtel dans une ville inconnue. De nouvelles villes sont ajoutées, comme Tokyo, le mois prochain.
Les fonds de carte sont également enrichis, avec la présence des passages piétons dans plus de 50 villes d’ici à la fin de l’année. Mais Maps s’adapte aussi au moment de la journée, en affichant en priorité les cafés le matin, les restaurants à midi, etc. Les informations présentées s’adapteront aussi en fonction des recherches et habitudes de l’utilisateur.
Dans un monde frappé par la pandémie, Google annonce aussi Area Busyness, un outil qui indique sur Maps si une zone est beaucoup fréquentée à un instant T. Afin d’éviter les cohues et risques de contamination. Cette fonction sera lancée partout dans le monde dans les mois à venir.
Google veut vous aider dans vos achats
Chaque jour plus d’un milliard d’achats passent par Google. Shopping Graph va désormais aider les utilisateurs à avoir plus de choix, à trouver plus de produits parmi des milliards d’éléments listés.
Shopping Graph pourra être utilisé via Google Search ou via Lens. Il sera possible de chercher dans une image un élément en particulier, une paire de chaussures, un short, etc.
Pour faciliter les achats, bientôt, dans Chrome, quand vous ouvrirez un nouvel onglet, vous pourrez voir vos paniers d’achats non encore validés. Google entend vous aider à trouver les meilleurs prix, en fonction des programmes de fidélité auxquels vous avez adhéré. Ce sera au moins le cas aux Etats-Unis. Toujours dans cette optique, Google a passé un accord avec Shopify pour faciliter les achats en ligne.
Google Photos, du nouveau et toujours de l’IA
Plus de 4 000 milliards de photos sont actuellement stockées dans Google Photos. Pour mieux les redécouvrir, Google lance Little Patterns. Une fonction qui utilise le machine learning pour trouver des objets qui apparaissent régulièrement dans vos photos. Par exemple un sac à dos qui vous suit partout. En définitive, Google pense que ces photos peuvent être présentées de telle sorte qu’elles racontent une histoire.
Cinematic moment est une autre nouveauté qui crée des images “manquantes” entre les clichés que vous avez pris lors d’un anniversaire par exemple, car « nous prenons souvent au moins deux ou trois photos pour être sûrs d’avoir bien immortalisé un moment », expliquait une représentante de Google.
Par ailleurs, Google annonce vouloir donner plus de contrôle à l’utilisateur pour pouvoir supprimer certaines photos de ces souvenirs, afin de ne pas voir ressurgir une personne avec qui vous êtes fâché, par exemple.
Android 12, un changement fondamental
Alors qu’il y a désormais trois milliards d’appareils Android actifs dans le monde, Google veut changer la donne. En 2014, Google introduisait son material design. Mais aujourd’hui, les utilisateurs veulent plus de contrôle sur l’apparence de leur OS. Google annonce Material You, qui permet aux utilisateurs de très facilement personnaliser la couleur des interfaces, la forme des applications en fonction de leurs goûts, de leurs envies, etc.
Il arrivera sur les smartphones Pixel à l’automne et s’étendra sur les autres produits de Google au fil du temps, des Chromebooks aux enceintes connectées avec écran, etc.
Par ailleurs, Android 12 veut améliorer les interactions entre les produits connectés, avec le smartphone en chef d’orchestre, tout en préservant votre vie privée.
Android promet d’être plus dynamique, de s’adapter. Ainsi, les palettes de couleurs de l’interface peuvent évoluer en fonction de la photo de fond d’écran que vous utilisez, par exemple. De même, si vous n’avez pas de notifications l’horloge sera affichée en plus gros sur l’écran du smartphone.
Android devrait être plus rapide, l’OS occupant 22% de temps de CPU en moins, mais aussi être plus sûr, et plus respectueux de votre vie privée. Un Dashboard de toutes vos données privées a été créé, qui indique ce que les applications requièrent. Et il est possible de supprimer l’accès à vos données depuis ce panneau.
Private Compute Core permet d’introduire de nouvelles fonctions tout en préservant votre vie privée, d’après Google. Now Playing en tire parti, Smart Reply également, et à chaque fois, le traitement des données vocales est effectué en local, expliquait une représentante de Google.
Les smartphones sont au centre de nos vies, mais interagissent avec nos voitures, nos téléviseurs, etc. Android 12 est là pour faciliter ces cohabitations. Un exemple simple étant la possibilité de déverrouiller un Chromebook depuis votre smartphone, ou de transformer votre téléphone en télécommande pour votre téléviseur connecté.
Android Auto est intégré dans plus de 100 millions de voitures, et maintenant, Android Auto se passera de fil, si votre véhicule est compatible.
Il sera aussi possible de se servir de son smartphone pour déverrouiller sa voiture, avec la fonction Car Key. La fonction arrivera à l’automne avec les Pixel et Android 12 sur certains modèles de BMW et d’autres constructeurs automobiles.
WearOS n’est pas mort…
Google a aussi annoncé un grand pas pour les montres connectées, qui commence par un effort commun avec Samsung pour créer une plate-forme unifiée formée par Tizen et WearOS. Les applications y seraient 30% plus rapides et surtout l’autonomie serait bien meilleure.
Bien entendu, ce rapprochement entre Samsung et Google n’exclut pas les autres fabricants, qui pourront profiter de cette plate-forme. Il sera intéressant de voir le pourcentage de Tizen restant dans ce nouveau projet, WearOS n’étant pas toujours au top…
Google met aussi en avant une nouvelle « expérience utilisateur ». Cela passe notamment par de nouvelles Tiles pour personnaliser sa montre connectée. Ou par la navigation au tour par tour sur sa montre quand on a laissé son smartphone à la maison.
Évidemment Fitbit se devait d’avoir sa place au soleil pendant cette Google I/O, puisque Google a reçu le feu vert pour finaliser son rachat. Fitbit produira donc de nouvelles montres qui utiliseront Wear, afin de vous permettre de faire du sport et de suivre votre état de santé.
Des photos plus inclusives
Google veut aussi créer des applis photo qui respectent la diversité ethnique, afin que les personnes noires de peau, par exemple, ne soient « mal traitées » par ses algorithmes. Les algorithmes sont donc modifiés, notamment au moment de la balance des blancs ou de la désaturation des tons. Même chose pour les outils de détourage automatique… Ces nouveautés photographiques arriveront dans les Google Pixel, à l’automne.
Comment les IA améliorent notre santé…
Google travaille également à faire en sorte que ses recherches dans l’analyse des images profitent à la cause médicale, notamment à la recherche contre le cancer du sein. Comment ? En aidant les radiologues à traiter plus rapidement les mammographies, en identifiant certaines patientes dont les radios montrent des indices inquiétants. Il sera ainsi possible de réaliser des radios complémentaires et d’initier un traitement plus rapidement.
Mais Google lutte aussi contre la tuberculose grâce à l’analyse de radio des poumons. Même chose pour les problèmes de peau. Google a développé une application, qui fonctionne depuis un smartphone ou un ordinateur. Prenez plusieurs photos de vos problèmes de peau sous différents angles et l’appli vous donnera des informations complémentaires.
L’outil permettra d’identifier 288 maladies de peau, sera accessible depuis un navigateur également et devrait être disponible dans l’Union européenne d’ici à la fin de l’année.
Project Starline : la prochaine étape de la visioconférence
Sundar Pichai a également tenu à ajouter que l’IA est également utile dans deux autres domaines.
Le premier domaine est la communication par visioconférence, avec le Project Starline. Un ensemble logiciel et matériel qui semble permettre de créer une image animée en 3D en temps réel d’un utilisateur pour l’envoyer ensuite à son interlocuteur qui le verra alors presque comme s’il était présent.
Le second domaine est l’écologie. Google envisage de fonctionner sur de l’énergie verte d’ici à 2030, 24h sur 24, 7 jours sur 7. Pour cela, Google a créé une plate-forme intelligente pour gérer la puissance de calcul nécessaire à son fonctionnement à travers le monde, et région par région.
Par ailleurs, l’entreprise développe un projet géothermique de nouvelle génération pour produire de l’énergie verte. Son nouveau quartier général intégrera par ailleurs dans son toit des milliers de panneaux solaires ajustés afin d’optimiser la production d’énergie au cours de la journée.
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