La micro-informatique pourrait bientôt faire fureur… dans le prêt-à-porter ! C’est en tout cas ce que pronostiquent les membres de i-Wear, un tout nouveau consortium industriel coordonné par le laboratoire de recherche Starlab, basé à Bruxelles. Leur objectif : concevoir des vêtements dits intelligents, bardés de puces et truffés de composants électroniques. Le Cnet (centre de recherche et développement de France Télécom) participe à ce consortium aux côtés d’Adidas, de Levi Strauss, de Courrèges et de bien d’autres industriels.
A Grenoble, l’équipe du Cnet prépare pour cet été un prototype de blouson intégrant l’ensemble des fonctions d’un téléphone mobile, éventuellement associées à un système de localisation par satellite (GPS). Farfelu ? “Pas du tout, assure Roland Airiau, responsable de l’entité Objets communicants au Cnet de Grenoble. La miniaturisation des composants permettra bientôt de concentrer la partie intelligente d’un téléphone mobile sur une surface équivalente à celle d’un ongle, en bénéficiant de coûts de plus en plus réduits. Bientôt, les puces ne reviendront pas plus cher qu’un bouton de manchette.”
Des motifs de robes téléchargés
La difficulté réside surtout dans l’intégration de ces technologies dans les vêtements (que faire du clavier du téléphone ?) et leur compatibilité avec un usage quotidien – attention au lavage en machine ! Une fois ces problèmes réglés, on peut tout imaginer. “Nous envisageons aussi de produire, avec l’aide d’Adidas, un survêtement qui enregistrerait les performances d’un sportif : la distance parcourue, le temps réalisé. Cela fait même partie de notre mission d’inventer des services innovants capables de donner une valeur ajoutée au vêtement “, poursuit André Weil, chef de projet au Cnet. En s’appuyant sur son atelier de créativité interne, baptisé Créanet, le Cnet imagine en effet de pouvoir télécharger à la demande des motifs sur les vêtements en puisant dans une banque de données sur Internet. Pour le prix d’une robe, on pourrait ainsi en posséder des dizaines. Même les chercheurs ont le droit de rêver ! On semble pourtant aujourd’hui avoir dépassé le simple effet d’annonce. Les entreprises du consortium i-Wear ne sont pas les premières à se pencher sur le marché des cyberfringues. En France, le couturier Olivier Lapidus travaille depuis longtemps sur ces vêtements intelligents (voir encadré) et, à l’étranger, divers projets devraient se concrétiser avant la fin de l’année. En Angleterre, la LifeShirt (littéralement : chemise de survie) devrait être commercialisée en septembre prochain. Ce vêtement en coton et lycra a été conçu pour surveiller en permanence la santé de la personne qui le porte. Des capteurs disséminés dans le tissu se concentrent sur différentes parties du corps pour évaluer des fonctions vitales comme la tension artérielle ou le rythme cardiaque. Ces informations sont véhiculées jusqu’à un petit ordinateur de poche, attaché à la ceinture. Lorsque le seuil d’alerte est dépassé, les données sont émises à distance au médecin ou à l’hôpital le plus proche, qui peut intervenir. Le prix de cette chemise branchée devrait tourner autour de 1 600 francs… Mais il faudrait ajouter le coût de la surveillance, évalué à près de 200 francs par jour.
Du côté d’i-Wear, on concède que ce genre de débouchés a de grandes chances de succès. “Les applications dans le domaine de la santé sont d’une réelle utilité. Plusieurs fonctionnent déjà sous une forme ou sous une autre, explique Roland Airiau. Il existe des moyens efficaces de mettre en place des capteurs peu invasifs sur le corps d’un convalescent pour surveiller son état de santé. La montre GlucoWatch, par exemple, est capable de surveiller le taux de sucre dans le sang chez les diabétiques. Il n’est pas exclu qu’i-Wear vienne greffer des fonctions de surveillance médicale sur son survêtement intelligent, ne serait-ce que pour mesurer automatiquement le rythme cardiaque d’un athlète pendant l’effort.” Autre thème porteur : la sécurité, notamment celle des aventuriers. Une société finlandaise vient ainsi de mettre au point une combinaison de motoneige intelligente.
Des vêtements qui sauvent la vie !
Composée d’une parka, d’un pantalon et de sous-vêtements, elle comporte une dizaine de capteurs reliés à un petit thermostat. Deux systèmes de régulation thermique y ont été intégrés : le secret du premier réside dans des micro-capsules capables d’absorber la chaleur en se liquéfiant ou, à l’inverse, d’en produire en se solidifiant. Si la température du corps baisse brusquement, la combinaison peut transférer de la chaleur aux zones les plus froides grâce à un second système. Celui-ci se charge de propager la chaleur grâce à des fibres conductrices, qui diffusent l’électricité d’une pile de 50 grammes enfouie dans la combinaison et disposant d’une autonomie de 24 à 48 heures. Des capteurs surveillent certaines fonctions vitales. En cas de malaise, un émetteur envoie un message de détresse afin de localiser la personne, grâce à un système GPS, et d’envoyer les secours.
Cette combinaison pourrait être commercialisée à partir de novembre prochain. Selon le nombre de fonctions intégrées, son coût variera de 847 euros à 8 470 euros (56 000 francs) ! Heureusement, à ce prix-là, elle sera lavable en machine
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