Un juteux trafic de codes, permettant de faire sauter le verrou de sécurité qui bloque l’usage d’un mobile sur le réseau d’un seul opérateur, vient de tomber. Ce sont les gendarmes de la section de recherche de Marseille qui ont mené l’enquête pendant plusieurs mois, à la suite d’une plainte de SFR.
Ils ont procédé ce week-end au démantèlement d’un réseau qui avait aussi des ramifications chez Orange et Bouygues Telecom. Ces deux derniers opérateurs viennent de se porter partie civile pour vol en bande organisée et atteinte aux systèmes de traitement automatisé des données. Au total, neuf personnes ont été interpellées.
Pour alimenter leur négoce de codes de désimlockage, les trafiquants n’exploitaient pas une faille technique, mais humaine. Ils avaient réussi à se créer des complicités au sein des opérateurs. Parfois, il s’agissait de personnes en interne, comme des cadres supérieurs, qui par leur fonction ont accès aux bases de données des codes de déverrouillage. Dans d’autres cas, comme Orange le reconnaît, les fuites venaient d’un sous-traitant en charge des relations clientèle. « Pour qu’ils puissent donner à nos clients qui le souhaitent le code de leur mobile, nous leurs ouvrons un accès à notre base de données », explique l’opérateur.
Opérateurs et consommateurs victimes de cette fraude
Le trafic a duré une dizaine d’années et le montant de la fraude s’élève à plusieurs millions d’euros. L’un des opérateurs a estimé que par ces fuites, son personnel indélicat gagnait jusqu’à 45 000 euros par mois. Chaque code était acheté 3 euros. Ces données étaient ensuite revendues 30 euros, sur des sites Internet.
Leurs clients pouvaient être des particuliers. Pour ceux qui possédaient un mobile de moins de six mois, c’était un moyen rapide et pas cher de ne plus être bloqué sur le réseau de l’opérateur à qui ils avaient acheté le mobile et d’utiliser n’importe quelle carte SIM. Car cette prestation est facturée entre 60 et 100 euros, selon le modèle de téléphone et l’opérateur.
Ces sites vendaient aussi leur « marchandise » aux personnes ayant un mobile depuis plus de six mois. Sans les informer que cette opération est gratuite dans leur situation et qu’elle se fait sur simple demande auprès du service clients. L’arnaque était donc à double niveau !
Ce désimlockage illégal intéressait aussi de petits arnaqueurs qui souscrivent des abonnements sous de fausses identités pour se procurer un mobile dernier cri à bon prix avant de le revendre. Et naturellement, ces codes étaient aussi utilisés par les trafiquants de plus grande envergure qui se procurent des mobiles par centaine, en les dérobant dans les entrepôts ou ailleurs.
La gendarmerie poursuit son enquête, notamment hors des frontières, où le réseau aurait des ramifications.
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