Le 15 août dernier, Dell rappelait
pas moins de 4,1 millions de batteries de portables dans ses usines. Le 24 du même mois, c’est au tour d’Apple de récupérer 1,8 million de batteries sujettes à
des défaillances. La raison ? Ces batteries étaient dangereuses : un défaut de fabrication les rendait susceptibles de prendre feu.A leur décharge, Dell et Apple ne sont pas totalement responsables. Certes, ce sont eux qui échangent, à leurs frais, les modèles défectueux. Mais ils vont ensuite demander des comptes au sous-traitant qui leur fabrique les pièces à
problème, Sony en l’occurrence.La situation n’est pas nouvelle. Cela fait des années que des constructeurs rappellent des batteries dans leurs ateliers. Mais en quantités suffisamment négligeables pour que le rappel passe inaperçu, d’autant que peu de
consommateurs en sont informés : comment savoir que l’on doit faire échanger sa batterie si l’on ne retourne pas le coupon de garantie ou si l’on ne consulte pas régulièrement un média spécialisé ? Sur ce point,
c’est à vous de prendre vos précautions : pour être automatiquement averti, renvoyez votre coupon ou inscrivez-vous en ligne sur le site Internet du constructeur !
Un comportement explosif
On note depuis quelques mois une augmentation des retours. La raison est simple : la démocratisation des batteries au lithium-ion (ou Li-ion). Petit à petit, de par ses multiples qualités, cette technologie d’alimentation a
remplacé les anciennes NiCd et NiMH. On la retrouve partout, principalement dans les ordinateurs portables, les téléphones mobiles, les baladeurs MP3, les GPS, etc.Avantageux, le Li-ion n’en est pas moins sensible et délicat à mettre en ?”uvre. Une batterie au lithium maltraitée manifeste son mécontentement de manière plus expressive que nos vieilles piles et batteries qui se contentaient
de sécher ou de couler. Elle peut aller jusqu’à s’enflammer ou exploser !Ces phénomènes sont rares, voire exceptionnels. Antoine Brénier, responsable du développement de l’entreprise chez Saft, leader mondial des accus Li-ion industriels explique que les fabricants de batteries utilisent plusieurs
systèmes de protection pour prévenir les accidents. Pour mieux les comprendre, il convient d’analyser sommairement l’anatomie des batteries Li-ion. Comme toutes les batteries (NiCd, NiMH, plomb), elles sont constituées de plusieurs
éléments électriques, qui sont autant de ‘ mini-batteries ‘ fonctionnant de concert.Ici, chaque élément est caractérisé par une tension de 3,6 volts. Une batterie Li-ion de 10,8 volts est donc constituée de trois éléments. Une partie des dispositifs de sécurité de la batterie est intégrée directement dans
l’élément : le fusible PTC. Il contient des détecteurs de pression et de température qui désactivent l’élément en cas d’élévation anormale de l’un des deux facteurs. Sur certaines batteries, ce fusible se
réinitialise quand l’alimentation est coupée et que la température et la pression retombent à des niveaux acceptables.
Les systèmes de sécurité
Par souci de sécurité, des constructeurs préfèrent placer un fusible destructible qui rend l’élément inutilisable après surchauffe ou surpression. Outre ces éléments, la batterie intègre aussi de l’électronique prenant en
charge d’autres systèmes de sécurité.On y trouve un détecteur de tension maximale qui coupe la charge avant qu’elle n’atteigne une tension supérieure à 4,1 volts ?” franchir ce palier la détruirait, avec un risque d’inflammation. A
l’inverse, un autre capteur coupe la batterie avant qu’elle ne se décharge sous les 3 volts. Ce plancher descend parfois à 2,5 volts, limite minimale avant que la batterie ne rende l’âme et devienne
inutilisable… sans autre risque. Ces deux sécurités sont réinitialisées après la mise hors tension.A celles-ci, les constructeurs ajoutent généralement une détection des courts-circuits et parfois un fusible thermique redondant à celui des éléments. Sans ces protections, la surcharge, l’échauffement, ou le court-circuit
d’une batterie au lithium-ion provoqueraient la formation de gaz organiques qui s’enflamment violemment sous l’effet de la chaleur. Mais il faut croire que les systèmes de sécurité sont très efficaces ; rares sont les accus
qui en arrivent à de telles extrémités.
Vers la définition d’un standard ?
Les retours chez Dell et Apple ne remettent d’ailleurs pas en cause ces systèmes, puisqu’il s’agit dans ce cas d’un défaut de fabrication qui a fait entrer des résidus métalliques dans la structure des
éléments. Ce cas, impliquant une défaillance interne dès la conception, n’entre donc pas dans le périmètre de contrôle des sécurités.Espérons que la récente nomination d’un Monsieur Sécurité chez Sony, le 1er septembre dernier, ne sera pas qu’un effet d’annonce et améliorera réellement la qualité d’une technologie
sensible, mais bel et bien prometteuse. De leur côté, les constructeurs (dont Dell, HP, Apple, IBM, Lenovo Nokia) se sont rassemblés pour tenter de définir un standard fiable qui mettra un terme aux incidents et aux rappels de batteries
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