Ce mois-ci est paru aux éditions Pix’n Love une bible pour tout geek bercé par les technologies des années 1980 et 1990, la biographie longtemps restée inédite en France de Gunpei Yokoi. Méconnu en dehors du Japon, celui qui se définissait comme un « inventeur du dimanche » a en effet été à l’origine de quelques-uns des plus grands succès de l’histoire du jeu vidéo, comme les jeux Donkey Kong, Mario Bros et Duck Hunt, la GameBoy, le pistolet laser de la NES et la série de jeux électroniques qui a inspiré sa forme à la Nintendo DS, les Game & Watch.
Il est également considéré comme l’inventeur du plus célèbre accessoire en guise de manettes : la… croix multidirectionnelle ! Celle-ci est née en 1982, quand son équipe cherchait à adapter le jeu d’arcade Donkey Kong au format portable. Problème : comment faire entrer le joystick dans un double écran rabattable ? Yokoi réfléchit à un ustensile plus discret. Après avoir renoncé à sa première idée, embarrassante (« elle ressemblait à un mamelon muni de son téton », sic !), un meilleur concept lui vient : une croix.
La maîtrise au bout du doigt
Une croix conviendra mieux, juge-t-il, que quatre boutons directionnels, comme le propose aujourd’hui la PlayStation 3. Tout simplement pour une raison pratique : l’inventeur estime que le joueur, concentré sur l’écran, ne pourra pas savoir, juste au toucher, s’il appuie sur la bonne direction. « La particularité de ma croix, explique-t-il à la page 107, est qu’en appuyant sur la direction “haut”, l’effet de levier fait remonter la partie inférieure de l’ensemble. » Un vrai guide pour le pouce !
Gunpei Yokoi, qui a tragiquement disparu dans un accident de la route en 1997, n’a jamais connu l’iPhone. Mais son invention continue de tenir la dragée haute au système d’Apple, certes idéal pour de nombreux usages, mais contraignant sur certains jeux comme GTA et Street Fighter. Réduits à une croix tactile virtuelle, de nombreux titres iPhone ne peuvent restituer le confort et la sensation de maîtrise, véritablement tactile, de la croix directionnelle. Car avec celle-ci, notait déjà Gunpei Yokoi de son vivant, « et c’est cela qui fait toute la différence, on ressent clairement et physiquement les directions du bout du doigt ».
Ironie du sort, Nintendo a regoûté aux joies d’un succès planétaire avec un appareil mobile à écran tactile, la Nintendo DS. Mais comme les Game & Watch, la GameBoy, la NES, la Super Nintendo, la Nintendo 64 et le GameCube avant elle, ou la Wii après elle, elle est également équipée, pour plus de polyvalence, d’une… croix directionnelle.
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