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Cambridge Analytica : nouveaux rebondissements dans l’affaire qui ébranle Facebook

Alors que Mark Zuckerberg se prépare à être entendu par le Congrès et que le réseau social fait le ménage dans ses partenaires, on apprend que le nombre de victimes concerné par la fuite de données pourrait dépasser les 87 millions.

Facebook semble s’engluer dans une crise sans précédent. Il y a trois semaines, on apprenait que le réseau social avait laissé fuiter les données personnelles de dizaines de millions d’utilisateurs. Des informations exploitées par la société Cambridge Analytica, notamment au profit de Trump durant les dernières élections américaines. Depuis, les rebondissements s’accumulent. Voici les derniers en date.

  • Les données pourraient être conservées en Russie

Le lanceur d’alerte canadien Christopher Wylie, à l’origine de la révélation de cette gigantesque fuite de données, était interviewé ce dimanche sur NBC. Il a déclaré que, contrairement à ce qu’affirme Facebook, le nombre de victimes pourrait être supérieur à 87 millions. Par ailleurs, leurs informations personnelles ont pu circuler partout dans le monde, et notamment en Russie. “Il y a un risque réel que de nombreuses personnes aient accès à ces données”, a détaillé Wylie. “Elles pourraient être stockées dans différentes endroits dans le monde, y compris en Russie, étant donné que le professeur qui gérait le processus de collecte de données faisait des aller-retours entre le Royaume-Uni et la Russie.” Le professeur en question, c’est Aleksandr Kogan. Il avait utilisé une développé une application de quiz dont il avait partagé les résultats avec la société Cambdrige Analytica.

  • Mark Zuckerberg s’entraîne avant son audition

Après avoir multiplié les déclarations dans les médias, Mark Zuckerberg s’apprête maintenant à affronter les parlementaires américains. Selon Reuters, il va rencontrer aujourd’hui quelques-uns d’entre eux, un jour avant sa comparution devant le Congrès. Il doit ensuite témoigner devant les commissions du commerce et de la magistrature du Sénat mardi, ainsi que devant le comité de l’énergie et du commerce de la Chambre des représentants mercredi.

Le New-York Times nous apprend que Facebook a engagé une équipe d’experts dont un ancien assistant spécial du président George W. Bush. Il s’agit de Reginald J. Brown, qui dirige aujourd’hui le cabinet d’avocats WilmerHale. Des consultants externes ont également été embauchés pour encadrer Zuckerberg. Enfin, des simulations sont organisées durant lesquelles l’équipe de communication joue le rôle des parlementaires. L’objectif pour Zuckerberg, selon des sources en interne, serait de faire acte de contrition et de livrer des réponses nettes et claires.

  • Des tensions internes

La semaine dernière un mémo interne écrit en 2016 et semblant vouloir sacrifier toute éthique au profit de la croissance du réseau social, a été dévoilé sur le site de BuzzFeed. De quoi ébranler les collaborateurs de Facebook qui craignent depuis de nouvelles fuites. Toujours selon le New-York Times, des ingénieurs ont depuis demandé à être transférés dans d’autres entités du groupe, comme Instagram ou WhatsApp. Certains n’ont pas hésité à démissionner… A l’image de Westin Lohne, designer, qui a déclaré sur Twitter qu’il était “moralement extrêmement difficile de continuer à travailler là-bas”.

https://twitter.com/westinlohne/status/981731786337251328

  • Facebook fait le ménage dans les sociétés d’analyse de données

D’autres sociétés étaient-elles en lien avec Cambridge Analytica et ont-elles profité de données personnelles ? C’est ce que prétend en tous cas Christopher Wylie, affirmant que la firme canadienne AggregateIQ a été créée par ses soins alors qu’il travaillait encore pour Cambridge Analytica, et qu’elle est restée affiliée à cette dernière. Facebook a donc décidé de suspendre AggregateIQ qui fait, par ailleurs, l’objet d’une enquête fédérale au Canada. “Nous les avons ajoutés à la liste des entités que nous avons suspendues de notre plateforme le temps de l’enquête”, a confié sobrement un porte-parole Facebook au site National Observer.

Par ailleurs, comme nous vous l’avions déjà expliqué, les pratiques de Cambridge Analytica n’étaient pas isolées et Facebook a longtemps été le piège parfait pour aspirer vos données personnelles. Entre 2007 et 2014, de nombreuses applications ludiques ont été créées spécifiquement pour appâter les utilisateurs et récupérer leurs données à leur insu. Facebook doit donc impérativement faire le tri dans les sociétés tierces partenaires autorisées à se greffer sur sa plate-forme. Selon CNBC, elle vient ainsi d’annoncer avoir banni une autre société d’analyse de données : CubeYou, qui a procédé exactement de la même façon que Cambridge Analytica avec des  soi-disant quiz à but non lucratif et au service de la recherche. Cela pose aussi la question de l’implication des chercheurs qui ont développé ces outils et de l’Université de Cambridge qui est citée dans les deux affaires. Ces esprits scientifiques étaient-ils conscients de ce qu’ils faisaient ? Aleksandr Kogan prétend, en tous cas, avoir été abusé.

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Amélie Charnay