L’exercice est particulier. Interviewer un Anonyme, qui n’est pas un Anonymous, mais revendique la capitale, autant par adhésion aux actions des Anonymous dans le cadre de l’affaire Megaupload que par croyance dans un Internet libre et gratuit. Contacté par Twitter, nous avons échangé quelques e-mails avec les personnes, elles sont a priori trois, qui ont lancé le projet Anonyupload, hommage aux Anonymous (selon elles ou par opportunisme selon d’autres) et à Megaupload.
Evidemment, si nous avons la quasi certitude de nous être bien adressé aux instigateurs de ce service, cela ne lève pas complètement les doutes planant sur les intentions de ces internautes, tels qu’ils se définissent, quand on leur demande leur nationalité et quelques précisions supplémentaires. Autrement dit, si leur discours semble bel et bien porté par une vision idéologique et non pas commerciale, rien ne garantit qu’il ne s’agisse pas d’un scam.
Nous leur avons posé des questions, leurs réponses dessinent une sorte de profession de foi, pleine de certitudes et quasi ingénue, mais pas déplaisante. Imposteur ou émanation d’un Internet libéré et citoyen, difficile à dire, même si nous croisons les doigts en espérant que c’est bien la seconde option la bonne. Jugez plutôt.
01net : existe-t-il un rapport entre vous et les Anonymous ?
Anonyupload : nous soutenons leurs actions par rapport à Megaupload, mais nous ne comprenons pas pourquoi, quand un service reprend le mot « Anonymat » ils crient au fake. Nous soutenons le groupe Anonymous, mais il est étrange que lorsque des personnes « dirigeantes » (bien qu’ils disent ne pas en avoir) de ce groupe crient au scam sans preuve, tout le monde les suit, sans même faire sa propre opinion. Nous pensions que c’était cela, être Anonymous, avoir un regard critique, toujours, même avec les siens.
Ce n’est pas parce qu’un service veut garantir l’anonymat, que ses créateurs sont des membres d’Anonymous. C’est simple, depuis la fermeture de Megaupload, les autres hébergeurs de fichiers ferment ou suppriment leurs fichiers tour à tour. Nous voulons permettre aux internautes du monde entier de pouvoir stocker des fichiers sur des espaces privés, qui leur appartiendront.
Que répondez-vous à ceux qui vous disent que vous surfez sur la vague Anonymous pour lancer un service, voire vous faire de l’argent ?
Nous leur répondons d’essayer d’ouvrir un tel service, sans argent. C’est impossible. Ils n’imaginent pas le coût de la bande passante, le coût des serveurs. Nous ne surfons pas sur la vague des Anonymous, nous surfons sur la vague de l’anonymat et du droit d’auteur.
Et nous faire de l’argent ? Nous avons payé de notre poche les serveurs de test pour ce soir, car notre compte Paypal a été bloqué [ce qui est a priori une procédure normale le temps qu’une vérification soit faite, NDLR]. Pour prouver notre bonne foi, nous avons déboursé l’argent nécessaire à l’utilisation de deux serveurs pour plus de 10 To d’espace disque.
Vous critiquez sur votre site l’appât du gain du fondateur de Megaupload. Anonyupload sera donc financé exclusivement par des donations ? Autrement dit sans publicité ni rémunération pour les plus gros uploadeurs ?
Nous n’aimons pas la publicité, ni l’incitation [au téléchargement illégal, NDLR], ni le fait d’accéder à du contenu payant. « Je suis un internaute, je suis libre et j’ai accès à tout gratuitement », tel est notre devise. Anonyupload sera 100 % financé par les dons.
Pouvez-vous déjà nous éclairer sur les limitations techniques : taille maximale des fichiers, durée de conservation en ligne des fichiers, etc. ?
Oui, pour les premiers tests, la taille maximale des fichiers sera de 200 ou 400 Mo (pour accueillir un grand nombre de personnes afin qu’elles puissent voir que nous ne mentons pas). Par la suite, c’est le rêve de « l’illimité » qui nous tient à cœur. Ensuite, si un compte a plus de 20 jours d’inactivité, il sera supprimé ainsi que ses fichiers après un avertissement par courriel.
Nous ne voulons pas remplacer Megaupload. Mais dans une démocratie, la pluralité est essentielle, non ? Plus il y a de choix pour l’internaute, mieux ce sera !
Quelle garantie apportez-vous à l’anonymat ?
C’est simple, nous proposons à chacun, un compte FTPs (avec certificat de sécurité/cryptage) privé. C’est comme si vous alliez sur votre bureau à distance, cela vous appartient. Les possesseurs de chaque compte seront responsables des fichiers présents dans leur espace. Nous n’incitons pas à la mise en ligne de contenus illégaux et nous surveillerons de très près tout contenu pédophile/pornographique, cela ne fait pas partie de l’Internet que nous défendons.
Quelle est votre position par rapport au « piratage », au respect des droits d’auteur ?
Nous n’encouragerons jamais [le partage illégal, NDLR] ! Il faut bien définir ce qu’est un fichier illégal. Si vous possédez un film et que vous le stockez sur un espace privé pour vous, pas de souci. En revanche, si des milliers de personnes le téléchargent, là, on est face à un gros souci !
Nous sommes pour le progrès, pas pour l’illégalité. Il faut faire avancer les mentalités et cela commence par l’éducation. Google nous a éduqué à un service gratuit, par exemple, mais il fait payer en coulisses les entreprises. Nous aimerions, nous ou d’autres personnes, trouver un accord pour que les utilisateurs puissent, sur Internet, accéder gratuitement et légalement à un grand nombre de contenus, de films, de reportages, de musiques…
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